Pourquoi ce livre ? Ayant terminé la précédente lecture au boulot et ne sachant pas quoi lire, c’est une collègue stagiaire qui a subi la lourdes responsabilité de choisir ma prochaine lecture. Hésitante, elle a pris le premier venu sur lequel ses yeux se sont posés, Bohème.
J’étais enchantée d’attaquer enfin cet auteur de renom en Fantasy française. Lorsque je travaillais en librairie, mes collègues du rayon adéquat m’avaient vanté ses mérites en me disant qu’il fallait absolument avoir cet auteur dans mon bagage culturel si je voulais être au point en Fantasy.C’est sûrement pour cette surenchère de conseils et de compliments à l’égard de l’auteur que j’ai eu du mal à atteindre le bout du tunnel.
Le début est pourtant très bien. Mathieu Gaborit plante décor et personnages dans une Europe de l’Ouest sur fond de guerre mondiale et guerre civile, le lecteur se trouve ainsi à assimiler énormément de détails sans pour autant être perdus, bref ça partait bien.C’est la seconde partie qui m’a davantage déçue et, de ce que j’ai pu voir sur les avis recensés sur Livraddict, c’est à peu près pareil pour tous les lecteurs. En effet, l’auteur part à chaque nouveau chapitre vers d’autres contrées, d’autres personnages, à tel point qu’il m’a donné l’impression d’une énorme toile divagante, prodiguant un effet brouillon malvenu. C’est d’autant plus fouilli que cela tranche avec la lenteur de la première moitié où tout est posé de sorte à ce qu’on assimile tout. Là, cela confère une impression que l’auteur ne maîtrise plus rien, ce qui m’a grandement déplu. Je vous avoue d’ailleurs que j’ai lu en diagonale cette seconde moitié et ce jusqu’à la fin.Celle-ci est franchement dérangeante. Traitant de sujet d’actualité, s’assimilant à une quête du Graal, le personnage de Louise est mis en avant d’une façon véritablement malaisante. On subit cette vision du paradis avec une gêne évidente, contribuant à donner à ce livre un avis négatif.
Je ne m’attarderais pas sur les personnages, tout simplement parce qu’il y en a trop, à cause de ce que j’ai signalé ci-dessus, et que je n’ai réussi à m’attacher à aucun d’entre eux. Seule Louise est marquante, et pas forcément en bien, par son degré de révolte et ce qui l’attend à la toute fin de ce roman. C’est cruel et beau à la fois, j’ai grimacé tout en étant contente, c’est une situation assez dérangeante que je ne souhaite pas revivre de sitôt…
La plume m’a quant à elle laissé totalement indifférente. Je m’attendais à quelque chose de plus poétique, plus originale et j’ai atterri sur quelque chose de finalement très banal, ancrant une fois de plus cette lecture dans un cadre très commun.
Cette lecture est un échec mais je ne la conçois pas réellement comme tel. Je veux dire par là que Bohème est l’un des premiers voire le premier roman de l’auteur, écrit et publié dans les années 90. Cela signifie que la plume est encore flageolante, les idées tourbillonnent sans réussir à être maîtrisées, les idées d’époque ont évolué et sont obsolètes par rapport aux valeurs actuelles. L’ensemble manque de réalisme et de stabilité mais je ne doute pas que l’auteur a su travailler son art, vu sa renommée dans le paysage de l’Imaginaire.
09/20