Le nouveau monde (T1) – l’épée du conquistador

Par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

Chronique « Le nouveau monde (Tome 1) »

Scénario de François Armanet & Jean Helpert, dessin de Xavier Coyère, couleurs de Isa cochet et Christian Lerolle,

Public conseillé : Adultes / adolescents,

Style : Aventure historique,
Paru aux éditions Dargaud, le 22 septembre, 13.90 euros,
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L’Histoire

Espagne, 1606. Écrivant ses mémoires, un vieux moine se souvient…
1520, Cortes et une poignée d’espagnols conquièrent la cité de Tecnochtitlan, en tuant le grand Moztezum, l’empereur Aztèque, grâce à l’aide des indiens Tlaxcatlèques. Après la bataille, Leur chef Xicotenga réclame le sacrifice des enfants de l’empereur. Mais Cortes s’oppose et réussit à sauver du massacre la plus jeune enfant…
Rome, 1536. Dans ses appartements, le Pape met à l’épreuve le jeune moine Marcos. Certain que ce dernier considère que les indiens possèdent, tout comme les musulmans et les juifs, une âme immortelle, il l’envoie au nouveau monde. Sa mission : les fabuleuses cités de Cibola au nord, pour vérifier si l’Eldorado existe ?

Ce que j’en pense

Les aventures historiques sur fond d’Eldorado, qui mélange imaginaire et violence, on en avait déjà eu quelques-une en BD (“Conquistador” de Dufaux et Xavier, ou même le dernier tome de “Long John Silver” Pour ne citer que les dernières). “Le nouveau monde”, je ne l’attendais pas. Aux manettes, nous trouvons une équipe de vrais-faux débutants. François Armanet, journaliste, romancier et rédac’chef signe ici son premier scénario de bande dessinée, au côté de Jean Helper. Xavier Coyère, au dessin, qui avait réalisé la mini-série “Mékong”, assure le visuel. Ce trio atypique nous livre un premier tome plus que prometteur.

Le duo de scénaristes nous entraîne dans une époque précise et documentée. 20 ans après la victoire de Cortes sur les aztèques, Marcos, un jeune moine aux aspirations humanistes est envoyé par le pape en mission vers le nord et les cités d’or… Avec ce pitch, on pourrait s’attendre à du réchauffé, en accumulant les poncifs sur les pauvres indiens et les méchants conquistador. Mais “Le nouveau monde”, n’est pas un enième “Aguire, la colère de Dieu”. Il faudrait plutôt se référencer aux films “Apocalypto” (de Mel Gibson), qui dépend la civilisation aztèque dans toute sa violence et “Mission” (de Roland Joffé), qui montre l’affrontement brutal entre intérêts célestes et terrestres.

François Armanet et Jean Helpert construisent une version réaliste de cette époque. Pour que l’aventure prenne un sens dramatique et humain, ils jettent aux côtés du jeune moine Marcos, des personnages haut en couleur, historiques et fictionnels. Le violent comte Guzman, grand d’Espagne et favoris de Charles Quint, qui s’est juré d’épouser Doña Isabel, la dernière fille de l’empereur aztèque, pour asseoir son pouvoir. Mais aussi un étrange guerrier noir, ex-esclave, intelligent et rebel. Sans oublier l’inquisiteur, qui représente un danger permanent.
Ces personnage mènent une danse de vie et de mort, dans un contexte historique dramatique et épique. C’est cet équilibre entre passions humaines et réalisme historique que j’ai apprécié. Pour tenter le parallèle, je dirais que j’y ai trouvé les qualités de la série “Murena” de Jean Dufaux et Philippe Delaby.

Au dessin, Xavier Coyère est au niveau. Il apporte tout ce qu’un amateur de BD d’aventure peut attendre. Son trait réaliste accroît la crédibilité du récit. Le découpage en 3 strips exploite les grandes cases si nécessaire, en restant ultra lisible. Les scènes “historiques” (le palais du vice-roi d’Espagne et la cité Aztèque), tout comme les moments d’action où ça féraille sec, sont dynamiques et précis. Pour un peu, je m’y plairais, bien moi, dans cet Eldorado de papier,
Enfin, le trait de Xavier est mis en couleur par Isa cochet et Christian Lerolle (deux coloristes et dessinateurs de renom) qui “ambiancent” sobrement les planches. Une réussite, je vous dis !