Mato Grosso de Ian Manook

Par Thelovebook @TheLoveBookBlog

Par May Lee dans Manook Ian le

"Cette folie m'a gagné. Elle est en moi à présent, là où mes sentiments pourrissent et se délitent eux aussi pour former l'humus de cette déraison qui m'enivre de l'intérieur."

Ian Manook nous a habitué à différents genres, les livres Jeunesse avec Tarko (T1 L'homme à l'oeil de diamant et T2 Le secret de Pachamama, déjà disponibles en attendant - impatiemment - le dernier tome) et ses polars mongoles ( Yeruldelgger, Les Temps sauvages et la Mort nomade). Véritable auteur nomade, tout comme ses livres, il nous propose cette fois un livre difficile à classer mais qui se rapproche de la littérature blanche. Tellement que j'y ai retrouvé un peu de "Hygiène de l'assassin" d'Amélie Nothomb ; ce fameux duel de mots entre deux protagonistes, ces joutes verbales, ces dialogues qui semblent déterminer l'avenir de chacun et dont l'issue est incertaine. Mais il est question aussi de voyages, le Brésil ici à travers le Mato Grosso incarne un personnage à part entière. Cette histoire est un véritable récit de route, tel un Jack Kerouac, il nous offre ses aventures et son vécu nous les rend bien plus attrayantes.

Je suis totalement conquise par cette nouvelle proposition, la plume nous offre de superbes passages qui font battre mon petit coeur amateur de belles lettres. Amoureuse des mots, mon esprit est comblé. Les descriptions crues, sans fioritures, sans mensonges, nous invitent au voyage. Elles nous donnent d'autant plus envie de partir à la découverte de cette région, parce qu'elles exsudent de sincérité et de vérité. Ce n'est pas une sinécure que d'entreprendre cette expédition brésilienne, mais cette violente beauté est tellement bien retranscrite qu'on ne peut que succomber.

"Et maintenant il est mort. Il n'est plus rien. Même plus cet autre qui m'exaspérait. Ce n'est plus qu'un cadavre. Et moi, je suis toujours le même. Exactement le même."

Les errements du personnage principal à travers les deux niveaux du livre nous entraînent dans des labyrinthes émotionnels. Cette confusion qui lui est propre devient nôtre. On a l'impression que Ian Manook a couché sur le papier ses propres sentiments. Nous offrant ainsi le plus beau cadeau qu'un auteur puisse faire à ses lecteurs, le don de soi.

Oubliez les précédents écrits afin d'aborder ce livre de la meilleure façon (et la seule) qui soit, la poésie qu'il s'en dégage, les somptueuses douleurs et l'authenticité en font également un roman noir... inclassable vous dis-je.