La nef des fous (T8) – Disparition

Par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

Chronique « La Nef des fous, tome 8 – Disparition »

Scénario et dessin de TURF,

Public conseillé : Tout public,

Style : fantastique,
Paru aux éditions « Delcourt », le 30 aout 2017, 48 pages couleurs, 14.50 euros,
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L’Histoire

Eauxfolles-ville, niveau 12, quartier des commerçants. A bord de sa moto-biplace, le sergent Bonvoisin vient rendre visite au commerce de literie de Baltimore, son ex-collègue, mais celui-ci est en pleine sieste. Après un réveil plutôt abrupt, il lui apprend que officiellement, Baltimore n’a jamais quitté la police. Ce qui fait de lui un déserteur !
Heureusement, le sergent a la solution. Ni une, ni deux, il ré-incorpore son subalterne pour enquêter sur la disparition de la reine !
Quelques jours plus tôt, Chlorenthe, la fille chérie du roi lit et boude. Sa mère, la reine, est venue lui annoncer la tenue d’un gala de magie dans le palais. Après la profonde crevasse qui a fragilisé le pays tout entier, le bâtiment risque de s’effondrer et les caisses royales sont vides…

Ce que j’en pense

Voilà bientôt 8 ans que le taleuteux Turf a mis un “point final” (rhétorique !) à sa célèbre série “La Nef des fous”. Depuis, il a continué son exploration graphico-narrativo-poétique avec différents projets. L’excellent “Gribouillis”, qui marquait une rupture graphique, puis dans un style plus proche, les deux diptyques “Magasin sexuel” et “Le Voyage improbable”. Malheureusement, il semblerait que les lecteurs n’ont pas autant adhéré qu’avec cette série phare, qui a fait les beaux jours des éditions Delcourt. Comme “De cape et de Crocs”, la série se démarque profondément des autres, avec un univers visuel magnifique, un champs lexical élevé et une poésie omniprésente. Ce cocktail a conquis un lectorat très large (des enfants jusqu’aux adultes). Tout ça pour dire, que j’ai été très étonné d’apprendre le retour “improbable” (pour reprendre un adjectif qui lui est cher) de cette série que j’affectionne particulièrement.

Turf nous embarque de nouveau dans son univers fermé et cohérent de la Nef. L’histoire commence peu de temps après la fin du tome 7 (la brèche, la faille, la tentative du coup d’état de Ambroise, grand coordinateur, puis grand purificateur…). La reine Ophélie a disparu et le Sergent Bonvoisin, aidé du sempiternel première classe Baltimore enquête… Comme toujours l’enquête prend des tours et des détours incongrus et se perd dans le monde labyrinthique de Turf.
Par flashback successifs, il nous ramène le jour de la disparition, qui coïncide avec un gala de bienfaisance (de Magie) donné au palais…

Décidément, je ne sais pas où Turf nous emmène, mais moi, je prends un ticket les yeux fermés ! Son monde coloré et poétique me fait toujours rêver. La famille royale (d’inspiration médiévale) extravagante (Le roi Clément XVII prend son bain en public, pour ne pas écourter sa sieste…), l’administration hiérarchique bien lourde, l’univers graphique tendre et coloré, son visuel audacieux (planches en bleu/blanc et rouge, ou en ombre chinoises), son mélange (médiéval et technologique) cohérent et détaillé, tout concourt à un plaisir de lecture décuplé, qui se déguste plusieurs fois, pour en débusquer les détails cachés. Et c’est bien là, la qualité première du travail de TURF. Exigeant, cet auteur ne minimise pas ses efforts pour nous offrir un album aussi beau qu’inattendu !

Par contre, n’espérez pas une aventure débridée, faite de course-poursuites haletantes. L’univers de “la Nef des fous” se déguste tranquillement, en prenant son temps. Les dangers qu’on y croisent relèvent plus du troupeau de dindes géantes ou un trafique de Colocynthes (des cucurbitacées, quoi !)… Mais si vous êtes prêt à vous laisser entraîner dans un univers débridé et délirant, vous allez adorer ! Alors, comme il n’est jamais trop tard pour monter dans “La nef”, pourquoi ne pas commencer par le tome 8 ?