Ma reine

Par Team Littéraire @teamlitteraire
MA REINEde Jean-Baptiste Andreachez Audiolib, 19€Exemplaire reçu pour le Prix Audiolib 2018   
Shell est un enfant différent, qui vit seul avec ses parents, dans une station-service où les voitures sont rares. Un jour, il décide de partir faire la guerre, pour prouver qu'il est un homme. Mais sur le plateau qui surplombe la vallée, il ne rencontre pas la guerre, mais une fille. Avec elle, tout s'invente et l'impossible devient vrai. Il obéit à sa reine, comme on se jette d'une falaise, par amour, par jeu et par désir absolu.
Ma reine, est un premier roman, empreint de poésie et de douceur, à l'image de Shell, cet enfant différent et sensible. Un enfant en quête d'identité, en quête d'amour, alors que ses parents souhaitent se débarrasser de lui en l'envoyant dans un institut. Malgré sa naïveté et ses croyances, Shell sait qu'il est différent, qu'il ne réfléchit pas comme les autres. Il est, comme lui dit son père : "beau comme une Alfa Roméo avec un moteur de 2CV".

Pourtant, il est parfois dérangeant de connaître les pensées d'un enfant avec un handicap mental, aussi fictif soit-il. Mais ses réflexions n'en restent pas moins touchantes, notamment par son handicap et ses difficultés à s'exprimer. Au contraire, les réactions de Viviane, cette fille aux allures d'enfant gâtée, qui voudrait être la reine, peut parfois nous agacer. Il est difficile pour le lecteur d'être empathique avec Viviane, alors qu'elle semble parfois injuste avec Shell. Malheureusement, si ce jeune personnage féminin est très présent dans cette histoire, il n'est pas suffisamment exploité et l'auteur laisse planer beaucoup de non-dits. Que cherche t-elle à fuir, en s'imaginant reine ?
Malgré la différence d'âge (que l'on suppose) entre le personnage principal et Guillaume Jacquemont - le lecteur -, il y a cette magie du livre audio et le talent du lecteur, qui amènent au moment où ces deux personnes n'en font plus qu'une. Vous n'écoutez plus Guillaume Jacquemont, mais bien Shell. Je pense que c'est en partie pour cette raison, que certains passages me semblaient dérangeant, comme si l'enfant se livrait à moi, me donnant une partie de son intimité, à laquelle je ne m'étais pas attendue. Il m'a touché, bouleversé et brisé.