[Ecriture – Commencer son premier roman] Oser la première ligne

Par Rose @secretsderose

 Bonjour, bonjour !

Je reviens après une petite semaine de pause pour vous présenter le nouvel épisode de notre série sur l’écriture. Maintenant que l’on a fait tout ce qu’il faut pour préparer, plus ou moins efficacement notre roman, il va falloir se lancer dans l’écriture des premières lignes. Et, l’air de rien, ce n’est pas aussi simple que ce que l’on pourrait penser. Écrire, c’est se donner, se donner corps et âme à nos personnages, notre histoire. Cela demande des sacrifices, mais surtout cela demande de montrer une part de nous que l’on n’est peut-être pas prêt à montrer à tout le monde. Et croyez-moi, j’en sais quelque chose. D’un naturel timide et introverti, les gens découvrent bien plus de moi dans mes écrits que dans ce que je peux dire ou dégager au jour le jour ! Alors aujourd’hui, on va voir ensemble quelques petites astuces pour oser écrire les premières lignes et surtout continuer !

C’est un peu le moment fatidique, armé(e)s d’une boisson chaude, de nos différentes fiches et surtout de toutes nos bonnes résolutions, parce que cette fois l’on s’est dit : « c’est la bonne, je me lance une bonne fois pour toutes, et je verrais bien où cela me mène », on se penche clavier ou stylo à la main dans le début de cette belle et grande aventure. Et puis là, c’est le drame. Il y a toutes ses paroles insidieuses, distillées par notre cerveau et le manque cruel de confiance en nous, qui viennent trotter à l’orée de notre conscience. « Et si c’est nul ? » ; « Est-ce que je suis vraiment fait pour écrire » ; « À quoi ça sert de toute façon, ils sont déjà tellement à écrire, qu’est-ce que je peux bien faire de plus ? » ; « J’ai une plume affreuse. » ; « Personne ne va aimer mon histoire. ». Bref, je ne vais pas vous faire de dessin, on est tous passés par là, et c’est normal. Pour ma part, je trouve qu’avoir une trop grande confiance en soi dans un domaine artistique, c’est faire preuve d’une arrogance sans borne. J’estime que c’est l’humilité qui révèle les grands talents, ceux qui savent se remettre en question, accepter la critique, et surtout qui ne s’estiment pas au-dessus des autres. Bien sûr, je ne dis pas qu’il ne faut pas avoir confiance en soi, bien au contraire, c’est même très important, mais qu’il faut trouver un juste milieu, celui qui vous permettra de faire preuve de sensibilité dans vos écrits.

La première ligne est importante et très difficile, pour la simple et bonne raison que l’on sait que l’avis d’un public se fait généralement sur les premières, ce qui les rend encore plus compliquées à aligner. Mais le combat premier n’est pas contre les lecteurs et leur hypothétique pouvoir, mais contre nous même, contre l’enfant terrorisé qui sommeille encore en nous à ce moment-là. Les premiers mots, phrases, paragraphes marquent le début d’une introspection personnelle, parce qu’écrire c’est aussi savoir se retrouver au travers des mots. C’est peut-être ce qu’il y a de plus effrayant, bien avant de savoir si oui ou non on a du talent.
Personnellement, j’ai fait le choix d’aller au-delà de ces considérations à partir du moment où je me suis rendu compte qu’écrire était libérateur, et que je me sentais bien mieux après avoir bruni mes cahiers. À cette époque, je me fichais d’avoir du talent du moment que je parvenais à respirer. Ensuite, j’ai compris que mon style mâterait avec moi. D’une plume d’ado, je suis passée à celle d’une adulte. Je sais que j’ai encore beaucoup de chemin à faire avant que ça soit parfait, mais au moins, maintenant, je peux faire ce que j’aime sans avoir de complexe à ce niveau.

Il faut généralement plusieurs chapitres avant que l’on puisse évaluer le potentiel d’une œuvre. Personnellement, je sais que si je n’arrive pas à dépasser le chapitre trois d’un de mes projets, ça ne sert à rien de continuer, je n’y parviendrais jamais. C’est comme ça que j’ai abandonné plein de textes. À cette époque-là (durant ma folle jeunesse), je développais une sorte de complexe à écrire, à avoir des loisirs différents des autres ados de mon âge. Parce que c’est bien ce que c’était, un loisir : tout comme l’équitation ou la natation ont pu l’être. Et plus tard, j’ai compris qu’il n’y avait aucune honte à y avoir !
Et c’est pareil pour tout le monde, il n’y a pas de honte à écrire, pas de peur à avoir, la première ligne peut-être aussi simple que toutes les autres, parce que même si elle signifie le début de quelque chose, elle doit avant tout vous procurer une joie et une fierté immense : « J’ai réussi à l’écrire ! ». 

Pour les plus frileux d’entrevous, voici quelques petits trucs pour parvenir à écrire cette fantasmagorique première ligne avec plus de facilité. 
Bannir les questions qui fâchent

Plus facile à dire qu’à faire, j’en conviens. Encore aujourd’hui, mes petits démons me mettent souvent la tête à l’envers, et c’est normal. On ne peut pas être au top de notre forme tous les jours. Mais ces questions nous font généralement plus de mal qu’autre chose (je pense que je ne vous apprends rien). Plus on laisse de place à ses interrogations, plus on prend le risque de leur accorder bien plus de place. Et ruiner notre confiance en nous pendant l’écriture d’un roman (nouvelle, poème, théâtre…) ce n’est généralement pas ce qu’il y a de mieux. En résulte, une remise en question très souvent douloureuse, le syndrome de la page blanche, des blocages en tout genre, et malheureusement l’arrêt de certains projets. L’écriture ne doit en aucun cas être synonyme de stress, de malêtre ou de douleur. Bien au contraire, cela doit faire du bien. Si vous vous rendez-compte que l’écriture a des effets négatifs sur vous, il serait peut-être bon de reporter l’écriture à une période plus propice, ou de changer de projet pour le moment et revenir après dessus.
Le plus important, c’est de persévérer. Ne vous laissez pas submerger par le stress, la peur de la critique ou de l’avis des autres, ça n’a aucune espèce d’importance. Prenez du plaisir à ce que vous faites, prenez votre temps. On ne peut pas tous écrire un premier jet en trois mois comme Stephen King, parfois on a besoin de laisser le temps à nos idées de mûrir, n’hésitez pas à prendre ce temps ! Au final, on arrive tous au même point : un roman agrémenté d’un point final. 

Pas de pression, la relecture est là !

Beaucoup se mettent une pression d’enfer (et moins la première) pour que leur premier jet soit le plus parfait possible. Or, ce n’est en rien une obligation. Un premier jet est TRÈS rarement parfait. Il va avoir besoin de corrections, certains passages seront supprimés, d’autres ajoutés, beaucoup de phrases vont être tronquées et cela vous fera du mal parce que vous aurez l’impression de détruire vos nombreux mois de travail. Ce qu’il faut comprendre, c’est que, bien loin de détruire le fruit de votre labeur, il aura justement pour but de le rendre meilleur encore.
Ensuite, vous aurez aussi vos bêta-lecteurs qui seront là pour vous aider. Donc, pas de pression ! Et écrire à la cool, c’est quand même bien mieux !

Une scène/chapitre test ?

Un peu comme ce que je faisais avec mes trois premiers chapitres, écrire une scène, peut-être même un chapitre en entier pour vous rendre compte de la manière dont vos personnages interagissent, de si votre plume vous convient. Faire vos premiers tests en clair. Il se peut que durant cette première expérience d’écriture, vous compreniez que certains aspects ne collent pas ou qu’il vaut mieux changer de type de narration, ou que sais-je encore ? C’est une bonne méthode pour commencer, se faire une idée de ce que demande l’écriture et en apprendre aussi un peu plus sur votre roman et sur vous même ! 

Fixons-nous des objectifs !

Je pense que la peur la plus répandue parmi les auteurs est celle de ne pas réussir à terminer le roman commencé. C’est une peur légitime et presque « normale » dirais-je. Pour en venir à bout, il est bien de se fixer des objectifs. Qu’ils soient quotidiens, hebdomadaires ou mensuels… ils peuvent vous aider à garder la motivation des premiers jours. Par exemple : vous souhaitez écrire un roman de 100 000 mots, avec une moyenne de 20 000 mots par mois, vous avez de nombreux outils qui peuvent vous permettre d’atteindre un tel palier. Il est parfois plus motivant de se confronter à soi-même et de se prouver que l’on est capable de réaliser le défi que l’on s’est fixé. C’est un peu le même principe qu’avec le NanoWrimo !

Pour résumer cet article : osez, ayez confiance en vous, en vos idées, en vos personnages, ne vous prenez pas la tête pour des histoires de styles, de genre, de critique, d’avis, vous aurez tout le temps de le faire plus tard. Pour l’instant, prenez du plaisir à l’écriture, n’ayez pas peur de votre carnet ou de votre traitement de texte, ils ne vont pas vous manger ! Gardez en tête que même si vous mettez une partie de votre âme entre les lignes de votre récit, il vous le rendra toujours d’une manière ou d’une autre. Et le lecteur le sent ! 

C’est donc tout pour aujourd’hui.
Amusez-vous bien à l’écriture de votre roman,

En attendant, je vous souhaite toujours plus de jolies découvertes ! 

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