Russel Banks est doué pour écrire de courtes histoires qui prennent instantanément le lecteur. Une écriture simple, sans chichis, qui va directement au but, vous plongeant immédiatement au cœur du récit. Toutes ces nouvelles mettent en scène des gens ordinaires dans leur vie de tous les jours et sans parler de fil rouge, on remarque qu’il s’agit très souvent de divorcé(e)s, de personnages ayant vécu ou traversé des épreuves, se coltinant avec la vie comme ils le peuvent. Outre le talent narratif, l’écrivain sait nous rendre sympathiques ses héros ou du moins solliciter notre compréhension : comment en vouloir à ce retraité de braquer des banques pour arrondir sa petite pension ? (Ancien marine), pourquoi critiquer cette veuve qui malgré son amour pour le défunt, se sent revivre et comme libérée désormais ? (Oiseaux des neige).
Banks ne manque pas d’imagination non plus, chaque nouvelle est une surprise pleine d’invention : ce greffé du cœur à qui la femme du donneur demande à pouvoir écouter battre l’organe de son défunt mari (Transplantation) ou bien cette extravagance (Blue), une femme voulant acheter une voiture d’occasion se retrouve enfermée pour la nuit chez un concessionnaire, à la merci d’un pitbull menaçant. Sujets divers, personnages qui le sont tout autant, on ne s’ennuie pas une seule seconde avec ce bouquin.
Russel Banks ne cherche pas à moraliser ou dispenser un message (encore qu’il offre une réflexion intéressante sur la renommée dans Big Dog), il ne fait que croquer de petits univers tout ce qu’il y a de plus communs d’une Amérique très middle class.