Hors-série : 4 confessions documentaires

Par Femmesdelettres

Au rayon des nouveautés en librairie, on voit souvent apparaître des livres engagés, traitant de tel ou tel sujet de société, essayant de faire passer un message à partir de l’expérience individuelle de l’autrice. C’est un genre bien particulier d’essais, à la frontière entre le documentaire, l’autobiographie et le pamphlet. Le principe d’apporter sur la place publique une vérité intime cachée me rappelle assez C’est mon choix, la fameuse émission de télé des années 1990 qui a la peau dure. Ces lectures ne sont jamais inutiles. Elles aident à se rendre compte du contexte culturel dans lequel s’écrivent les livres aujourd’hui.

Parfois d’ailleurs, ces livres découlent d’une intention fort louable et mènent un combat juste et émouvant : en voici quatre exemples que j’ai découverts récemment.

Deux livres font beaucoup parler d’eux parmi les organisations féministes en ce moment. Le premier est celui de Jack Parker, Le grand mystère des règles. Il s’agit d’un abrégé de connaissances touchant tout ce qui concerne les menstruations. L’autrice, qui est aussi l’administratrice du blog Passion Menstrues, nous partage son rapport aux règles, dans le but de défaire le nœud du silence et du tabou qui entoure ce sujet. En fait, j’ai appris en la lisant que le mot même de « tabou » désignait les règles, chez les polynésiens. J’ai appris beaucoup d’autres choses, comme l’existence de cette consternante tradition méditerranéenne de la « claque des premières règles« .

Le deuxième est le livre de Gabrielle Deydier, On ne naît pas grosse. Nettement plus autobiographique que le précédent, il dresse cependant, par petites touches, un tableau édifiant du sort réservé aux personnes grosses dans la France d’aujourd’hui. Je l’ai trouvé d’autant plus émouvant que l’environnement familial décrit par l’autrice est totalement dépourvu de livres et de culture écrite ; G. Deydier a donc fait preuve d’une admirable persévérance pour accomplir la démarche de se publier.

Je voudrais aussi citer deux essais féministes de ce type, un peu plus anciens mais qui pourraient intéresser certain-e-s. Le premier est celui de Florence Rivières, L’art de la pose (2015), auto-édité. Rivières y raconte ses débuts comme modèle amatrice, et vante les mérites féministes de la photographie de mode, en utilisant les arguments du féminisme body positive des Américaines.

Le second est plus ancien et publié aux éditions des femmes, vénérable maison qui a fait le pari de ne publier presque que des femmes de lettres. C’est le récit de Phyllis Chester, Journal d’une mère (1983), qui raconte vingt mois de grossesse et de maternité, s’interrogeant sur le sens d’être mère lorsqu’on est écrivaine et féministe comme elle.

Pour des avis plus complets, aller voir :

sur Jack Parker, La Tournée des livres, Neomisian ;

sur Gabrielle Deydier, Sana Guessous ;

sur Florence Rivières, son site internet, et Osmophoria ;

sur Phyllis Chester, en anglais, Liberation Collective.

Jack Parker, Le Grand Mystère des règles, Flammarion, mai 2017, 256 p., 19,90€ ; Gabrielle Deydier, On ne naît pas grosse, Goutte d’Or, mai 2017, 150 p., 15€ ; Florence Rivières, L’Art de la pose, auto-édité, 2015, 300 p., 30€ ; Phyllis Chester, Journal d’une mère, éditions des femmes, 1983, 230 p., 15,75€.


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