Comment vivre en héros ? de Fabrice Humbert

Par Krolfranca

Comment vivre en héros ?

Fabrice Humbert

Gallimard

17 août 2017

410 pages

Tristan Rivière fuit à 16 ans en abandonnant son entraîneur de boxe, qui se fait tabasser par trois hommes et un poing américain. Dès lors, il devient Tristan le lâche. Dix ans après, il va devenir Tristan le héros puisqu’il va sauver sa future femme agressée par une bande de jeunes dans le métro.

Fabrice Humbert s’amuse à nous présenter plusieurs vies de Tristan, et le lecteur s’amuse à les lire. Le ton est alerte, l’humour est présent. Trente-huit secondes, il a fallu trente-huit secondes à Tristan pour convoquer sa vie, pour la rendre captivante mais il n’en sera pas ainsi à chaque épreuve.

Car ce héros n’en est pas un, il est un homme comme les autres avec ses faiblesses, ses petites lâchetés, ses décisions unilatérales qui vont détruire son couple, son manque de communication avec ses enfants, sa fatuité parfois.

Si j’ai lu les cent premières pages avec enthousiasme, si elles m’ont surprise, amusée, c’est un peu moins vrai pour la suite. J’ai trouvé le roman très inégal et trop éparpillé.  La peinture du socialisme des années Mitterrand et Rocard, est caustique à souhait, ce qui est plutôt un bon point. Mais je me suis essoufflée en même temps que les personnages, surtout lorsque Tristan est devenu maire de Vinteuil et a laissé partir à vau-l’eau sa famille. La dernière partie avec la création de l’usine (boite branchée à la mode) par la fille de Tristan a achevé de m’ennuyer.

C’est donc une lecture en dents de scie, parfois grinçante, parfois plaisante, parfois gentiment soporifique, parfois drôle, parfois caustique, j’ai beaucoup de mal à expliquer pourquoi ce livre, au final, me laisse un goût étrange de pas assez. Je crois que j’aurais préféré que l’auteur creuse davantage la piste des possibles, des différentes vies hypothétiques.

Ne se demande-t-on pas nous-mêmes, parfois, quelle aurait été notre vie si nous avions pris une autre décision (rupture amoureuse, parcours professionnel, amitiés) ? Et l’écrivain, n’est-il pas sans cesse dans cette incertitude, les choix narratifs se posant constamment à lui.

Je n’ai pas retrouvé le souffle et la puissance des deux autres titres que j’avais lus : L’origine de la violence et Avant la chute. Ce titre m’a semblé plus anecdotique, j’ai eu l’impression qu’il survolait son sujet sans jamais se poser et approfondir le propos. Peut-être parce qu’il y a trop d’événements (« too much » pour certains comme le destin du fils), peut-être parce que, finalement, il ne répond pas à la question du titre.