10 bandes dessinées à offrir à la Noël

Par Mathieu Van Overstraeten @matvano

Les fêtes de fin d’année approchent à grands pas. Il est donc plus que temps de commencer à réfléchir à l’épineuse question des cadeaux. Et si cette année, vous mettiez quelques bonnes BD sous le sapin? Pour vous aider, voici une sélection (forcément subjective) de 10 des meilleures bandes dessinées parues en 2017. Afin de vous éviter de devoir (r)acheter des collections entières, cette sélection se concentre sur les « one shots » et les premiers tomes de nouvelles séries.

1. Une soeur (Bastien Vivès – Editions Casterman)

De quoi ça parle: Comme chaque été, Antoine passe les grandes vacances en Bretagne, avec ses parents et son petit frère Titi. A 13 ans, Antoine reste un enfant timide et rêveur, qui passe l’essentiel de son temps à dessiner et à jouer sur la plage. Mais un matin, Antoine et Titi découvrent qu’une troisième personne a dormi dans leur chambre. C’est Hélène, la fille d’une amie de leurs parents. Incroyablement belle et mystérieuse, cette jeune femme de 16 ans va totalement envoûter Antoine… et changer sa vie à jamais. Durant les quelques jours de cette « parenthèse enchantée », il bascule de l’enfance vers l’adolescence.

Pourquoi c’est bien: Parce que Bastien Vivès est au sommet de sa maîtrise graphique. Parce qu’il délaisse momentanément « Lastman » pour revenir au style plus intimiste de « Polina » ou « Le goût du chlore ». Parce que c’est son album le plus personnel. Parce que c’est un récit d’une sensibilité rare.

A qui ça plaira: Aux nostalgiques des premiers émois de l’adolescence.

 

2. Alexandrin ou l’art de faire des vers à pied (Pascal Rabaté – Alain Kokor – Editions Futuropolis)

De quoi ça parle: Alexandrin de Vanneville est un poète ambulant. Aristo sans le sou, il arpente les villes et les campagnes pour vendre ses vers en échange de menue monnaie. Il parle toujours en rimes, même dans les situations les plus délicates. Un beau jour, il décide de prendre sous son aile le jeune Kevin, qui vient de faire une fugue. Il lui enseigne l’art de la débrouille mais aussi et surtout l’art de la poésie. Une belle rencontre.

Pourquoi c’est bien: Parce que c’est une BD pleine de fantaisie et de mélancolie. Parce que c’est raconté avec tendresse et humour par Rabaté. Parce que le dessin de Kokor est une forme de poésie graphique. Parce qu’on a besoin de poésie dans ce monde de brutes.

A qui ça plaira: Aux amoureux des mots et aux rêveurs.

3. Le joueur d’échecs (David Sala – Editions Casterman)

De quoi ça parle: En 1941, à bord d’un luxueux paquebot reliant New York à Buenos Aires, une partie d’échecs aussi incroyable qu’inattendue oppose le champion du monde Mirko Czentovic à un mystérieux aristocrate viennois. Mais d’où vient donc la maîtrise du jeu de ce Monsieur B, qui dit pourtant n’avoir plus joué aux échecs depuis 25 ans? L’un des passagers découvre qu’elle provient de son enfermement dans les geôles nazies…

Pourquoi c’est bien: Parce que cette BD donne une nouvelle vie au récit de Stefan Zweig. Parce que chaque case de cet album est une petite oeuvre d’art, avec une esthétique et des décors géométriques qui mélangent expressionnisme, art déco et art nouveau. Parce que c’est un album d’une beauté époustouflante.

A qui ça plaira: Aux admirateurs de Stefan Zweig, Gustav Klimt et Egon Schiele.

4. Betty Boob (Julie Rocheleau – Vero Cazot – Editions Casterman)

De quoi ça parle: Elisabeth vit une sale période. En peu de temps, elle perd son sein gauche (parce qu’elle a un cancer), son petit ami (parce que c’est une chiffe molle) et son boulot (parce que sa patronne est à cheval sur le règlement). Mais Elisabeth n’est pas du genre à se laisser abattre. Adoptée par une troupe burlesque, elle va se muer en Betty Boob, un véritable concentré d’énergie positive. Après les larmes, place aux paillettes!

Pourquoi c’est bien: Parce que les deux autrices parviennent à parler d’un sujet très grave de manière drôle et décalée. Parce que c’est une histoire racontée sans le moindre dialogue, entièrement grâce à la force des images. Parce que c’est un formidable message d’espoir.

A qui ça plaira: A toutes celles et tous ceux qui sont confrontés à la maladie et qui ont besoin d’un petit coup de boost pour leur remonter le moral.

5. Ces jours qui disparaissent (Timothé Le Boucher – Editions Glénat)

De quoi ça parle: Lubin Maréchal est un jeune acrobate d’une vingtaine d’années. Après une chute a priori sans gravité, il se rend compte le lendemain matin qu’il a raté une journée entière de sa vie. Mais il n’en garde absolument aucun souvenir. Impossible de se rappeler de qu’il a bien pu faire durant ces dernières 24 heures. Et le même cinéma se reproduit les jours d’après. Désormais, Lubin ne vit plus qu’un jour sur deux. Pire encore: il découvre que pendant ses absences, un autre Lubin prend possession de son corps. Un autre lui-même, mais avec une personnalité totalement différente de la sienne…

Pourquoi c’est bien: Parce que cette BD aborde la schizophrénie de manière très originale. Parce que Timothé Le Boucher est un grand talent à suivre deprès. Parce que ce roman graphique dense et prenant fait preuve d’une virtuosité graphique et scénaristique bluffante de la part d’un tout jeune auteur.

