Jean-Philippe Blondel.
Louis Claret, 58 ans, est professeur de lycée de province. Il vit seul depuis que sa femme et lui ont décidé de commun accord de se séparer. Leurs deux filles sont grandes et volent de leurs propres ailes. Le trio féminin se soucie pourtant régulièrement de l'homme seul. Il ne faut pas qu'il n'ait que son travail comme occupation. Il devrait rencontrer quelqu'un. Préoccupations de femmes. Lui regarde sa calme vie avec honnêteté. Qu'a-t-il fait? Il le sait et n'a pas à en rougir. L'autre question, que n'a-t-il pas fait, il ne se la pose pas. C'est plus simple. Ce n'est pas que Louis Claret soit un mauvais bougre. Au contraire. Ce qu'il a fait, il l'a fait du mieux qu'il le pouvait. Pourquoi le feu sacré lui a-t-il manqué? On glane des bribes de réponses dans les textes en italiques qui entrecoupent certains chapitres.
Par contre, le professeur va devoir se poser la question après avoir retrouvé à un vernissage un ancien élève devenu peintre célèbre. Qui est cet Alexandre Laudin, dont il se souvient à peine tant le gamin était effacé? Que réveille-t-il en lui? Pourquoi accepte-t-il de poser pour lui? Cette fois, Louis Claret ne jouera plus l'esquive. Avec cette rencontre intergénérationnelle, à l'occasion de souvenirs qui reviennent et des séances de poses, un bilan de vie l'attend, lui qui en a dépassé la moitié. Plus de faux-fuyants mais un questionnement réel qui nous vaut un roman aussi touchant que réussi, sans effets de manches mais avec une belle avancée du propos, rendu par une écriture soignée. Une fois de plus, Jean-Philippe Blondel récompense son lecteur par une fouille minutieuse de l'âme humaine, dans ses moindres recoins, sans complaisance mais avec empathie. On suit avec ardeur l'histoire de Louis Claret, révélée par Alexandre Laudin, et ses épisodes qui coupent parfois le souffle. Le roman "La mise à nu" ne ressemblerait-il pas à son auteur, discret en apparence mais d'une infinie richesse?
Pour lire le début de "La mise à nu", c'est ici.