C’est le 1er, je balance tout (#7, août 2017)

Par Lupiot

Septième édition de ce nouveau rendez-vous mensuel, qui rime avec " C'est lundi, que lisez-vous ? ", et peut se voir comme un complément ou un petit frère dérangé, comme il vous plaira. Je vous invite à l'adopter, il ne mord pas.

Le principe ? Quatre trucs à balancer !

  1. Le Top & Flop de ce que j'ai lu le mois dernier
  2. Au moins 1 chronique d'ailleurs lue le mois dernier
  3. Au moins 1 lien qui m'a fait " Wahou " le mois dernier (hors chronique littéraire)
  4. Et enfin : ce que j'ai fait de mieux le mois dernier
1) TOP & FLOP

Alors ce mois-ci en tout j'ai lu... 30 livres. TRENTE. À un moment donné, j'ai cru que j'allais me retrouver avec plus d' un livre par jour au compteur, aussi, j'ai ralenti.

Comme ça fait beaucoup trop de livres pour se repérer dans une galerie d'images bordélique, je la sous-divise habilement (telle la libraire maniaque que je redeviens parfois, comme revêtant une vieille mue) :

BD JEUNESSE

BD ADULTE

ROMANS JEUNESSE

ROMANS ADULTES (ET POÉSIE)

Je ne vais pas vous présenter tous ces livres - en raison du risque réel et majeur de m'auto-saouler - aussi, si l'un d'entre eux vous intrigue et que vous vous estimez lésé, sachez qu'il vous suffit de me demander des précisions en commentaire.

TOP (4) Challengers

En ce faste mois, par manque de temps et goût du défi (mais ok, surtout par manque de temps) j'ai décidé, en réunion avec moi-même (ce qui a mené à des débats sans fin), de m'économiser en matière de critique (c'est l'été, je carbure au sirop de fraise, comme tout le monde, mon cerveau s'est fait la malle avec mon haut de maillot de bain) et de décerner des Grands Prix littéraires dans quatre catégories différentes, nommées ci-après :

Catégorie 27e intersidérale du Lol Grand Prix Challenger Ces deux romans, que j'aime rapprocher, et que toi aussi, tu aimeras rapprocher (de tes yeux), sont comme des barres chocolatées sorties par miracle du sac de plage, à peine fondues, craquantes et délicieuses, vestiges d'un ancien Toi qui t'offre un cadeau à travers les ans. Ce sont deux romans sur l'adolescence, narrés par des adolescentes. Tu reconnaitras tes émotions de boule de coton face aux événements huileux du quotidien, tu te délecteras de ces élans monologuesques de dramaqueen mentale qui ne franchissaient que rarement tes lèvres, tu te blottiras d'aise dans les dialogues d'Amitié avec un grand A - celle qui est particulièrement stupide et généreuse. Mais, dans La Fourmi rouge, comme dans Je suis ton soleil, on ne se contente pas d'être drôle à s'en blesser les zygomatiques. On te fait la démonstration que la vie est belle, que ton égoïsme d'ado est pardonnable, que les gens autour de toi comptent, que tous ces moments où tu as envie de demander des RTT syndicaux à la Lose qui te poursuit n'étaient probablement que les pavés menant au monde merveilleux du Pays d'Oz, et qu'il ne tient qu'à toi de les peindre en jaune pour égayer tout ça. Si ma préférence va à La Fourmi rouge, c'est parce que :
  1. je l'ai lu six fois et il me fait toujours autant rire,
  2. je trouve le style de l'auteur carrément béton,
  3. c'est totalement mon genre d'humour - au point que plusieurs amis m'ont dit qu'ils avaient l'impression d'entendre mes vannes en lisant le roman. (Ce qui explique sans doute pourquoi j'ai ri comme une baleine les six fois : c'est mon style en 34x mieux.)
Catégorie J'ai soupiré par le cœur, ça faisait un peu mal
(aussi connue sous le nom : Joli et badant, mais plus joli que badant)
Grand Prix Challengers J'ai prévu une chronique sur le familial et dingo L'aube sera grandiose, et j'ai eu tant de pensées emmêlées à la lecture rugueuse, urbaine, poétique et forestière de Dylan Dubois que je pense le critiquer également. À suivre, donc.

