Ce livre qui vient de paraître est un recueil de six nouvelles (Un Collège de jeunes filles vu de l’extérieur (1926) – Une Société (1920) – Dans le verger (1923) – Les Epingles de chez Slatter (1928) – Lappin et Lapinova (1939) – Le Legs (parution posthume en 1944)) précédées d’un essai (Les Femmes et le roman (1929).
Petit livre au vu de son nombre de pages, mais ô combien instructif et particulièrement bien composé. Le court essai, Les femmes et le roman, ouvre merveilleusement bien cet ouvrage et donne le ton des nouvelles qui suivent, tout en préfigurant un autre essai de l’auteure, plus développé, Une chambre à soi. Virginia Woolf s’interroge (et interpelle le lecteur) : pourquoi les femmes n’ont-elles pas écrit de manière soutenue avant le XVIIIe siècle ? Pourquoi ensuite ont-elles produit plusieurs classiques de la fiction anglaise avec Jane Austen, Emily et Charlotte Brontë, Georges Eliot ? Et pourquoi n’écrivent-elles que de la fiction ? Je vous laisse découvrir ses arguments, et de conclure sur cette prophétie « Pour peu qu’elles jouissent d’un peu d’argent et d’un peu de temps libre, les femmes se mêleront plus que par le passé de l’art d’écrire. Elles feront un usage plus abouti et plus subtil de l’instrument qu’est l’écriture. Leur technique gagnera en audace et en richesse. »
Les six nouvelles illustrent ces réflexions ou promeuvent l’émancipation de la femme et sa volonté d’autonomie, qu’elle soit sociale ou affective. Une Société, est un texte très amusant combattant la misogynie ambiante ; Dans le verger, rêverie d’une jeune fille, n’est pas sans évoquer un certain Marcel Proust avec ses références aux sens, images et sons. Lappin et Lapinova, aborde le thème du mariage, un sujet pesant pour Virginia Woolf…
Un excellent bouquin sur lequel se précipiteront les lecteurs qui ne connaissent pas la grande dame des Lettres, et que les autres (re)liront avec intérêt, comparant avec amusement la date de leur écriture et ce qu’il en est de nos jours.