Si vous passez devant le n° 15 du quai Malaquais (Paris VI) une plaque sur le mur vous apprendra que c’est ici, dans cet hôtel particulier, qu’Anatole France vécut avec ses parents, de 1844 à 1853. L’adolescent fera ensuite ses études à l’institution Sainte-Marie et au collège Stanislas.
Provincial, démissionnaire de l’armée au lendemain de la Révolution de 1830 et fraichement marié en 1840, son père devient propriétaire d’une librairie au 6 rue de l’Oratoire du Louvre cette même année. Il tient ensuite une librairie au 19 quai Malaquais, d’abord nommée Librairie France-Thibault, puis France tout court, spécialisée dans les ouvrages et documents sur la Révolution française, fréquentée par de nombreux écrivains et érudits, comme les frères Goncourt ; il s'installera, en 1853, 9 quai Voltaire, donc pas bien loin.
Elevé dans la bibliothèque paternelle, Anatole en gardera le goût des livres et de l’érudition, ainsi qu’une connaissance intime de la période révolutionnaire, arrière-plan de plusieurs de ses romans et nouvelles, dont Les dieux ont soif (1912), qui est considéré comme son chef-d’œuvre.
A partir du début des années 1860, Anatole France travaille pour diverses libraires et revues, mais refuse de prendre la suite de son père, qui juge très négativement pour ne pas dire sévèrement le destin littéraire choisi par son fils, des « barbouillages » dira-t-il… Comme quoi, être libraire ne garantit pas d’avoir un goût sûr !