Le salon du livre de Paris

Par Laure Zehnacker

Ce que j’ai pensé du salon du livre de Paris ou comment économiser 10€ !

De la vente mais sans la passion et la discrétion qu’un libraire peut avoir

Quand j’étais môme, il y avait toujours une librairie de quartier par laquelle on passait après le marché du dimanche, ouverte jusqu’à 13h. Elle n’était pas grande cette librairie, débordante de couvertures colorées, prête à exploser de papier. Et puis il y avait ce sourire du libraire, un sourire presque timide mais disponible. On se rendait à la librairie comme on aurait pénétrait un secret. La lecture est intime, un livre est intime et le vendeur doit le devenir aussi.

Je me souviens que je faisais le tour de la librairie et qu’il m’arrivait de demander au libraire de me renseigner, de me guider entre les étalages, de me glisser le livre entre les mains. Parfois, il le disait « ce livre n’est pas pour vous ». C’était un genre magicien et bien que tous les libraires ne se ressemblent pas, certes, ils ont un instinct des bons livres.

L’entrée du salon du livre est de 10€, soit un livre pour accéder à une grande plateforme de vente. Je paie pour entrer dans une librairie géante où déjà les grands éditeurs remplissent la moitié de l’espace, ne laissant que le reste pour les éditeurs plus modestes.

Et puis, je déambule entre les allées, je cherche un contact, je demande des renseignements. Et je me rends compte d’une chose : je ne suis perçue que comme une acheteuse, moins comme une lectrice.

Je passe devant un stand, on me saute dessus «  très bon livre, très bon livre, très bon livre ! ». Oui, mais ce n’est pas un argument. Je me sens épiée, à chaque fois que je lis une couverture, le vendeur est là, « très bon livre ». Je me sens forcée à acheter. Je repose le livre, prends un air hautement intéressé, mais ça ne suffit pas, alors le vendeur m’ignore.

Ici, pas de contact entre le lecteur et l’auteur, entre l’auteur et des potentiels éditeurs, entre influencer et maison d’édition, le salon du livre de Paris est un rapport à la vente et non à la découverte.

Amener la conversation

« Ah et vous êtes auteure et du Limousin je suppose », en déduit un petit éditeur de la Nouvelle Aquitaine qui passera dix minutes à se plaindre du métier du livre. D’ailleurs il tire la gueule.

Cet éditeur m’accuse d’être un auteur alors que je n’ai rien insinué, comme un crime, un virus, une maladie, un crime… Il ne veut pas m’en dire d’avantage sur ses distributeurs, me lance des sourires mesquins.

« Je viens du Limousin, certes, mais je suis journaliste. Je cherche à comprendre le métier d’éditeur et de leur donner une visibilité sur le net ». Et vas-y que je te cause de la difficulté de vendre, du marché saturé. Je lui demande dans quels genres il penche.

— Le terroir, l’histoire et les romans.

— Oui mais qu’est-ce que vous entendez pas terroir ? Les légendes du Limousin par exemple ?

— On fait des romans aussi, et le terroir.

Il me donne sa carte, me parle de ses distributeurs, me redonne un livre entre les mains, me certifie que le livre est bien. Mais je suis une lectrice compliquée et mon budget est limité. Je n’achète pas un livre sous le prétexte qu’il est simplement bien…

Je prends sa carte et son catalogue que j’oublie consciemment, laissé sur une chaise vacante les cartes et prospectus.

Point positif

Le salon du livre est néanmoins intéressant pour rencontrer ses auteurs favoris, du moment qu’on se sent d’attendre et de faire la queue. Il y a également la présence de toute la littérature Young Adult et de Manga.

Bilan du salon du livre de Paris 2018

Un salon du livre est un endroit de discussion et de rencontres. Il est rare de parler à des éditeurs et il est dommage que l’éditeur soit contre tous les auteurs potentiels qui cherchent à se faire des contacts, à percer dans le métier.

Ce qui est rebutant, c’est l’attitude trop vendeuse. Il manque de l’écoute que l’on peut trouver chez un libraire « que recherchez-vous ? Qu’est-ce qui pourrait vous intéresser ? ».

L’interaction entre les visiteurs et les exposants est manquante. Ce que j’attendais :

  • plus d’activité liée à l’écriture ou d’atelier,
  • les nouvelles tendances,
  • ce que le digital apporte,
  • comment s’autoéditer,
  • comment donner goût à la lecture dans un salon,
  • comment se démarquer par la couverture d’un livre,
  • des offres spéciales pour certaines livres.

Ce n’est certes pas dans mon caractère non plus d’attendre des heures ou des longues minutes pour faire dédicacer un livre.

Je remercie néanmoins les éditions du Murmure, qui ont été charmants et ouverts et la librairie Zadig de Berlin pour ses bons conseils.

N’hésitez pas à mettre en commentaire ce qui vous plairait pour une telle manifestation.

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