A qui ça plaira: Aux amateurs de récits fantastiques, à ceux qui aiment à la fois le manga et la bande dessinée franco-belge.

6. Natures mortes (Zidrou – Oriol – Editions Dargaud)

De quoi ça parle: Vidal Balaguer, un jeune peintre prometteur issu de l’école des beaux-arts de Barcelone, disparaît mystérieusement à la veille de Noël en 1899. S’est-il suicidé? A-t-il changé d’identité? Personne ne le sait. Ce qui est certain, par contre, c’est que dans les semaines précédant sa disparition, Balaguer refusait à tout prix de vendre un tableau représentant Mar, sa maîtresse, assise nue sur une chaise en train de lire « Crime et châtiment ». Chose étonnante: cette dernière a, elle aussi, disparu quelques mois plus tôt, sans laisser la moindre trace. Et si le jeune peintre cachait un secret inavouable?

Pourquoi c’est bien: Parce que Zidrou nous embarque dans un récit fantastique rempli de faux-semblants et prend un malin plaisir à brouiller les pistes. Parce que les dessins d’Oriol nous émerveillent à chaque page, avec des cases et des toiles de toute beauté, pleines de lumière et de couleurs.

A qui ça plaira: Aux amoureux de Barcelone et aux artistes dans l’âme.

7. Voltaire amoureux (Clément Oubrerie – Editions Les Arènes)

De quoi ça parle: À vingt-quatre ans, François-Marie Arouet n’est pas encore Voltaire mais il est déjà convaincu qu’il passera à la postérité. Sûr de son talent, celui qui deviendra l’une des figures principales du siècle des Lumières rêve de surpasser un jour Homère et Racine réunis. « Oedipe », sa première pièce, remporte d’ailleurs un certain succès, ce qui flatte l’égo de cet auteur ambitieux et mondain, qui répugne à l’idée de devoir travailler pour vivre. Le problème du jeune Voltaire est qu’il scie perpétuellement la branche sur laquelle il est assis. D’un côté, il est prêt à tout pour se faire une place au soleil dans la société aristocratique mais de l’autre, il ne peut s’empêcher de lâcher des répliques assassines dès qu’il en a l’occasion. Forcément, il finit par s’attirer un paquet d’ennuis…

Pourquoi c’est bien: Parce que c’est un livre plein de bons mots et d’esprit. Parce que Clément Oubrerie parvient à donner vie à un jeune Voltaire fougueux et attachant, tout en se basant sur une documentation sans faille. Parce qu’on est dans la même veine que « Pablo », la saga du même Clément Oubrerie (avec Julie Birmant) sur la jeunesse de Pablo Picasso.

A qui ça plaira: Aux férus d’histoire(s) et aux philosophes éclairés.

8. Le meilleur ami de l’homme (Tronchet – Nicoby – Editions Dupuis)

De quoi ça parle: Médecin-proctologue reconnu, Vincent Renard réussit une brillante carrière. Au niveau familial, par contre, ça se passe moins bien. Sa femme et lui sont sur le point de divorcer, mais ils font tout pour le cacher à leur petite fille. Vincent doit également gérer la fougue de sa maîtresse, qui le poursuit de ses assiduités. Mais tout ça n’est rien à côté du tsunami généré par ses retrouvailles avec Kévin Delafosse, un ancien camarade avec qui il jouait au foot dans sa jeunesse et qu’il n’avait plus vu depuis 20 ans. Véritable catastrophe ambulante, ce bonimenteur hors-pair va entraîner Vincent dans une spirale infernale… et le confronter à un passé qu’il croyait mort et enterré.

Pourquoi c’est bien: Parce que c’est férocement drôle, parce que c’est inattendu, parce que c’est une histoire d’amitié qui fait du bien.

A qui ça plaira: Aux amateurs de comédies bien écrites.

9. Culottées – Coffret volumes I et II (Pénélope Bagieu – Editions Gallimard)

De quoi ça parle: Pénélope Bagieu évoque les destinées hors du commun de 30 femmes ayant bravé tous les obstacles pour mener la vie de leur choix. Ces femmes extraordinaires, pour la plupart inconnues du grand public, sont issues de toutes les époques et tous les continents mais elles partagent un grand point commun: celui d’avoir eu le courage de prendre leur destin en main, dans des contextes souvent très hostiles.

Pourquoi c’est bien: Parce que le coffret « Culottées » rassemble les tomes 1 et 2, parce que chaque destin de femme s’accompagne d’une magnifique illustration sur des doubles pages, parce qu’il était temps que quelqu’un redonne enfin une place à ces femmes oubliées de l’Histoire.

A qui ça plaira: A toutes les femmes qui cherchent des modèles à suivre (mais les hommes peuvent certainement aussi lire « Culottées »).

10. Le travailleur de la nuit (Matz – Léonard Chemineau – Editions Rue de Sèvres)

De quoi ça parle: Etait-il un héros ou un salaud? Sans répondre de manière définitive à cette question, « Le travailleur de la nuit » raconte le destin extraordinaire d’Alexandre Jacob, le cambrioleur idéaliste et révolutionnaire qui inspira à Maurice Leblanc le personnage d’Arsène Lupin. Un homme hors normes, qui n’a jamais renoncé à ses idées ni à ses valeurs, même dans l’enfer du bagne.

Pourquoi c’est bien: Parce que ce récit reste d’une actualité brûlante, parce que Matz et Chemineau parviennent à signer à la fois un livre politique et un excellent divertissement.

A qui ça plaira: A tous ceux qui aspirent à plus de justice sociale.