Les huit montagnes de Paolo Cognetti

Par Bib Hlm @bibHLM

Merci à vous, pour cette opportunité de lecture !

Pietro est un garçon de la ville, Bruno un enfant des montagnes. Ils ont 11 ans et tout les sépare. Dès leur rencontre à Grana, au coeur du val d'Aoste, Bruno initie Pietro aux secrets de la montagne. Ensemble, ils parcourent alpages, forêts et glaciers, puisant dans cette nature sauvage les prémices de leur amitié.
Vingt ans plus tard, c'est dans ces mêmes montagnes et auprès de ce même ami que Pietro tentera de se réconcilier avec son passé - et son avenir.
Extrait : [...] c'est bien un mot de la ville, ça, la nature . Vous en avez une idée si abstraite que même son nom l'est. Nous, ici, on parle de bois, de pré, de torrent, de roche. Autant de choses qu'on peut montrer du doigt. Qu'on peut utiliser. Les choses qu'on ne peut pas utiliser, nous, on ne s'embête pas à leur chercher un nom, parce qu'elles ne servent à rien.

Quand je tombe amoureuse d'un roman, mon cerveau débloque et je ne sais plus quoi dire à son sujet. Un peu comme si je n'avais pas trop envie de donner des arguments de lecture aux autres, histoire de le garder pour moi. C'est exactement l'impasse dans laquelle je suis avec Les huit montagnes de Paolo Cognetti. J'ai envie de mettre une ribambelle de cœurs pour composer mon avis de lecture et en verdict, de vous dire : lisez-le, vous verrez bien.

Paradoxalement, ce roman, on peut le résumer en deux citations :

Il n'y a rien de mieux que la montagne pour se souvenir.
Il n'y avait rien de mieux qu'une longue nuit dans ma tanière sur la montagne pour me remettre à neuf.

Ce roman, c'est l'histoire de Pietro et celle de Bruno, l'un vient de la ville et l'autre de la montagne. Ils se rencontrent à Grana dans le Val d'Aoste et s'y retrouvent tous les étés pendant les vacances de Pietro. Ils se rencontrent, s'apprivoisent et tissent une amitié solide et fulgurante.

L'un est observateur, taiseux et réfléchi, l'autre est agile et sensible. L'un est fort, l'autre futé. Pas d'ambiguïté entre eux, ils partagent une amitié simple et sincère. Une amitié fraternelle, fusionnelle et amoureuse. Ensemble, ils vont parcourir la montagne, vivre mille et une aventures. Il vont tout partager et puis se perdre de vue, pour mieux se retrouver.

On assiste à la naissance d'une amitié qu'on jalouse aisément.

On assiste à la construction d'un homme, celle de Pietro avec ses souvenirs de jeunesse, ses choix, ses questionnements et les prémisses de son émancipation. Son rapport à la vie. Ses relations avec ses parents, notamment son père. Un père incroyablement inspirant... Enfin, ça, c'est ce qu'il projette. Pietro, lui, le voit plutôt un homme envahissant, despote et pénible. Il ne se reconnaît pas dans le regard de son père et d'ailleurs, lui-même ne connaît pas son père. La grande question de ce roman ? Vont-ils avoir le temps de se découvrir ?

On assiste à l'histoire d'amour entre un homme et la montagne. Histoire d'amour qui se transforme rapidement en triangle amoureux... Parce que le lecteur, lui aussi, est invité à tomber amoureux au fil des pages. Je suis tombée amoureuse.

Ce roman, c'est un bout d'héritage. C'est une histoire de filiation. C'est une histoire de construction, de réalisation de soi. C'est une histoire de rencontre. C'est une histoire de solitude. C'est une histoire de rupture et de réparation. C'est une histoire de souvenirs. C'est une histoire d'homme. C'est une histoire de père. C'est une histoire de fils.


C'est un roman mélancolique, plein de nostalgie. D'une beauté à couper le souffle. Il m'a donné des envies de montagne, des envies de neige... C'est une prouesse pour l'amoureuse du soleil que je suis.

Bonus : Les huit montagnes de Paolo Cognetti m'a fait l'effet d'une madeleine de Proust.. Avec Pietro, avec Bruno, j'ai revécu mes vacances d'été en famille à la montagne. Les balades avec pour unique objectif : la vue. Les sentiers qui n'en sont pas. Les rencontres chaleureuses entre marcheurs qui ne se connaissent pas. Les messages laissés de part et d'autre du parcours, pour les suivants. Les explications de mon père, son enthousiasme pour les petites choses. Plus jeune, j'ai détesté la montagne, aujourd'hui encore, je ne m'en approche que très peu... Enfin, ça, c'était avant ma lecture.

Date de parution : 23/08/2017