Justice league : la review du film (justice league the movie)

Par Universcomics @Josemaniette
Nous sommes entrés dans la salle, conduits étrangement par la peur du naufrage, et du "game over" inévitable pour Warner et Dc. Par chance Justice League réussit un tour de passe passe / équilibrisme qui va lui être fort utile auprès du grand public. A savoir, avoir suffisamment de défauts et de points faibles pour s'attirer une bonne dose de critiques (surtout de la part des lecteurs pointus de comics) mais aussi avoir su tirer les leçons des échecs ou demi succès précédents, pour proposer un grand spectacle de deux heures pas trop pontifiant, rythmé, qui propose une vraie équipe, de vraies personnalités en devenir, qui se trouvent, parviennent à interagir sans que ce soit trop forcé. Oubliez les billets assassins qui démontent systématiquement cet ouvrage, ce n'est pas non plus cette catastrophe industrielle déclamée, et je vous engage à vous forger votre propre idée. La notre est vraiment contrastée. Les temps sont durs, les temps sont sombres, chez les héros Dc. La violence et le terrorisme semblent être devenus monnaie courante (dès le départ une scène d'attentat déjoué vient annoncer la couleur) et l'espoir qu'incarnait la figure héroïque de Superman repose entre quatre planches, ce qui ouvre aussi la porte à des menaces plus grandes encore que tout ce qui a été aperçu précedemment. Ce n'est donc pas un hasard si depuis quelques temps on peut croiser des paradémons à l'appétit aiguisé par la peur, et si les différentes "boites mères" (les "mother box" permettant de créer des tunnels boom, et chers au Fourth world de Jack Kirby) se trouvant sur la planète, se mettent à s'agiter et envoyer des signaux préoccupants. L'envahisseur arrive, et pas uniquement pour prendre un apéritif au bar du coin. Steppenwolf, le grand méchant du film, est au service de Darkseid, mais à lui seul il possède suffisament de pouvoir pour mettre la patée à n'importe quel justicier masqué. Seul un certain kryptonien pourrait l'arrêter, mais justement, le monde n'a pas encore fini de le pleurer. Du coup, c'est Bruce Wayne et ses ressources faramineuses qui va devoir s'y coller. Pour parer à la menace, une chauve-souris ne suffira pas, mais une équipe de types à super-pouvoirs, ça pourrait le faire? Aidé par Wonder Woman, Batman part faire du recrutement, et à l'ère de Linkedin et d'Internet, il préfère des entretiens face à face, qui ne sont pas tous aussi probants que prévus. Mais l'important, c'est que Steppenwolf arrive, ainsi la Justice League n'aurait-elle d'autre alternative que de se former, et de partir à l'assaut pour sauver les meubles. Au fait, Steppen who? Nous nous le connaissons, mais imaginez la tête des novices qui sont venus se divertir en ayant comme uniques point de repère Superman, Batman, et le Flash de la série CW. Pas certain qu'ils acrochent à ce super vilain, dont l'animation motion capture accuse quelques ratés, et ne décrochera pas l'oscar du genre.  Au départ le film devait aller tutoyer les trois heures. Vous le remarquerez, il n'en reste que deux. Le travail de découpage/recollage/reshooting se fait malheureusement encore sentir, une constante désagréable chez Warner. Certaines scènes promises ont disparues. Le Superman au costume noir? Allez, vous avez rêvé, réveillez-vous. Par contre, vous ne rêvez pas, la Justice League joue bien la carte de l'humour. Même le Batman de Ben Affleck, atteint de sinistrose aigue précedemment, y va de son petit numéro d'humour cabotin, et le Flash de Ezra Miller crée un décalage permanent avec les autres, avec son sentiment d'insécurité et de précarité dans le métier, qui flirte avec le too much mais fait souvent sourire. Aquaman (Jason Momoa) est bel et bien ce matador badass qu'on devinait, mais suinte aussi la vulgarité de ces gros bras de quartier qui se complaisent à mater les plus faibles, à la force de biceps qui leur servent de cerveaux. Rien de royal chez cet Arthur Curry là, qui tient plus du repris de justice (league) hipster. Cyborg est une bonne surprise, son rôle n'est pas que mineur, et il a droit à un traitement respectueux, au point qu'il apparaît décisif quand il s'agit de mener l'assaut frontal final. Wonder Woman (Gal Gadot of course) est fidèle à elle même, à savoir fort limitée dans les expressions faciales et dans l'explosion de sa rage continue, mais disons le franchement, un regard en coin et voilà qu'on lui pardonne beaucoup. Et Superman me direz vous. Et bien je ne peux rien vous dire, il est censé être mort non, et vous redoutez avant tout les spoilers (bande de petits malins, vous le savez bien que Superman, dans un jour de méforme, peut se débarrasser de Steppenwolf d'une baffe de la main gauche, lui qui est droitier, alors vous pensez bien qu'il n'arrivera pas tout de suite dans le film...).
Reste que le divertissement promis est délivré, de manière convenable (même si certaines scènes dans la dernière demie heure ne sont pas d'une grande lisibilité). Le méchant est très unidimensionel, mais après tout, Steppenwolf n'est pas non plus un philosophe tourmenté. En fait on touche là à une des caractéristiques de l'univers Dc, celle de présenter des personnages iconiques, tout d'un bloc, qui se prêtent moins au second degré, au fun tout en bulles pétillantes, que propose Marvel Comics, au risque de tomber dans l'evanescence. Chez Dc la lumière est souvent absente (là encore il fait sombre dans la salle) et le bien et le mal très marqués, distincts, et se succèdent sans finesse apparente. C'est du super héroïsme pompier, qui n'a aucun message à faire passer, aucun second degré à glisser entre une scène et l'autre, c'est du rentre dedans, du bourre pif au kilomètre, de l'explosion à doses massives. Mais c'est aussi un produit calibré pour l'entertainment, une genesis story qui a un sens et une linéarité évidente, et offre du costumé et du super pouvoir sans s'épargner. Snyder et Whedon ont chacun contribué à sauver les meubles, temporairement, mais laisse toujours Dc et Warner devant le cruel constat que l'après Dark Knight est encore à inventer.



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