Le prix Astrid Lindgren à Jacqueline Woodson

Par Lucie Cauwe @LucieCauwe

Le prix Astrid Lindgren 2018 (570.000 euros) couronne la romancière américaine Jacqueline Woodson, à peu près inconnue en traduction française. Elle a été choisie parmi les 235 finalistes, en provenance de 60 pays (liste complète ici).
Jacqueline Woodson est née en 1963  à Columbus, dans l'Ohio. Elle a grandi entre Greenville (Caroline du Sud) et Brooklyn (New York), où elle vit actuellement. Elle est l'auteure de plus de trente livres, des romans, de la poésie et des albums jeunesse. Si elle écrit essentiellement pour les jeunes ados, elle s'adresse également aux enfants et aux adultes. Un de ses livres les plus appréciés est son récit autobiographique "Brown Girl Dreaming" (2014), non traduit. Il décrit sous forme de poème l’enfance d’une Afro-Américaine dans les années 1960 et 1970.
Le jury de l'ALMA dit à son propos: "Jacqueline Woodson nous emmène à la rencontre de jeunes qui luttent pour  pour surmonter leur vulnérabilité et trouver une place où ancrer leur existence. Dans un style aussi léger que l'air, elle déploie des histoires d'une richesse et d'une profondeur retentissantes. Jacqueline Woodson capte une note poétique unique dans une réalité quotidienne partagée entre tristesse et espoir."
Jacqueline Woodson écrit souvent à propos d'ados qui quittent l'enfance pour entrer dans l'âge adulte. Elle se distingue par sa parfaite maîtrise de la description des personnages
et son intime compréhension des pensées et des sentiments qui animent la jeunesse. Son œuvre révèle une compréhension profonde de l'adolescence.  Ses livres sont écrits à la première personne, souvent  d'un point de vue féminin. Le racisme, la ségrégation, l'injustice économique, l'exclusion sociale, les préjugés et l'identité sexuelle sont des thèmes récurrents dans son œuvre. En janvier, elle a été nommée ambassadrice nationale pour la littérature pour les jeunes aux États-Unis.
Jacqueline Woodson: "Il est important de tendre des miroirs aux enfants pour qu'ils voient que leurs expériences sont légitimes. Trop souvent, ces miroirs leur manquent."
Très peu de livres de Jacqueline Woodson en français. Au travail, les éditeurs et les traducteurs!
En jeunesse


"Le secret" (traduit par Claudine Wellhoff , Pocket Jeunesse, 2000).
Marie a douze ans. Elle est noire. Sa famille vit dans l'aisance. Lena, elle aussi, a douze ans. Elle est blanche. Et pauvre. Au collège tout le monde la rejette. Sauf Marie. Une amitié profonde, faite de moments de bonheur, de complicité, de confidences. Mais les choses insoutenables que Lena finit par raconter à Marie sont-elles vraiment possibles? A-t-on le droit de les tenir secrètes?
"Mon bel amour... ma déchirure" (traduit par Luc Rigoureau, Hachette, 2004).
Jeremiah, seize ans, est noir et vient de Brooklyn. Lui et Elisha, élèves du même lycée de Manhattan, tombent amoureux au premier regard. Elisha est blanche, juive, habite Central Park Ouest. Si tout les sépare, les deux adolescents vont vivre, envers et contre tout leur premier amour. Mais les plus belles histoires peuvent se finir le plus bêtement du monde, par une fin d'après-midi enneigée, alors que les lèvres ont encore le goût du baiser que l'on vient de donner...
"Le garçon qui n'était pas noir" (traduit par Agnès Piganiol, Bayard jeunesse, 2011).
Frannie vit dans le quartier noir d'une ville américaine, de l'autre côté de l'autoroute, au-delà du quartier des Blancs. Un jour, Frannie voit arriver dans son école un nouvel élève. Il est maigre, a de longs cheveux bouclés, et surtout il est blanc. Très vite, on le surnomme "Jésus", et il devient le souffre- douleur de Trevor, un jeune métis craint par tous. Frannie, elle, intriguée par cet étrange garçon blanc, tente de tisser des liens...
En littérature générale
"Un autre Brooklyn" (traduit par Sylvie Schneiter, Stock, 2018).
"La première fois que j'ai vu Sylvia, Angela ét Gigi, ce fut au cours de cet été-là. Elles marchaient dans notre rue, en short et débardeur, bras dessus bras dessous, têtes rejetées en arrière, secouées de rire. Je les ai suivies du regard jusqu'à ce qu'elles disparaissent, me demandant qui elles étaient, comment elles s'y étaient prises pour... devenir." August, Sylvia, Angela et Gigi sont quatre adolescentes, quatre amies inséparables qui arpentent les rues du Brooklyn des années 1970, se rêvant un présent différent et un futur hors du commun. Mais un autre Brooklyn, où le danger rôde à chaque coin de rue, menace les espoirs et les promesses de ces jeunes filles aux dernières heures de l'enfance.
Le prix de littérature à la mémoire d'Astrid Lindgren  sera remis à Jacqueline Woodson par S.A.R. la Princesse héritière Victoria de Suède, lors d'une cérémonie organisée à la Maison des concerts de Stockholm le lundi 28 mai 2018.
Les lauréats ALMA précédents
2017 Wolf Erlbruch (lire ici)
2016 Meg Rosoff (lire ici)
2015 Praesa (lire ici)2014 Barbro Lindgren (lire ici)
2013 Isol
2012 Guus Kuijer (lire ici)
2011 Shaun Tan
2010 Kitty Crowther
2009 Tamer Institute
2008 Sonya Hartnett
2007 Banco del Libro
2006 Katherine Paterson
2005 Philip Pullman et Ryôji Arai
2004 Lydia Bojunga
2003 Maurice Sendak et Christine Nöstlinger
Ce n'est pas pour rien que le Astrid Lindgren Memorial Award est aujourd'hui considéré comme l'équivalent jeunesse du prix Nobel de littérature, détrônant les prix Andersen de l'IBBY de cette appellation. Il est le prix en littérature de jeunesse le plus important au monde.