Mes lectures de vacances - été 2017 # 2

Par Philisine Cave

Nous entrons maintenant dans le côté obscur... de la littérature. Enfin, pas tant que cela mais ce n'est pas gai, gai, non plus !

Dans la forêt de Jean Hegland  ***** 

Image captée du site Babélio

 C'est un coup de cœur !
Deux sœurs adolescentes, Nell et Eva, se retrouvent seules à gérer le quotidien dans un no man's land pourtant familier : leur maison, leur antre, isolée et éloignée de toute civilisation, en pleine forêt. Les voisins les plus proches se situent à cinq kilomètres et ont disparu comme la plupart des êtres humains normalement constitués : une crise économique suivie d'un désastre écologique interdit tout moyen de subsistance lié au commerce : plus d'essence, plus d'électricité, des magasins à l'abandon, un monde dans le déclin et des âmes humaines en perdition. Remarquable récit, Dans la forêt montre une impressionnante maîtrise d'écriture de la part de Jean Hegland. Tout est décrit comme le style de nature writing l'exige : les deux héroïnes évoluent en parfaite harmonie avec leur environnement. Chacune fait preuve d'un caractère bien trempé, apprend à céder, épaule l'autre. Des moments d'accalmie sont interrompus par des arrivées tantôt fugaces tantôt traumatisantes : loin de dresser un monde idyllique, Jean Hegland y narre la survie tout simplement. Impressionnant ! Editions Gallmeister  Traduction de Josette Chicheportiche  Lu grâce au conseil de mes libraires bretons préférés (Hélène et Jean-François Delapré) du Saint-Christophe (29) 

   Nul n'est à l'abri du succès de Pascal Garnier **

Image captée du site Babélio

Je me suis fais avoir par le pitch super attirant et le titre génial. Bref, j'ai espéré et j'ai imaginé avant de lire Nul n'est à l'abri du succès : je n'aurais pas dû !
Jean-François Colombier est un écrivain sans grand succès public. Sa vie intime est à l'image de sa notoriété : balbutiante ! Cinquantenaire divorcé, il navigue entre des femmes surtout jeunes et parfois défoncées. Sa vie décousue n'est pas source d'équilibre pour son fils unique dont le contact essentiellement épistolaire se résume à l'envoi de chèques mensuels. Et lui arrive le truc improbable : sa dernière œuvre remporte un prix littéraire de haute estime. Et se pose ensuite la question fondamentale : comment gérer l'après-reconnaissance ?
J'aime bien l'univers de Pascal Garnier et je regrette vraiment sa disparition précoce dans le paysage littéraire français. Toutefois, on sent dans ce roman qu'il a pas mal tâtonné, que son Jeff lui en a fait voir de toutes les couleurs (ou peut-être l'inverse). En tout cas, d'un récit plutôt monotone, on débarque dans une seconde phase psychédélique qui ressemble à un rêve (et là, pour le coup, cela aurait été plausible et bien intéressant à traiter) et qui s'achève en du grand n'importe quoi. Alors comme le sieur maîtrise la narration, possède une plume intéressante et peut en gros écrire ce qu'il lui plaît sans paraître ridicule, cela passe mais on ne peut pas dire que j'en garderai un souvenir mémorable. Les changements de situation conjugale si chères à David Lodge sont ici balancées, le héros s'extirpe d'une situation criminelle avec une chance inouïe et tout simplement inenvisageable. Il y a de l'arnaque dans l'air et pas que dans l'intrigue : or, je veux bien planer -avec ou sans excitants-, voire me laisser berner mais faut pas pousser Mémé non plus ! Je pense sincèrement que Pascal Garnier n'a su gérer ni son héros ni son histoire qui finit aussi défoncée que JFC.
Et franchement, après Lune captive dans un œil mort (là aussi, avec une fin grandiloquente mais réussie), j'avais misé gros... à tort !
Éditions Zulma
Emprunté à ma nouvelle biblio bien fournie