Catégorie Prends-toi ça dans les dents
(aussi connue sous le nom Et maintenant on va regarder un Disney pour se sentir mieux)

Grand Prix Challenger Je reviens de mourir a été une claque stylistique et émotionnelle. C'est extraordinairement bien écrit, dense, imagé, élégant et brutal, furieux. Il y a un monstre dans ce livre, et il m'a mordu les doigts à chaque page.
Au bout du fleuve, roman graphique magnifique de chez Futuropolis, est une épopée de sortie de l'enfance cruelle et puissante, pas exempte de magie. Le récit nous conte une sorte de purification par le feu, d'émancipation par la destruction, qui me rappelle étrangement le leitmotiv de Tant que nous sommes vivants : Faut-il toujours perdre une part de soi pour que la vie continue ? Challenger Je ne m'étends pas sur Y, le dernier homme : il s'agit d'une série de comics que je trouve pour l'instant géniale, mais que je n'ai pas finie, et dont je reviendrai vous parler. Je me suis lancée dedans car une personne de bon goût me l'a recommandée en rebond à mon adoration de la série , du même auteur (Brian K. Vaughan). L'Aimant est un roman graphique sublime en trichromie, un pari esthétique qui emprunte aux légendes fantastiques germanique et à la froideur magnifique de l'architecture moderne. MEH (3) Elles est l'une des premières bande-dessinées de Bastien Vivès (dont j'ai dit grand bien à plusieurs reprises lors de mes " C'est le 1er " précédents, puisque j'ai entrepris de consommer toute sa production) (Voir le C'est le 1er de juillet où je parle à grands soupirs émus de son dernier bébé, Une Sœur). À l'occasion de la parution d'Une Sœur, justement, Casterman a réédité Elles. Hé ben wahou, ça permet de bien voir l'étendue du chemin artistique parcouru par l'auteur. Façon subtile de dire que c'est moche ? Elle n'est pas horrible, cette BD, et ça reste du Bastien Vivès : on retrouve notamment un ton juste et sensible dans le portrait des adolescents, et cette attention particulière portée aux postures corporelles, par lesquelles tant de choses sont dites. Mais les dessins sont neeeeettement moins fins et élégants, beaucoup moins minimalistes et fluides que dans ces derniers opus, et puis... franchement vulgaires dans la représentations des corps de femmes, à base de seins comme des ballons de foot et de lèvres made in Orangina. Côté roman : je me suis lancée dans Rural Noir comme en rebond au roman Les belles vies que j'avais adoré et qui se déroule lui aussi en milieu rural - avec pour héros ce genre de " sales gosses ", les ploucs, les caïds aux yeux vides, les oubliés. Dans Rural Noir, j'ai été séduite par les personnages plus vrais que nature et le don de dialoguiste de l'auteur - il a bouffé du cinéma d'auteur tous les matins dans son muesli et s'est nourri de noir américain en intraveineuse, obligé - mais côté intrigue, en revanche, je me suis ennuyée... les enjeux mettent longtemps à se dessiner et à se répondre. Enfin, Lady Helen tome 2 : nous vous referons une critique à quatre mains avec Bloup puisque nous avons à nouveau eu un ressenti de lecture différent sur ce second volume... tout en pointant les mêmes éléments de critique ! (Voir notre chronique excitée et impitoyable de Lady Helen tome 1.) À noter : nous avons rencontré l'auteure, Alison Goodman, expérience excitante (comme l'est toujours une discussion avec une personne brillante) que nous tâcherons de vous restituer le moins infidèlement possible sur ce blog. FLOP (1) Après avoir lu plusieurs petits florilèges à la Larcenet comme Le sens de la vis, Critixman et Peu de gens savent, et surtout, après m'être imbibée des deux œuvres majeures de la bande-dessinée (pour moi et pour le monde entier) (enfin, le monde de bon goût) que sont BLAST et Le Rapport de Brodeck, j'avoue que découvrir cette BD plus ancienne, gaguesque et très nombrilo-citadine qu'est Le retour à la terre, m'a laissée triste et sans vie comme une nouille cuite tombée du rebord de l'assiette. J'aime l'humour noir, grinçant et l'autodérision à foison dont Larcenet fait preuve dans des BD de la même époque (Critixman et Minimal, par exemple), mais cette épopée d'un titi parisien s'installant à la campagne m'a bizarrement lourdée. Trop de clichés, pas assez de recul, et puis aussi un décalage presque gênant entre les discours forts sur la nature, l'ego et l'humilité qui nourrissent, comme des fleuves souterrains, les BD plus récentes de l'auteur. (Je pense à Blast et Brodeck, ici.) Donc, déçue et étonnée d'être déçue - mais pas grave, j'en lirai d'autres. #2. CHRONIQUES D'AILLEURS Je vous invite à cliquer sur chaque image pour l'agrandir
(surtout pour lire les deux critiques <3).
Certes j'aurais préféré une structure finale moins attendue et violence (paradoxal) - néanmoins, j'ai adoré cette lecture, qui m'a bousculée et ébahie.
  • Michael Mathieu, libraire à la ville, éveilleur de littérature sur Facebook, écrit des chroniques sensibles et brillantes avec une régularité de métronome, et égaye mon fil d'actualité tel un rouge-gorge posé sur le rebord de ma fenêtre. Sa merveilleuse chronique de La fourmi rouge, qui en dit tellement plus long que " C'est formidablement drôle " (ce qui est la première couche sédimentaire de ce roman), est d'une intelligence de génie astronome. Car ce roman est bien davantage que formidablement drôle, et on a affaire à un critique qui sait très bien lire entre les lignes.
  • Fée-moi lire a publié une critique " redécouverte " de La Croisée des mondes qui m'a rendue toute chose en-dedans, pas tant par l'outillage critique qu'elle déploie que par l'émotion sincère, émoustillé et sémillante, qui se dégage de son article. J'aime beaucoup aller sur son blog qui propose une approche super authentique et vraie de ses lectures. Détail trivial pour la plupart des gens probablement, elle donne pour chaque livre son temps de lecture, ce que je trouve très utile et révélateur.
#3. AILLEURS SUR LE WEB

