Frankie Addams est publié en 1946. Le roman sera adapté deux fois au cinéma, par Fred Zinnemann en 1952 et par Claude Miller en 1985 (L’Effrontée avec Charlotte Gainsbourg).
Le lieu : une petite ville de Géorgie, un état du Sud des Etats-Unis. L’époque : quelques jours du mois d’août au milieu des années ’40. Frankie, une gamine de douze ans, cheveux courts et grandie d’un coup, mène une vie de garçon manqué auprès de son père, veuf depuis la mort de sa femme durant l’accouchement de Frankie ; dans la maison, Bérénice, la cuisinière noire et souvent, John Henry, son cousin germain âgé de six ans.
Le roman ne s’étale que sur quelques jours mais ils marquent un profond tournant dans la vie de Frankie en pleine crise d’adolescence. Une période charnière où, objectivement, il ne se passe pas vraiment grand-chose mais pourtant terriblement essentiels pour l’enfant qui disparait pour laisser place à l’esquisse de femme en devenir. Et comme il est difficile à franchir ce gué ! Frankie est mal dans sa peau, souffre de solitude et ne trouve aucune oreille capable de l’entendre (« Le vrai sujet de conversation, on passe toujours plus ou moins à côté »).
Les journées se trainent à jouer aux cartes dans la cuisine avec Bérénice et John Henry ou à manger. A cette langueur, répondent des exaltations inconscientes et folles : une rencontre avec un jeune soldat qui pourrait tourner mal quand il l’entraine dans sa chambre, ou bien ce projet insensé, son frère doit se marier dans quelques jours et Frankie se promet de quitter la maison et partir avec les jeunes mariés autour du monde, faire que sa solitude se transforme en « nous » (« je vous aime tellement tous les deux, et vous êtes mon nous à moi »)… Partir ailleurs, oublier ce bled, changer de vie, ne plus être la petite Frances que chacun surnomme Frankie, mais devenir Jasmine son autre prénom. Au fur et à mesure que l’histoire avance, Frankie devient Jasmine puis enfin retrouve Frances quand à la fin du roman, un début d’apaisement se profile.
Un joli roman sur ce moment où l’enfant devient adulte, quand le papillon s’extirpe avec difficultés de sa chrysalide.