Ar-Men : L’Enfer des Enfers, d’Emmanuel Lepage

Par Kloliane

Plein la vue…

Chéri (émerveillé): Quel magnifique paysage. Face à la mer et au-delà…
Mininous (filmant avec son portable): Oui. Cela valait le coup de monter en haut du phare. Pas vrai, maman… (me cherchant du regard) Maman…
Moi (plaquée contre le mur du fond, dents serrée) C’est bon, on peut descendre et retourner sur la terre ferme.

AUTEUR: Emmanuel Lepage
TITRE: Ar-Men : L’Enfer des Enfers
ÉDITEUR, ANNÉE: Futuropolis, 2017
NOMBRE DE PAGES: 96 pages.

Je l’avoue… J’ai le vertige. En faite, pour être plus précise, je me mets à imaginer que le phare peut s’effondrer… malgré que cela fasse plus de cent ans qu’il a été érigé et bien sur ses pieds, mon imagination aime me torturer avec des scènes de catastrophe. Enfin, bref ! Dans le cadre  de « La BD fait son festival » de Priceminister et avec un peu de retard, j’ai pu découvrir, sans peur, « Ar-Men : L’Enfer des Enfers » d’Emmanuel Lepage.

Résumé:
« Au loin, au large de l’île de Sein, Ar-Men émerge des flots. Il est le phare le plus exposé et le plus difficile d’accès de Bretagne, c’est-à-dire du monde. On le surnomme « l’Enfer des enfers ». (…)

Tantôt calme, tantôt tumultueuse… Tantôt une caresse, tantôt une claque. Germain, gardien du phare, l’Ar-Men, contemple cette mer qui le fascine toujours autant. Puis il entend l’arrivée de Simon qui arrive pour l’aider dans son travail. Et dans 10 jours, un autre viendra prendre sa place. Il y’en a peu pour supporter les journées monotones au sein du phare, sans retourner de tant à autre sur terre. Germain, lui, aimerait qu’on l’oublie dans ce lieu. Il n’a pas besoin de retourner sur l’Ile de Sein et se sent bien plus libre face à toute cette étendue.
Et alors que nous suivons leur quotidien, l’auteur nous contera différentes légendes du folklore breton, mais aussi l’histoire de la construction de cet édifice.
On devient alors très attentive à ces récits… Tout autant que cette petite fille blottie en haut du phare…

Fascinée, émerveillée, rêveuse… Ce sont les premiers mots qui me viennent lorsque je repense à la lecture de cet album. Pourtant, je n’avais aucune attente. J’avais même la crainte de ne pas du tout accrocher. Et ce fut tout le contraire !

C’est une véritable ode pour ce célèbre phare posé sur un rocher et faisant face aux assauts des vagues. Surnommée « l’Enfer des Enfers », il était réputé comme étant éprouvant pour les gardiens qui s’occupaient de son entretien. Plus je tournais les pages, plus ma curiosité pour cet édifice en devenait grande.

J’étais fascinée par les histoires qui s’entremêlaient parfaitement avec la ligne principale du récit: Germain. Alors que l’on découvre cet homme qui aime se complaire dans la solitude que peut lui apporter ce phare et semblant lutter contre ses vieux démons, l’auteur nous relate quelques légendes de Bretagne (la ville d’Ys, celle de l’Ankou) et nous apprend comment cet édifice fut construit sur ce rocher… Oui, en moins de 100 pages, il m’avait fasciné.

Mais pas seulement… J’étais émerveillée par  ses magnifiques illustrations. Lorsque je contemplais les dessins des vagues s’écrasant sur les rochers, j’avais l’impression de pouvoir les voir en mouvement et me rappeler avec force, l’odeur de l’iode. Bien plus encore, alors que je notais la différence de couleurs apportées pour chaque fil du récit, que ce soit celui de Germain, des légendes ou de l’histoire du phare, j’avais l’impression de plonger d’un univers à un autre.

Puis, en arrivant à la dernière page, je me suis laisser partir dans des rêveries. A la place de Germain, je me demandais si j’aurais eu la force de vivre dans les mêmes conditions au sein du phare.
Et comment aurais-je réagi au bruit des vagues qui s’écrasent contre les parois ? Quelle sensation m’envahirait, si je pouvais contempler l’horizon, tout en haut du phare ?
Rien que pour connaître les réponses, je suis prête à vaincre mon vertige.

Conclusion:

Lors des 3 choix à prendre pour « La B.D. fait son festival », j’avais opté Ar-Men en dernier. J’avoue avoir eu une légère déception en le découvrant dans le colis…
Que j’étais bête, mais  tellement bête !

J’ai découvert un artiste qui m’a totalement charmé, bien plus, il m’a laissé totalement rêveuse par ses illustrations. Il m’a aussi fait découvrir un monument qui m’était, jusqu’à aujourd’hui, inconnu et dont je désire ardemment le voir de mes propres yeux. Et enfin, il m’a donné envie de voyager jusqu’en Bretagne, pour découvrir d’autres légendes et histoires de cette région.

Je vous invite,  à votre tour, de vous plonger dans l’histoire en mille teintes de ce phare perché sur un rocher, bravant jour et nuit, les vagues.

Note: 19/20

(Image à la une de Philip Plisson)