Piège conjugal, de Michelle Richmond

Par Kloliane

Les joies du mariage…

Moi (devant un film romantique): « Et jusqu’à ce que la mort vous sépare »… Hum… Tu imagines le poids de ses mots, à l’époque où la notion du divorce n’était même pas envisagé. De plus, une grande partie des mariages étaient arrangés. Devoir te coltiner un conjoint/conjointe pour lequel le seul sentiment que tu ressens est du mépris… Super le quotidien !
Chéri (riant): C’est peut-être pour cela que le marché du poison était très prolifique à l’époque.
Moi (riant à mon tour): C’est pas faux.

AUTEUR: Michelle Richmond
TITRE: Piège conjugal
ÉDITEUR, ANNÉE: Presses de la Cité, 2018
NOMBRE DE PAGES: 480 pages

Dieu merci, tous les mariages ne sont pas voués à devenir un enfer ! Il y’a quelques mois, j’avais eu l’occasion de lire un roman où un couple s’était créé une liste de règles pour le bien de leur foyer. Bien que certaines semblaient logiques, d’autres prenaient source dans leur passif et avaient tendance à peser sur leur relation. Mais c’était leurs choix et ils ont su comprendre de leurs erreurs et dépasser cela. Mais qu’arriverait-il si ces règles étaient imposées par une tierce personne, voire même un groupe ?
Voici « Piège conjugal » de Michelle Richmond.

Résumé:

« Seriez-vous prêt à tout pour que seule la mort vous sépare ?

Alice, ancienne rockeuse reconvertie en avocate, et Jake, psychologue, s’aiment, l’avenir leur appartient. Pour leur mariage, un riche client d’Alice leur offre un présent singulier : l’adhésion au  » Pacte « . Le rôle de ce club très select ? Garantir à ses membres un mariage heureux et pérenne, moyennant quelques règles de conduite : décrocher systématiquement quand le conjoint appelle, s’offrir un cadeau tous les mois, prévoir une escapade trois fois par an… mais surtout, ne parler du Pacte à personne. Alice et Jake sont d’abord séduits par l’éthique, les cocktails glamour et la camaraderie que fait régner le Pacte sur leur vie… Jusqu’au jour où l’un d’eux contrevient au règlement. Le rêve vire au cauchemar. Mais, l’adhésion au Pacte, c’est comme le mariage : pour le meilleur… et pour le pire. « 

Tout semblait se dérouler sous les meilleurs auspices. Jake et Alice, après quelques années de vie commune, ont décidé de se marier. Le début du roman est tendre, plein d’espérance et de rêves. Puis arrive un élément perturbateur, qui s’illustre sous les traits d’un riche client de la jeune femme, Finnegan. Il leur offre comme cadeau de mariage, une boîte avec pour seule inscription, « Le Pacte ». A l’instar de Pandore, l’ouverture de cet objet va chambouler leurs vies…

Je vous avoue que le résumé m’avait pas mal attirer et, comme Jake et Alice, j’étais assez curieuse de voir quel point « Le  Pacte » pouvait s’immiscer dans la vie de ce couple. Le roman entre les mains, j’espérais trouver un thriller psychologique, avec des personnages profonds et ambigus, et qui saurait même me pousser à faire quelques réflexions… Est-ce que ce fut le cas ? Oh que oui !

Premier point à noter, c’est que le roman est narré par un seul personnage, Jake. On aurait pu s’attendre à une alternance de la narration entre sa compagne et lui, mais l’autrice en a décidé autrement. Et ce choix est très pertinent. Tout en découvrant la source des raisons qui ont poussé Jake à demander Alice en mariage et l’évolution du regard qu’il pose sur sa femme au fil des événements, il y’ a aussi toutes les sources d’information qu’il a recueillie sur l’institution matrimoniale en tant que psychologue pour les couples en crise. Tout cela ponctue le récit alors que son propre mariage se comprime sous les règles du Pacte. La critique sur tous ses « conseils » ou « règles » à suivre pour avoir une union heureuse est très palpable et pas dénuée d’intérêt.

Bien que Jake soit le narrateur, le personnage d’Alice n’est pas pourtant à l’écart, au contraire. On la découvre, sous son regard:
– l’ancienne rockeuse qui aime s’isoler par moment pour jouer de la musique, mais qui est aussi un véritable bourreau de travail en tant qu’avocate, un peu bordélique, un peu impulsive… Bref ! On ne peut absolument pas dénier que Jake est terriblement amoureux de sa femme. Mais qu’en est-il d’Alice envers lui ?

Puis il y’a l’énigmatique « Pacte ». Ce club, très secret et ayant beaucoup de liens avec les hautes sphères, a pour but d’aider ses membres à avoir un mariage heureux et durable et qui, au moindre écart, applique une sentence au fautif. Plus troublant encore, en y adhérant, il est impossible de quitter le « Pacte ». Pourtant, Jake et Alice se laissent séduire… C’est le premier pas dans un engrenage. Et quel engrenage ! Au fil des pages, le quotidien du couple va peu à peu être comprimé par les directives du club qui a vraiment tout l’air d’une secte. Omniprésent dans leur travail ou leur foyer, sachant  leurs moindres gestes et, telle une épée de Damoclès, prête à tomber sur eux à la moindre faute, le récit va peu à peu devenir oppressant, voire malaisant.

Pourquoi Jake et Alice ne se rebelle t-il  dès le début? Pourquoi n’ont-ils pas chercher une échappatoire dès la première sentence ?
Je me suis vraiment posée ses questions et une de mes réflexions m’a parue pertinente:
– On peut penser qu’il y’avait le désir d’apporter un certain piquant dans leur union pour qu’elle ne soit pas engluée dans le train-train quotidien. Il y’a aussi peut-être le désir de voir jusqu’où est capable d’aller son/sa partenaire par amour…
En parallèle de cela, il y’avait moi, en tant que lectrice. Bien que je me sentais assez mal à l’aise face à la situation qui dérape, je voulais voir ce qu’il allait arriver à ce couple, à quel moment ils vont vouloir tout stopper… Mais surtout, je voulais voir le véritable visage de ce club secret et jusqu’où allait leurs sentences pour les conjoints/conjointes coupables.
Telle Pandore, on s’est laissé guidé par notre curiosité…

Conclusion:

« Piège conjugal » m’a happé du début à la fin.

Très bon thriller psychologie et maniant la tension avec finesse, l’autrice nous embarque dans un récit haletant qu’on a difficilement du mal à lâcher.

Et bien que la fin concernant l’intrigue elle-même, je l’aurais préféré beaucoup plus intense, j’ai vraiment aimé tout la symbolique qui entoure la dernière scène entre  Jake et Alice.

Je voulais un roman qui me perturbe, avec des personnages ambigus, qui me pousse à la réflexion et m’offre une intrigue inattendue… Et je l’ai eu.

Sachant qu’il sera adapté prochainement au cinéma, j’espère qu’ils sauront garder l’atmosphère malaisante de ce roman et trouver de bons acteurs pour incarner Jake et Alice, personnages que je n’oubliera pas de sitôt.

( Image à la une de Creativekismet )

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