Les émois du mois #54

Par Bib Hlm @bibHLM
LE « MOI » DE MARS
En chaque fin de mois, un petit recap' en facette de mes lectures ! Avec en quelques lignes mes impressions sur la "meilleure" et la "moins bonne"  lecture du mois.


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  • ❤  PS : tu me manques de Brigid Kemmerer (Hachette romans - 07/02/2018)
Vivement recommandé par copine @Luxnbooks, quelques tweets et j'avais envie de le découvrir à mon tour, maintenant tout de suite. Et évidemment, c'est un coup de cœur.
Coup de cœur pour l'histoire et l'originalité des rebondissements.
L'histoire, c'est celle de Juliet et Declan. Deux adolescents qui sont en lutte. L'un contre un deuil et l'autre contre lui-même et tous ceux qui tente de s'approcher. Tous deux sont ravagés de culpabilité. Ils se ressemblent beaucoup, mais ne se connaissent pas. Toutes les fois où ils se sont croisés se sont révélées catastrophique. Et pourtant, un hasard, une coïncidence, une indiscrétion et les voilà qui s'échangent une correspondance. Une correspondance anonyme et salvatrice. Main dans la main ils vont se soutenir vers la résilience... mais avant ça, de nombreuses épreuves les attendent, notamment celle où ils vont se révéler leur identité.
Bonus : Il y a dans ce roman une réflexion très, très intéressante et très, très juste sur le harcèlement. Il met en lumière deux poids de mesure autour du phénomène : D'un côté l'acception générale de lutter contre le harcèlement des gens vulnérables, et parallèlement la banalisation du harcèlement des "gens qui le méritent". 
  • ❤ Mécaniques du chaos de Daniel Rondeau (1948-....) (Grasset - 16/08/2017) | Grand prix du roman de l'Académie française 2017.
Un livre complexe, dense, riche et nécessaire.Un livre qui traite de sujets d'actualité sans faux-semblants et avec beaucoup d'intelligence.Un livre sur les cycles de la vie.Un livre où l'espoir n'a pas sa place.Et surtout, un livre orchestré brillamment.
Ici, il est question de personnages qui n'auraient pas dû se rencontrer et qui pourtant se croisent, se frôlent, s'évitent. Les actions des uns entraînent des dommages collatéraux pour les autres. Pour le monde.Ici, il est question de migrants, de trafics en tous genres, de radicalisation, d'attentats et de sujets connexes qu'on ne soupçonne pas.L'auteur avance pas à pas dans son intrigue. Il jette un galet à l'eau et on découvre l'écho qui se propage. Un écho dévastateur.
  • ❤ Betty Boob de Véronique Cazot (Casterman - 13/09/2017) | Prix BD Fnac 2018.
Ô la beauté ! Cet album muet est d'une férocité de dingue. Espoir et désespoir se côtoient d'une case à l'autre, d'une planche à l'autre. C'est beau et c'est rude, comme la vie.
La vie c'est celle de Betty. Elle nous en raconte un épisode. Celui où elle se découvre un cancer du sein, celui où elle subit une ablation (quel mot horrible) d'un sein. Et comme si ça ne suffisait pas celui où elle se fait licencier par manque de conformité, celui où son compag... Elle nous raconte son parcours vers l'acceptation de son nouveau corps, son regard sur lui et celui des autres.
C'est pêchu, c'est lumineux, c'est poétique. C'est canon.
  • ❤ Qu'est-ce qui fait pleurer les crocodiles ? de Lucie Castel (Harlequin - 07/03/2018)
Oh j'avais adoré le premier roman de l'auteur et c'est avec un plaisir immense que j'ai entrepris la lecture de celui-ci ! Aucune appréhension en le commençant, il faut dire que le style de l'auteur m'avait impressionné par son assurance. La question était plutôt : coup de cœur ou par coup de cœur ?
Coup de cœur !
Dans ce roman il y a tous les meilleurs ingrédients de la série intrigue à l'anglaise / Versailles / Venise d'Adrien Goetz. Il est question d'enquête dans le milieu artistique, l'auteur saupoudre le tout d'humour et elle donne aux personnages principaux une complicité hilarante (pour le lecteur).
Après un drame, Sofia est envoyée par son protecteur se mettre au vert en Écosse. Elle sera hébergée par un ami de celui-ci au Royal Redstone House, un manoir écossais transformé en hôtel. Difficile pour elle de se la couler douce, à son hyper activité naturelle s'ajoute son incapacité à apprécier les temps de repos qui la font terriblement cogiter. Alors, elle part à la rencontre des clients, du personnel, du manoir, des environs. Chaque fois qu'elle tombe sous le charme du contexte, elle est relevée par la désagréabilité de M. Lachlan, un membre du personnel pas comme les autres. Chacune de leur rencontre se transforme en joute verbale et en bataille d'ego.
Quelle n'est pas leur surprise quand ils se retrouvent à fureter au même endroit, à se poser les mêmes questions concernant les agissements étranges qu'ils ont constatés autour des œuvres d'art qui ornent le manoir. Ensemble, ils vont résoudre l'énigme et plus si affinités !
  • ❤ Au nord par une montagne, au sud par un lac, à l'ouest par les chemins, à l'est par un cours d'eau de Laszlo Krasznahorkai (1954-....) (Cambourakis - 29/09/2010)
Hm... Les contes pour adultes deviennent peu à peu mon genre préféré. J'adore la férocité des intrigues et la cruauté des chutes. S'ajoute à ça la magie des contes orientaux : un brin mystique et incompréhensible, avec des éclairs de révélations qui apparaissent et disparaissent encore plus vite.
Ici, l'auteur nous propose le cheminement d'un héros à la recherche d'un jardin merveilleux et secret qu'il a découvert dans un livre. Ce petit-fils du Prince à tout pour lui, mais ce qu'il demande c'est de voir ce jardin de ses yeux. Alors, il va lancer tous ses experts en quête d'informations... Des jours, des semaines, des mois, des années et à chaque fois ils reviennent bredouille. Toutefois, un indice va lui faire prendre la route. Et le voilà, qui descend d'un train.
Face à ses prises de parole, le roman avance à plusieurs cadences, ainsi, on découvre les lieux où passent les pas du héros à d'autres moments. On découvre des explications sur l'architecture des lieux sacrés. On rencontre d'autres personnages. Les chapitres se suivent, mais ne se répondent pas. Cette gymnastique de l'esprit entre les chapitres est tout simplement vivifiante !
Ce roman, il mérite toute l'attention et la concentration du lecteur et paradoxalement, d'entrée de jeu il faut accepter de s'y perdre et de ne va pas tout saisir.Au plaisir.