Hop, hop, hop, gravissons le mont Blanc

Par Lucie Cauwe @LucieCauwe

Une image contemporaine de l'exploit de Saussure et ses 17 guides. 



Voilà un album jeunesse au dessin infiniment délicat qui retrace l'aventure vraie que vécut en 1787 le naturaliste et géologue suisse Horace Bénédict de Saussure quand il escalada le mont Blanc, réalisant ainsi son plus grand rêve. Une histoire vraie que l'auteur-illustrateur français Pierre Zenzius rend attirante pour les enfants dans ce premier album  quasi sans texte titré "L'ascension de Saussure" (Rouergue, 40 pages). Un régal pour les yeux car tout est à examiner dans les images sur doubles pages.
Dans des paysages grandioses s'aventurent une suite infinie de personnages aux chargements divers. Ils accompagnent Horace Bénédict de Saussure dont une courte biographie ouvre le livre. Une ribambelle d'adultes équipés pour la montagne et un chien serpentent le long des sentiers, petites fourmis dans une nature immense. De jour en jour, ils avancent, le pied sûr ou plus maladroit au réveil. Leurs moyens sont ceux d'alors, plutôt les moyens du bord, échelles, cordes... Ils avancent, s'aident. Quand l'un ou l'autre glisse, les autres viennent le repêcher. C'est à la fois impressionnant et cocasse, hautement réjouissant en tout cas, jusqu'à la surprise finale qui permet d'identifier le narrateur. Quant à la descente, elle se déroule en quatrième de couverture.
Pour concocter ce récit, l'auteur-illustrateur s'est librement inspiré de deux ouvrages de Horace Bénédict de Saussure, "Journal de l'ascension du mont Blanc" et "Voyages dans les Alpes". Son "Ascension de Saussure", impressionnant par sa qualité graphique et délicieux par les innombrables scènes que racontent ses images, fait un peu penser, mutatis mutandis, aux premiers Tours de France, quand il était bienvenu de s'amuser à la bonne franquette sur son vélo. Les splendides dessins de Pierre Zenzius semblent également inspirés aux livres d'aventures anciens où les humains apparaissent minuscules dans les décors pour faire ressentir la grandeur des paysages - François Place avait utilisé ce procédé inhabituel aujourd'hui dans "Les derniers géants" (Casterman, 1992). Mais si les alpinistes sont tout petits, les paysages dans lesquels ils évoluent relèvent de la fiction. Peut-être l'artiste s'est-il inspiré également des dessins de l'époque, montrant l'apprenti-alpiniste suisse accompagné de ses dix-sept guides. Une fameuse cordée!



Les quatre premières doubles pages. (c) Rouergue.