Unité de lieu : une salle dans un hôpital militaire du Mississipi. Unité de temps : une nuit. Après deux jours de coma, Walter James, un homme blanc, se réveille dans une salle d’hôpital. Dans le lit proche, Braiden Chaney, un homme noir. Le premier a eu la gueule arrachée par une roquette durant la guerre du Vietnam et depuis il est sujet à de fréquents malaises, le second a lui aussi morflé à la guerre, il n’a plus ni bras, ni jambes et végète dans ce plumard depuis vingt-deux ans !
Cette longue nuit va rapprocher les deux hommes et les marquer pour toujours. Lentement, l’un et l’autre vont en venir à se raconter leurs vies, leurs souffrances et leurs espoirs. Un long dialogue coupé de pauses de sommeil, Braiden rêve d’Afrique tandis que Walter songe à Beth, une jeune fille mutilée qu’il aime car elle seule a été capable de le voir tel qu’il est et non comme un monstre. Régulièrement, Diva, l’infirmière vient les voir et leur offre en douce, bières fraiches et joints.
Le roman est court et plus le lecteur avance dans sa lecture, plus il est pétrifié par l’intensité dramatique qui suinte entre les lignes. Chacun des deux hommes a beaucoup souffert dans le passé, que ce soit dans la vie civile ou durant la guerre, à cette émotion montant crescendo Larry Brown ajoute une dose de suspense, pour quelle raison exactement Walter a-t-il atterri dans cet hôpital ?
Le roman s’achève sur un coup de théâtre dramatique d’une grande intensité, magnifié par une écriture sobre et économe en coups d’éclat. La puissance à l’état brut, du très grand art pour ce bouquin que vous ne devez pas rater !