A la vie à la Mort ! (T1/3) Pierrot le fou

Par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

Chronique « A la vie à la Mort ! (tome 1) Pierrot le fou »

Scénario de Rodolphe, dessin de Gaël Séjourné, couleur de Jean Verney,

Public conseillé : adultes / adolescents,

Style : Biographie,
Paru aux éditions « Soleil », le 30 aout 2017, 60 pages couleurs, 15.50 euros,
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L’Histoire

11 novembre 46. Deux hommes en blouse blanche viennent chercher un certain Paul Chamblain à la clinique de la Villa Diderot. Ils règlent le montant des soins et embarquent l’homme, en mauvais état, dans une ambulance. Évitant soigneusement la flicaille, la fourgonnette s’arrête dans une maison isolée en Banlieue. Là, Paul Loutrel, dit “Pierrot le fou”, meurt de ses blessures…
Septembre 1937, le jeune Paul fugue une nouvelle fois pour monter à Marseille. Devant la gare Saint-Charles, deux petites frappes tentent de lui faire les poches, mais finissent à terre…
Un peu plus tard, Pierrot accompagne Muguette, une belle prostituée, chez elle. Pour lui, pas question de payer. Il n’a qu’à prendre par la force ce qu’il désire. Quand Tintin, le maquereau de Muguette lui demande des comptes, Pierrot lui fait mordre la poussière, et prend à son compte la jolie môme…

Ce que j’en pense

Rodolphe, vieux routard du scénario (plus d’une centaine d’albums au compteur) et Gaël Séjourné (dessinateur de « Lance Crow Dog », « L’appel des origines », « Tatanka »…) collaborent pour nous offrir la biographie de l’ennemi public numéro 1 : Pierre Lautrel, dit ‘“Pierrot le fou”. Cet homme, que la mémoire collective a conservé avec vivacité, écuma la France d’après guerre, exsangue après 6 longues années d’occupation, avec son “Gang des tractions avant”. Leur méthode ? Une organisation minutée et sans faille, du sang froid, de l’audace et aucune hésitation.
C’est ce personnage hors-norme et charismatique que les auteurs nous dépeignent avec le plus de réalisme possible. Les débuts d’escroc à Marseille, la “professionnalisation” du vol organisé à Paris, les rapports d’amitié virile avec ses copains, les années de bataillon d’Afrique et même participations dans la résistance, Rodolphe multiplie les “coups de pinceaux” pour mieux définir dans sa complexité cet homme exceptionnel, aussi intuitif qu’organisé.
Le résultat est une biographie-polar réaliste, assez “froid”, qui refuse de prendre parti, mais expose les faits simplement et sans chichis.
Au passage, il en profite pour décrire avec précision l’après-guerre en France, où tout semble possible pour des “aventuriers” comme Pierre Lautrel.

Au dessin, Gaël Séjourné nous offre un trait réaliste, travaillé avec minutie. Le travail documentaire est mené avec précision par un dessinateur très à l’aise avec l’exercice. La composition classique (3 ou 4 strips) est ultra-lisible et la mise-en-couleur de Jean Verney, hyper sobre, nous plonge sans difficulté dans l’époque. Même si le résultat n’est pas au niveau d’ “Il était une fois en France” (de Fabien Nury et Sylvain Vallée), cette mini-série réaliste s’en approche avec intelligence.