Quand la nuit devient jour

Par Morgane

 » Être libre de mourir comme on le souhaite,
c’est aussi être libre de vivre comme on l’entend.
 « 

Auteur : Sophie Jomain
Edition : J’ai Lu
Format : Poche
Prix : 6,70 €
Note : 5/5 

On m’a demandé un jour de définir ma douleur. Je sais dire ce que je ressens
lorsque je m’enfonce une épine dans le pied, décrire l’échauffement d’un
brûlure, parler des nœuds dans mon estomac quand j’ai trop mangé, de
l’élancement lancinant d’une carie, mais je suis incapable d’expliquer ce qui
me ronge de l’intérieur et qui me fait mal au-delà de toute souffrance que
je connais déjà. 
La dépression. Ma faiblesse.
Le combat que je mène contre moi-même est sans fin, et personne n’est en mesure
de m’aider. Dieu, la science, la médecine, même l’amour des miens a échoué.
Ils m’ont perdue. Sans doute depuis le début.

J’ai vingt-neuf ans, je m’appelle Camille, je suis franco-belge, et je vais
mourir dans trois mois. 
Le 6 avril 2016.

Ca faisait très longtemps que j’avais envie de lire ce roman. J’avais été conquise par Les Etoiles de Noss Head et je voulais découvrir un autre livre de Sophie Jomain. Quand celui-ci est sorti au format poche, je n’ai pas pu résister. Je me souviens d’avoir rapidement survolé le résumé quand je l’ai acheté. C’est un Jomain, et je fais totalement confiance à l’auteure.
Quand j’en ai commencé la lecture, ça faisait plusieurs jours qu’il était dans ma PAL. J’ai commencé à lire, puis me suis arrêté. J’ai fermé le livre et j’ai relu le résumé, en me concentrant cette fois-ci. Je me disais « où est-ce que l’histoire va nous mener ? Je ne me rappelle plus… ». Donc j’ai lu le résumé et, après l’avoir fini, j’ai repris ma lecture. Et là je pensais « Mon dieu, ce livre va me briser le cœur. »
Eh bien je vous le dit tout de suite : ce roman est un peur coup de cœur. Mais il me l’a bel et bien brisé. En milles morceaux.

Quand la nuit devient jour n’est pas le genre de roman qu’on lis pour ce détendre entre deux grosses lectures. Cette histoire est dure et poignante. Elle traite d’un sujet difficile : l’euthanasie médicalement assistée. C’est une pratique dont j’avais déjà entendu parlé dans les informations, et j’avais eu l’occasion de la voir un peu plus en lisant et en regardant Avant Toi. Mais Quand la nuit devient jour n’a strictement rien à voir avec le roman de Jojo Moyes et nous entraîne beaucoup plus loin dans ce sujet déchirant.

Nous faisons la rencontre de Camille, vingt-neuf ans. Nous sommes dans sa tête, nous pouvons l’entendre parler, penser et souffrir. Personne ne le voit, mais elle souffre depuis toujours et elle n’en peut plus. Elle est passé par l’anorexie, la boulimie, la dépression, les tentatives de suicides, elle est allé voir des psys, à fait des séjours à l’hôpital. Mais rien n’y fait, rien ne la guérit. Malheureuse, incapable d’aller mieux, Camille décide de mourir mais de partir dignement. Cette histoire, c’est la sienne, mais elle pourrait aussi être celle d’autres personnes souffrant du même mal. Cette histoire est déchirante, vrai, bouleversante, triste, mais portant magnifique.

Tout au long du roman, nous suivons Camille qui attends la date fatidique, la date qui la délivrera enfin. Nous la suivons pendant trois mois, trois mois qui semblent courts et à la fois interminables.

Sophie Jomain réussi à dépeindre avec brio la souffrance de Camille, mais aussi la peur et même le dégoût que peuvent ressentir ses proches où d’autres personnes autour d’elle. Comment peut-elle avoir envie de mourir alors qu’elle est jeune et en bonne santé ? Personne ne peut vraiment comprendre sans être à la place de Camille. Je n’ai jamais eu de position par rapport à l’euthanasie médicalement assisté. Mais Sophie Jomain, à travers cette histoire, réussi à faire réfléchir.

L’auteure appose son point final comme un baissé de rideau et, encore une fois, je ne sais pas quoi en penser. Elle l’avait complètement prise au dépourvue avec la fin de Noss Head et, une fois de plus, je me retrouve scotchée devant ces derniers mots.

Ce livre, je le conseille à tout le monde capable de supporter une histoire aussi vrai. Elle est remarquablement belle. Un coup de cœur aussi pure que du cristal.


Je vous souhaite une bonne journée et de bonnes lectures !