Les corps inutiles de Delphine Bertholon

Par Aufildesplumes

Les corps inutiles de Delphine Bertholon, JC Lattès

Pour résumer:

Clémence vient d’avoir quinze ans, de terminer le collège. Un nouveau cycle s’ouvre à elle, lorsqu’elle est agressée, en plein jour et en pleine rue, par un inconnu armé d’un couteau. Ce traumatisme inaugural – même si elle n’en a pas encore conscience – va contaminer toute son existence. En effet, l’adolescente réalise qu’elle perd progressivement le sens du toucher…
À trente ans, Clémence, toujours insensible, est une célibataire endurcie, solitaire et sauvage. Après avoir été maquilleuse de cinéma, la jeune femme se retrouve employée de la « Clinique », une usine d’un genre particulier. En effet, la Clinique fabrique des poupées… mais des poupées grandeur nature, hyper-réalistes, destinées au plaisir – ou au salut – d’hommes esseulés.
Le roman déroule en alternance l’histoire de Clémence adolescente, hantée par cette agression dont elle n’a jamais osé parler à sa famille, et le récit de Clémence adulte, assumant tant bien que mal les conséquences, physiques et psychologiques, de son passé.
Mais la vie, comme toujours, est pleine de surprises.

Ce que j’en pense:

Il y a des lectures dont on ne sort pas indemne…

L’histoire de Clémence m’a prise aux tripes et m’a littéralement retournée. Le récit de cette jeune fille victime d’une agression sexuelle à ses 15 ans et terriblement prenant. Dès la page 9, le ton est donné. Je me suis laissé emporter dans la tourmente et dans les méandres des mots. Le récit est bien construit et sa mécanique impitoyable fait de nous les témoins d’une longue convalescence. L’histoire m’a terriblement émue… En effet, comment ne pas s’identifier à Clémence? Pleins de questions m’ont traversé la tête durant ma lecture mais les deux qui revenaient régulièrement étaient « Et si c’était moi? » et « Et si c’était mes filles? ».

On s’identifie donc très facilement au personnage de Clémence. Elle est bouleversante, terriblement humaine. Elle est fragile et forte à la fois. Elle représente toute la complexité de l’être humain. J’ai ressenti beaucoup d’empathie pour ce personnage qui emplit tout le roman de sa présence ensorcelante.

L’écriture quant à elle est tout simplement magistrale. Je pense que je vais rester longtemps hantée par certains passages notamment par une scène se déroulant dans les toilettes vers la fin du roman. Le roman se termine en apothéose. J’ai eu la sensation de lire une grande oeuvre.

J’ai terminé ce livre tard dans la nuit, tremblante, bouleversée. J’ai posé le livre sur ma table de chevet et j’ai éteint la lumière. Cette nuit là, je n’ai pas trouvé le sommeil… Le lendemain, j’ai parlé de ce roman à mes collègues de travail avec beaucoup d’émotion, avec l’impression d’être encore à vif. L’une d’elle l’a lu en une soirée. Elle est venue me voir le matin en me disant qu’elle aussi elle avait lu ses Corps Inutiles. Nous avons échangé un regard et j’ai su qu’elle aussi était bouleversée.

Bref:

Un véritable coup de cœur.

Si je devais le noter: