La tour de babylone de Ted Chiang – qui a dit qu’écrire des nouvelles était facile ?

Par Ciena Ollier @cienaollier
La tour de babylone Publié par Folio le 30 avril 2010
Genre: Fantastique, Science Fiction
Pages: 416
Format: Livre papier
Lu par : Aurore


A Babylone, la construction de la tour touche à sa fin. On va bientôt atteindre la voûte du ciel et découvrir les secrets de Jéhovah. Une mathématicienne aurait trouvé une démonstration capable de mettre à mal les mathématiques, sa vie de couple... et sa vie, tout court. Le premier contact avec les extraterrestres aura également des répercussions inattendues sur le quotidien d'une linguiste réputée. Le destin de Neil Fisk bascule le jour où sa femme est tuée par la visitation d'un ange... Huit nouvelles qui constituent l'intégrale des oeuvres de l'auteur entre 1990 et 2002. Huit textes d'une puissance inégalée, lauréats pour la plupart des principaux prix du genre : Hugo, Nebula, Theodore Sturgeon, Sidewise... Huit occasions de découvrir le talent d'un nouveau grand de la science-fiction mondiale.

Beaucoup d’auteurs se lancent dans l’écriture en commençant par des nouvelles, comme si c’était réservé aux débutants. Et pourtant, j’ai toujours considéré ce format comme un genre à part entière, difficile à maîtriser. En effet, l’auteur doit être capable d’immerger le lecteur dans un univers très rapidement, de tisser une histoire cohérente et de l’emmener vers une vraie fin, si possible surprenante.

Dans ce recueil de Ted Chiang, tout est là : style, personnages, histoires. Chaque nouvelle nous entraîne dans un monde à part, parfois très proche du notre. L’auteur met souvent en scène une quête de l’Homme, qui aboutit à une chute étonnante et absurde, sur des sujets qui font réfléchir : Dieu, notre avenir sur Terre, l’impact des apparences sur notre société… Tous ces sujets sont vraiment bien amenés et peuvent être sujet à réflexion, à débat. Personnellement, la dernière nouvelle sur le dictat de la beauté m’a vraiment percutée. Si un jour, la science en arrivait à ce point, est-ce que je pourrais me laisser tenter ?

Dans toutes les histoires, les protagonistes prennent une décision, ont un avis. Mais l’auteur ne donne pas l’impression de trancher. Il laisse le lecteur libre de son propre débat intérieur.

Les personnages sont parfaitement bien construits, leur psychologie est finement analysée. On ressent la tension et la paranoïa de Leon, le désespoir de Renée, le questionnement de Tamera. Le lecteur vit avec eux intensément pendant quelques pages.

A la fin du recueil on trouve des notes de l’auteur sur chacune des nouvelles, expliquant d’où vient l’idée du sujet. Cela permet d’éclaircir quelques points flous, d’avoir la sensation de partager un moment avec l’auteur. J’aime cette idée.

Globalement, ces nouvelles m’ont laissées une très bonne impression, et certaines me marqueront d’ailleurs plus que les autres : La Tour de Babylone, L’histoire de ta vie et Aimer ce que l’on voit : un documentaire. Sur les 8 nouvelles, il n’y en a qu’une pour laquelle je suis totalement passée à côté, L’évolution de la science humaine. Mais comme elle est vraiment très courte et que les 7 autres sont remarquables, je la laisserai de côté et considère que le manque de compréhension vient de moi.

Je lui attribue donc 4 étoiles : une pour le style fin et agréable, une pour les personnages crédibles bien que dans un univers de Science-fiction, une pour les différentes histoires émouvantes et intéressantes et la dernière pour la recommandation.