Underground Railroad de Colson Whitehead

Par Krolfranca

Underground Railroad

Ecrit par Colson Whitehead

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Serge Chauvin

Albin Michel

août 2017

397 pages

Avant la guerre de Sécession en Géorgie, quand on naissait esclave sur une plantation de coton, soit on le restait toute sa courte vie en endurant les sévices de son maître, soit on tentait de fuir pour rejoindre les Etats libres du nord, au risque de se faire poursuivre par les chasseurs d’esclaves et de se faire tuer.

La fenêtre de sortie vers la liberté est bien étroite mais Cora, le personnage principal et ô combien attachant de ce roman, tente le coup au côté de Caesar, un autre esclave. Ils vont emprunter le réseau d’aide aux esclaves, via la voie ferrée clandestine, l »underground railroad ».

Fuite éperdue à travers les Etats-Unis, ce roman a une construction fort intéressante et attractive. Il captive et hypnotise. Si, si, je vous assure, j’ai eu bien du mal à le quitter. Et j’ai pris tout mon temps pour le déguster. Le livre est découpé en plusieurs parties, chacune faisant référence à un lieu. A chaque transition, le lecteur se retrouve plongé dans le nouveau lieu, dans le nouvel épisode de la vie de Cora, après une ellipse plus ou moins longue. Ainsi, il est rapidement rassuré sur son sort, elle s’en est sortie, et progressivement, on remonte dans le temps pour combler les jours, les semaines, voire les mois qui nous manquent. Pour revenir ensuite, au temps présent, et poursuivre l’odyssée fabuleuse (et dangereuse).

L’auteur pose les fondements du racisme. Les Etats-Unis se sont construits sur une extermination (celle des Indiens) et sur une exploitation (celle des Noirs). Il nous rappelle bien que les Noirs n’étaient pas considérés comme des êtres humains. « L’esclavage est un péché quand on soumet des Blancs à son joug, mais pas des Africains », dit un personnage chrétien, lectrice et interprète de la Bible.

Ce livre est nécessaire, il s’appuie sur une riche documentation, et en même temps, il a un aspect cinématographique, il est très visuel. Et je pense que les images restent en mémoire.

Vraiment un excellent roman ! Violent, parce que ce monde l’était, mais puissant.

Et l’Amérique est également une illusion, la plus grande de toutes. La race blanche croit, croit de tout son cœur, qu’elle a le droit de confisquer la terre. De tuer les Indiens. De faire la guerre. D’asservir ses frères. S’il y avait une justice en ce monde, cette nation ne devrait pas exister, car elle est fondée sur le meurtre, le vol et la cruauté. Et pourtant nous sommes là.

Une plantation restait une plantation : on pouvait croire ses misères singulières, mais leur véritable horreur tenait à leur universalité.