Pourquoi ce livre ? Parce que mon copain n'arrêtait pas de me vanter les mérites de ce recueil de nouvelles et surtout de la première, qui donne son nom à l'ouvrage. Étant dans une période où j'apprécie la plume et les idées de King, je n'ai pas résisté bien longtemps.
Brume est donc un recueil de nouvelles ce qu'il y a de plus classique. Réunis par le thème majeur qu'est l'épouvante, Stephen King pointe joliment les travers de la société d'époque - toujours d'actualité d'ailleurs.Je dois dire que l'ensemble est assez inégal - et mon conseiller personnel en lectures est d'accord avec cela. Certaines nouvelles marquent énormément, je pense par exemple à Brume - cela allait de soi, ça avait même très intérêt - Le Singelu encore Le Radeau. Le bon côté de la chose repose sur l'alternance entre bonne nouvelle et nouvelle moins bonne.De fait, l'attention est toujours là au bout des quatre cent pages. De plus, ce sont les nouvelles les plus longues qui sont les plus intéressantes, probablement parce que la mise en contexte est plus longue, permettant de mieux étoffer les personnages et de rendre l'ensemble plus percutant.
Je suis toujours autant surprise par ce renouvellement d'horreur, dans les histoires de King. Sans que son style ou son schéma narratif évoluent, il parvient à nous surprendre par son imagination et les satires qu'elle entraîne. Des frissons assaillent la colonne vertébrale, on perçoit les sensations que la plume décrit, bref on s'immerge totalement dans ce cocon malsain. Et c'est trop bon.
Brume, comme son titre l'indique, relate l'histoire d'une ville assiégée par une brume étrange, que rien ne semble capable de détruire. Très vite, des cris retentissent et la nuit tombe, porteuse de mauvaises nouvelles. Recroquevillé dans un hypermarché avec son fils et d'autres habitants, David le narrateur a de quoi survivre. Du moins si certaines terreurs ne rentrent pas dans ses cauchemars et sa réalité…
Je fus enchantée par cette nouvelle mais également frustrée. On est entièrement immergé dans le texte, on perçoit bien l'ambiance et je vous assure que c'est encore mieux dans un lieu clos (prévenez la famille que vous allez passer deux heures aux toilettes et c'est parfait). C'est surtout la fin que j'ai adorée, parce que l'auteur ancre son récit dans notre réalité par un procédé tout bête mais qui offre pourtant un impact réel.Je fus en même temps positivement frustrée parce que j'aurai voulu plus d'assertions que d'implicites, et je sus restée sur ma faim. Mais le choix de King me convient quand même (mon côté maso qui ressort, probablement).
Le Singe est une nouvelle d'un tout autre genre. Si la présence du danger est réelle, perceptible dans Brume, tout est implicite ici. Les personnages se partagent leurs appréhensions, leurs craintes, leurs certitudes quant à ce singe et ce sont les angoisses, transmises par un style coup de poing, qui s'insinuent en nous et nous font douter. Rien n'est tangible, prouvé mais l'atmosphère nous pousse à serrer les fesses en attendant que ça passe.C'est simple, efficace, je vous assure que vous ne verrez plus jamais un singe (tel qu'il est décrit dans la nouvelle) de la même manière.
Le Radeau est la dernière des nouvelles et peut-être bien la plus horrible. Elle est bien plus que malaisante, elle représente une possible peur qu'ont certain de l'eau - ce que je n'ai pas du tout. Et pourtant, je vous assure que je ne me tiendrai plus jamais sur un ponton sans penser au danger qui rode, qui nous appâte discrètement et qui surprend quand on ne s'y attend le moins. J'ai frémis de dégoût à plusieurs reprises !
15/20