Dérapages

Par Denis Arnoud @denisarnoud

Dérapages de Martine Magnin chez Ella Editions
« Puisque vous êtes en train de visionner cette cassette, c’est que je suis déjà mort et que, à tort ou à raison, vous avez trouvé la caisse. Après avoir entendu ce que je vais vous dire, ce sera à vous de prendre des décisions en connaissance de cause. Quoi qu’il en soit, bon courage à vous. »
C’est par ces mots que s’ouvre Dérapages, le nouveau roman de Martine Magnin. D’emblée, on a l’impression qu’on va avoir affaire à un polar, mais même si un fait divers est à l’origine de tout ce qui va se dérouler dans ce roman, l’affaire strictement policière passe rapidement au second plan.
Régis, garagiste à Remoulins doit trouver un autre local pour exercer son activité. A la rentrée de septembre il sera expulsé car un rond-point doit être construit dans la zone dans laquelle se trouve son garage. Une annonce dans Le Bon coin attire son attention. Un garage est à vendre. Ou plutôt les ruines d’un garage, puisque celui-ci a été détruit dans un incendie qui a causé le décès de son propriétaire. Même si les travaux sont importants, le local sinistré est bien placé et Régis l’acquiert au prix du terrain. Lors des travaux de nettoyage il trouve dans une fosse, une boîte à outils vissée dans le sol qui cache une trappe dans laquelle est dissimulé un sac rempli de billets de banques et une cassette vidéo.
Dans ce roman choral, Martine Magnin part de ce fait divers pour dérouler son récit. Quatre personnages nous racontent à tour de rôle leur histoire en lien avec ce drame.
Régis, le garagiste, est perturbé par la découverte de ce magot et de la cassette. Bien loin de profiter sereinement de l’aubaine, il est tourmenté par sa conscience et par le danger que cette somme représente. Cet argent, il en a bien besoin pour mettre du beurre dans les épinards, mais cette somme ne devrait-elle pas revenir aux filles du précédent garagiste, décédé dans l’incendie vraisemblablement criminel de son garage ? Leur rendre l’argent ne reviendrait-il pas à les mettre en danger ?
Hortense est la belle-sœur de Raymond, le garagiste décédé. Elle a recueilli les deux filles de sa sœur jumelle, morte peu avant l’incendie. Hortense est une mère courage, mais cet ajout de deux enfants, même s’ils sont de la famille, ne se fait pas sans difficulté. Il lui faut gérer deux jeunes filles profondément perturbées par le décès de leurs parents sans pour autant négliger les siens et faire face à une crise dans son couple.
Henri, le mari d’Hortense, souvent absent car il est chargé de l’inspection des structures hôtelières de la région.
Monsieur Fernand, assureur à la retraite tracassé par son dernier dossier. Pressé par sa hiérarchie il n’a pas pu traiter l’affaire de l’incendie du garage de Raymond comme il l’aurait souhaité. Il se sent coupable et se demande comment il pourrait venir en aide aux filles du garagiste.
Du Gard à la Camargue, nous allons suivre ces personnages qui se débattent avec leur quotidien bouleversé par ce fait divers. Nous allons assister à leurs dérapages et à leurs conséquences.
Dérapages est un excellent roman puzzle, dans lequel les pièces s’imbriquent petit à petit. Un roman qui nous montre que tout le monde peut déraper mais que l’essentiel est d’éviter la sortie de route. Tous les personnages sont attachants, même Henri le mari volage et lâche.

Ce livre plein de sensibilité, de suspense et d’humour, je l’ai lu d’une traite et je vous recommande de le mettre dans vos valises pour les vacances, et si vous ne partez pas, vous ressentirez en le lisant tous ces sons, ces odeurs, ces goûts qui font le sud. Bon voyage !