Garder le meilleur pour la fin (de l'année): Gréco, Eileen Gray, la villa, Louison et Tessa

Par Lucie Cauwe @LucieCauwe
En bref pour ne pas les perdre, dix romans qui ont aussi fait 2017.

Célia Houdart.


"La littérature, pour mettre le désordre là où l'ordre s'installe", lit-on sur le signet glissé dans le nouveau roman, le cinquième, de Célia Houdart, "Tout un monde lointain" (P.O.L., 200 pages). Vaste et engageant programme qui fait rêver autant que cet excellent roman où on retrouve tout de suite la petite musique de l'auteure (lire ici), à la fois légère et grave, virevoltant entre les lieux et les gens.
Ce nouveau livre se déroule dans le sud, à Roquebrune-Cap-Martin, durant l'été. Après un intriguant prologue, on plonge dans l'histoire de Gréco. Agée, elle fut ensemblière et cultive l'art en général et une admiration pour l'architecte et designer irlandaise Eileen Gray en particulier. Par chance, elle habite tout près de la villa E.1027 que cette dernière a construite. Tous les jours, elle se promène sur le sentier qui la longe, espérant même l'acquérir. Quelle ne sera pas sa surprise de découvrir qu'un couple de jeunes gens s'est installé dans la villa blanche!
Gréco est âgée mais pas psycho-rigide. Elle va rencontrer les deux squatteurs, leur parler. Ils vont s'apprivoiser, s'opposer, se découvrir, guetter ensemble la "femme à la fenêtre". Chacun des trois va apprendre des deux autres. Gréco la pudique va ainsi nager nue avec ce couple et aimer le faire.
Tout n'est pas rose évidemment dans ce superbe roman qui entrecroise les histoires des uns et des autres, celles du passé et du présent, sans jamais perdre son lecteur.
On peut le dire. C'est une histoire d'amour imprévu qui réunit les trois. A la manière d'Harold et Maude. Gréco va aussi se souvenir de son passé enfoui comme si la jeunesse de Tessa et Louison lui en donnait enfin l'occasion. L'écriture magnifique, précise et sans gras de Célia Houdart nous emmène à la rencontre de ces personnages attachants, dans des lieux de toute beauté, que ce soit la villa E.1027 ou la nature environnante. "Tout un monde lointain" séduit en enchante, et, suivant la consigne initiale, met le désordre de la littérature là où l'ordre aurait pu s'installer.
Pour lire le début de "Tout un monde lointain", c'est ici.