Au revoir là-haut de Pierre Lemaitre

Par Aufildesplumes

Au revoir là-haut de Pierre Lemaitre, Albin Michel

Pour résumer:

« Pour le commerce, la guerre présente beaucoup d’avantages, même après. »

Sur les ruines du plus grand carnage du XXesiècle, deux rescapés des tranchées, passablement abîmés, prennent leur revanche en réalisant une escroquerie aussi spectaculaire qu’amorale. Des sentiers de la gloire à la subversion de la patrie victorieuse, ils vont découvrir que la France ne plaisante pas avec ses morts…

Ce que j’en pense:

Tout commence en pleine guerre 14- 18 dans une tranchée. Les soldats ont entendu parler d’un armistice imminent mais Henri D’Aulnay- Pradelle ne l’entend pas de cette oreille. Il envoie donc ses soldats en pleine offensive. C’est dans ce cadre que se rencontrent Albert Maillard et Edouard Péricourt. Leurs destins vont se heurter de façon violente et les lier à jamais.

Difficile de résumer un tel roman… L’intrigue est tellement riche qu’il faut choisir subtilement ses mots afin d’éveiller la curiosité sans pour autant gâcher la surprise de cette histoire fantastique. Car, oui, ce roman est un pur chef d’oeuvre! Vous devez vous dire que pour le coup j’en fais un peu trop? Laissez moi vous convaincre.

Lire Au revoir là- haut, c’est avant tout se plonger dans une autre époque. On y découvre une France qui panse douloureusement ses blessures. J’y ai découvert la réhabilitation des Poilus dans la vie quotidienne. Pas toujours facile après tant d’horreur de revenir tranquillement à sa vie d’avant. Avec ce roman, j’ai également découvert les Gueules Cassées. Je connaissais le terme mais je n’avais jamais été confrontée aussi directement à ces grands blessés. En effet, Edouard Péricourt, l’un des personnages principal fait partie de ces hommes qui ont perdu une grande partie de leur visage à cause d’un éclat d’obus. Les descriptions de Pierre Lemaitre m’ayant intrigué, je suis d’ailleurs allée jeter un œil sur Google et franchement… Je ne sais même pas quoi dire…

Ce roman m’aura également permis de vivre à travers les yeux d’un personnage les horreurs de la guerre. Se jeter sous la mitraille, la peur au ventre, sans savoir si on reviendra jusqu’à la tranchée… La scène d’ouverture m’a particulièrement bouleversée. Pierre Lemaitre n’y va pas par quatre chemins et il m’a littéralement téléporté dans son histoire.

L’intrigue de ce roman est donc très forte émotionnellement parlant et en même temps, il y a un petit côté barré qui ne la rend pas larmoyante. Le lecteur suit les personnages dans leurs péripéties et s’attache à eux de façon quasi instantanée.

Mon Dieu, les personnages… Ils paraissent si vivants, tellement de chair et de sang… Albert le peureux, grand angoissé de nature qui suit aveuglément Edouard un ancien bourgeois au caractère bien trempé. Ces deux là se sont trouvés par hasard mais forment un duo tragi- comique de choc! La façon dont ils interagissent est fascinante.

À ce stade de la chronique, vous avez sûrement compris que j’ai eu un coup de cœur pour ce livre. Pourtant, je ne vous ai toujours pas parlé de l’écriture en elle même… Et bien là aussi, c’est magistral! Franchement, c’est beau! C’est douloureusement sublime. Certains passages m’ont rappelés le style d’Émile Zola. Les descriptions sont travaillées mais laissent également libre cours à l’imagination du lecteur. C’est subtil et accrocheur. Certains passages descriptifs pourraient franchement rebuter, je pense notamment aux descriptions concernant la blessure d’Edouard, mais non, il n’en est rien. Par moment, je me suis surprise à relire un passage, ébahie par la beauté de la langue.

Je ne suis pas surprise que ce roman ait été primé. Je comprends qu’il ait connu une adaptation BD et cinématographique. La vraie question c’est: Ces deux adaptations seront elles à la hauteur?

Je pense que Au revoir là- haut rentrera dans les Grands Classiques de la littérature française. Pierre Lemaitre signe avec ce roman une oeuvre magistrale et bouleversante.

Bref:

J’ai eu un énorme coup de cœur comme j’en ai rarement eu.

Si je devais le noter: