Hedge Fund (T4)

Par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

Chronique « Hedge Fund (Tome 4) »

Scénario de Philippe Sabbah & Tristan Roulot, dessin de Patrick Hénaff,

Public conseillé : Adulte / adolescent,

Style : Polar financier,
Paru aux éditions « Le Lombard », le 1er septembre, 12 euros,
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L’Histoire

De nos jours en Erythrée, dans la zone portuaire de Massaoua, un reporter prend discrètement la photo d’un enfant qui confectionne des chaussures de sport pour dénoncer son travail de nuit. Il est tout de suite pris en chasse par les milices armées du président-dictateur de ce pays pauvre de la corne africaine. Il se met à l’abri et transfère les données via son téléphone portable.
En fait, le destinataire de ces données est Franck Carvale qui se refait une virginité en affaires. Franck interrompt le PDG de Sprint Inc. en pleine assemblée générale d’actionnaires afin de dénoncer le non-respect de la charte environnementale par un sous-traitant de la société Sprint. Suite à ce coup d’éclat qui attire l’attention des journalistes, une riche et belle héritière assez impressionnée par sa prestation se rapproche de lui pour confier une mission d’investissement dans son pays d’origine, l’Erythrée.

Ce que j’en pense

Je dois dire que pour moi ce 4ème tome est plutôt une bonne surprise. Il est vrai qu’Hedge Fund se présentait au départ comme une trilogie sur la crise financière de 2007 et des fameux subprimes, ces produits incroyablement prometteurs qui se sont révélés finalement assez destructeurs. C’est un thriller financier comme je les aime dans la droite ligne des films référence (« Wall Street » d’Oliver Stone, « Margin Call » et « Les loups de Wall Street »). L’argent ne dort jamais. Il doit s’investir parfois à tort et à travers d’où les Hedge fund, dont certains peuvent faire basculer des Etats. Cela peut faire froid dans le dos.

On retrouve avec plaisir le personnage de Franck Carvale, le golden boy qui a bien évolué depuis le premier tome entre arrogance et ambition. Il s’est frotté au puissant homme d’affaire Ergyu Bilaker, son mentor, qui lui a appris le métier. Il est passé également par la case prison. Mais le revoilà de retour à la tête de son puissant fond d’investissement Bright Capital. Il compte bien se refaire une virginité après s’être fait manipuler. Franck n’est plus seulement à la recherche d’un résultat financier mais il milite pour une conception différente de la finance, comme il l’explique devant un parterre de journalistes. On comprend que ces thèmes d’éthique sont plus que d’actualité.

Ce tome annonce une nouvelle trilogie qui va se concentrer sur le 5ème pays le plus pauvre au monde à savoir l’Erythrée. On va apprendre plein de choses assez intéressantes sur cet état un peu méconnu de l’Occident qui est classé dernier en termes de respect des droits de l’homme. Le président dictateur aurait mis tout un peuple en esclavage. Franck va se rendre sur place avec cette héritière qui rappelle étrangement Paris Hilton en version black.

Sous couvert de trame ayant pour thème l’économie mondiale, il y a également un fort aspect géopolitique. On voit par exemple les chinois qui viennent investir en masse dans ces pays pauvres pour en tirer les matières premières nécessaires à leur développement. Il y a malheureusement également ce dictateur qui fait construire un palais de marbre alors que son peuple est victime de la famine. Il y a également une critique des démocraties occidentales qui ont fermé les yeux durant 30 ans de guerre de sécession qui a abouti à ce piètre résultat.

Un mot sur le dessin pour dire qu’il permet une lecture plutôt agréable qui ne fera pas dans l’austérité. L’univers est bien installé et les personnages sont criants de nature. Il y a une belle complémentarité entre le scénario et le graphisme.