Vrac mensuel : la réflexion de Pluie de mots sur La littérature classée par genre (féminin et masculin) ; le top énamouré et fou-furieux de Dans ta page sur The Garden of Evening Mists (dans leur C'est le 1er du mois précédent), qui m'a donné envie et m'a beaucoup trop fait rire ; le troisième opus du génial Tu liras moins bête (que j'avais raté) sur À l'horizon des mots, où Lola dissèque ses lectures pour en retirer des " fun facts " qu'elle vérifie ensuite...

Un invincible été est le site qui a semé en moi une idée contagieuse à la croissance irréfragable qui, telle un virus, a colonisé la toile par le biais du " C'est le 1er, je balance tout " : celle selon laquelle le partage rend heureux. Décoiffant, je sais. Je sens que vous avez du mal à vous remettre de cette phrase dont les quatre coins sont solidement cloués dans la toile de jute d'un tableau écrasant de fadesse qu'on pourrait appeler Cliché en Bleu n°1.

Pourtant, de temps en temps, ça ne fait pas de mal de soulever le voile sur la toile pour réinterroger le cliché. Quand je partage une chose que j'aime, c'est du plaisir démultiplié, le bonheur au carré. Oui, le partage rend heureux.

C'est sur Un invincible été que j'ai redécouvert le concept gratuit et généreux du " Je vais parler des autres sans rien attendre en retour ", qui me paraît évident mais ne pullule pourtant pas sur le world wide web, en particulier sur les blogs, car une part sombre de nous reste l'héritière de cette communauté satanique qui cultivait les skyblog et myspace comme les machines cultivent les humains dans Matrix, biberonnant son lectorat de " Lâchez des comm' ! Je rends. "

" Je rends "

Nos blogs ont été (et sont toujours) de formidables plateformes d'expression. Mais non, on ne rend pas. On ne marche pas au chantage comme des parents indignes - on donne.

Sur Un invincible été vous trouverez les articles où l'auteur liste des tonnes de liens qui lui ont plu, et qui m'ont inspiré le concept du C'est le 1er, je balance tout, donc - dont le but était de remettre le partage au centre de ma pratique de l'internet littéraire. (Six mois plus tard >> zéro regret, joie et côtillons dans mon cœur à chacun de ces rendez-vous.)

#4. HAPPY NOMBRIL

Bref, ici, c'est l'occasion de remercier ce site, mais aussi, parce qu'il est dans le même esprit sain, de vous recommander l'un de ses derniers articles, sur :

En juillet, j'ai bouclé un article que je tricotais depuis quelques temps, qui interroge notre désir de " toujours lire plus ". Il s'appelle Comment lire plus - 20 idées et revient à l'interrogation fondamentale, il me semble :

Vous pouvez répertorier le lien de votre C'est le 1er en cliquant sur la grenouille bleue :

J'en suis contente comme de mon premier pâté de sable, j'espère qu'il vous a plu.

À bientôt,

Si je vous ai oublié(e), n'ayez pas peur de me dire " Tu m'as oublié(e) ! 😀 " en me remettant votre lien.

Et hop, je commence le rapatriement des liens de tous les formidables C'est le 1er de juillet :