Une histoire des loups · Emily Fridlund

Par Marie-Claude Rioux
J’ai lu Une histoire des loups à reculons, sur une prescription littéraire d’Electra, qui m’a assurée queMadeline/Mattie/Linda, l’ado dont il est questions dans le roman, avait tout pour me plaire.Madeline vit avec ses parents dans une cabane isolée au bord d’un lac,dans le nord du Minnesota. Ses parents et elle sont les trois membres restants d’une communauté hippie. Au lycée, M. Grierson, le prof d’histoire de Madeline, lui demande de participer à un concours. Elle choisit de faire une présentation sur les loups, ce qui lui permet de remporter un prix pour l’originalité de son exposé. Quand elle n’est pas au lycée, Madeline passe son temps à éviscérer les poissons pêchés par son père et à promener ses chiens.

Débarque de nouveaux voisins sur la rive opposé du lac. Patra, Léo et leur jeune fils Paul. Léo passe beaucoup de temps loin de la maison pour le travail. Madeline se rapproche par curiosité de la mère et de l’enfant. Elle accepte d’être la baby-sitter de Paul et abandonne son travail de serveuse. Paul est malade. Paul va mourir. Madeline aurait-elle pu faire quelque chose? A-t-elle vu certaines choses? 

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Les cinquante premières pages auguraient plutôt bien. Puis, ça a commencé à se dérégler et à partir en vrille. Pour moi, la mayonnaise a commencé à tourner avec la temporalité décousue. Ça saute du coq à l’âne sans crier gare. L’intrigue en devient mollassonne et sans épaisseur. La structure de l’oeuvre aurait gagné à être mieux huilée pour en rendre le déroulement plus limpide.Je suis fanatique des récits non linéaires, mais encore faut-il que ça se tienne. Entre la Linda trentenaire qui regarde son passé et la Linda adolescente, le manque de cohérence frappe.L’intrigue parallèle qui implique M. Grierson, le prof pédophile de l’école, et sa relation ambiguë avec Lily, une lycéenne, n’apporte rien à l’intrigue, sinon de donner l’impression de tomber dans l’anecdotique.La relation de Madeline avec ses parents, avec son prof et avec Lily, manquent de consistance. Les questions autour de la culpabilité, du déni et de l’aveuglement volontaire auraient eu avantage à être plus développées. Celles autour de la science, de la religion et des milieux sectaires sont traitées en surface. Emily Fridlund survole son sujet, quand elle ne tourne pas autour du pot. Elle distille des indices, mais ne donne pas suffisamment de pistes pour les résoudre.J’ai l’impression d’avoir été menée en bateau et de m’être faite abandonner en plein milieu du lac. Comme je ne sais pas nager, jai séché dans le bateau.

Les personnages mont semblé creux, manquant de relief. Ils se laissent tous porter par la vague, sans véritable emprise sur leur vie.Madeline demeure un personnage fort intéressant par sa singularité. Enfin du positif! En fait, c’est elle qui m’a retenue.

Encore une histoire d’ado publiée chez Galllmeister qui me laisse sur ma faim. La dernière en date? My absolute darling de Gabriel Tallent. Là, j’ai besoin d’un p’tit break!

Une histoire des loups,

Emily Fridlund, trad. Juliane Nivelt, Gallmeister, 304 pages, 2017.

J’ai lu ce roman dans le cadre de mon challenge 50 États en 50 romans (État du Minnesota).