Spider-Man: Homecoming

Par Noisybear @TheMightyBlogFR

Spider-Man revient à la maison dans le sens où Marvel Studios reprend - en collaboration avec Sony Pictures - les rennes du célèbre tisseur. Et mine de rien, ce premier film solo, Spider-Man Homecoming, est une pierre angulaire installant de nouvelles choses dans l'univers cinématographique de Marvel. Mais, le film de Jon Watts a surtout pour but de nous dévoiler le petit monde qui gravite autour de Peter Parker.

Spider-Man: Homecoming

Par Jon Watts * Avec Tom Holland, Michael Keaton, Jacob Batalon, Zendaya, Marisa Tomei, Laura Harrier, Robert Downey Jr...
Après ses spectaculaires débuts dans Captain America : Civil War, le jeune Peter Parker découvre peu à peu sa nouvelle identité, celle de Spider-Man, le super-héros lanceur de toile. Galvanisé par son expérience avec les Avengers, Peter rentre chez lui auprès de sa tante May, sous l'œil attentif de son nouveau mentor, Tony Stark. Il s'efforce de reprendre sa vie d'avant, mais au fond de lui, Peter rêve de se prouver qu'il est plus que le sympathique super héros du quartier. L'apparition d'un nouvel ennemi, le Vautour, va mettre en danger tout ce qui compte pour lui...

Je ne vous ferai pas l'affront de vous énumérer l'historique des films récents sur Spider-Man, je pense que vous l'aurez lu et relu à toutes les sauces. Un peu comme de voir ou revoir la mort de l'Oncle Ben que Marvel Studios a décidé de ne pas traiter dans ce premier film solo avec cette incarnation de Peter Parker ( Tom Holland). Cela ne veut pas dire que cet événement n'existe pas - il est évoqué brièvement - ni que les mots de oncle ne lui servent pas de motivation mais, en tant qu'adolescent, Peter a d'autres leçons à apprendre. D'ailleurs, je reste persuadé que sans le fameux leitmotiv de Ben, jamais Peter n'aurait eu cette obsession de devenir un Avenger.

Parce que, oui, Parker veut rejoindre le célèbre groupe de super-héros, non pas parce que c'est "cool" mais pour faire le bien autour de lui et à la plus grande échelle possible. La fait est que dans le script des co-scénariste John Francis Daley et Jonathan Goldstein, Parker est un personnage introverti et qu'il dit rarement ce qu'il pense réellement, même à son ami Ned Leeds ( Jacob Batalon).

De ce fait, l'essence même de Spider-Man - et du super-héros tel que l'a montré Stan Lee - est respectée. Notre héros essaie d'avoir une vie sociale comme n'importe quel adolescent de son âge mais il ne peut s'empêcher de courir le soir récupérer un vélo volé ou retrouver un chien. Et, même s'il est heureux de ce qu'il a - et des churros gratuit, il rêve de pouvoir faire plus. Mais cette proximité et cette envie de faire le bien autour de lui - peu importe la personne qui a besoin d'aide - est flagrante et montre la version la plus optimisme du super-héroïsme.

L'idée de ne pas faire de Spider-Man: Homecoming un film sur les origines de Spider-Man permet aussi aux scénaristes de se libérer du traditionnel schéma qu'on connait depuis Iron Man. Ici, il n'est pas question d'apprendre à maîtriser ses pouvoirs. Ici, il est question de donner confiance à Peter Parker et qu'il aille le plus loin possible se sentant presque omnipotent. Et, cela explique d'ailleurs le nom de ce film "Homecoming" qui n'est pas seulement un message méta annonçant le retour de la licence (en partie) chez Marvel, il est aussi question de remise en question importante... tournant toujours autour des pouvoirs et des responsabilités mais de manière implicite.

J'ai l'impression d'intellectualiser le film qui se veut fun, dynamique et solide mais je tenais à préciser que l'essence de Spider-Man est respectée et c'est, selon moi, le critère absolu de ce genre d'adaptation. Il est particulièrement plaisant de voir que le film de Wats évite les poncifs habituels. Il suffit de voir ce que Liz ( Laura Harrier) dit à Peter en fin de film pour le comprendre. Il parait évident que Marvel Studios ne veut pas sortir toutes ses billes maintenant et installe avec douceur son Spider-Man. Surtout que l'un des premiers objectifs est de le sortir du contexte de sa première apparition, celle dans Captain America: Civil War. tout en lui créant son propre microcosme. Et il s'agit de ma partie préférée.

J'avais quelque peu peur de l'omniprésente de Tony Stark ( Robert Downey Jr) et de Happy Hogan ( Jon Favreau) dans le film. Surtout que le pitch officiel (cf-encadré ci-dessus) donne au premier beaucoup d'importance. Jon Watts et les autres scénaristes les utilisent finalement à bon escient permettant à Spider-Man de voler de ses propres ailes et ne plus être le "gamin vu dans Civil War". De ce fait, et heureusement, ils sont moins présents à l'écran que dans les trailers et laissent place au vrai supporting cast de Spider-Man.

J'ai toujours trouvé dommage que Marvel ne préfère pas adapter Spider-Man en série TV, le côté soap-opera que Stan Lee a injecté de la série sonnerait tellement plus juste dans ce format. Et le film de Jon Watts me donne raison dans le sens où ces élèves, Ned, Liz, Michelle ( Zendaya), Abe ( Abraham Attah), Flash ( Tony Revolori), Betty ( Angourie Rice) et d'autres - mais surtout Michelle, pourraient trouver plus facilement leur voie. Du coup, dans le film, ils sont éclipsés par Peter Parker et, que chaque instant où ils apparaissent à l'écran a un goût de trop peu... Parce qu'ils sont attachants - sauf Flash qui est forcément détestable - et leur personnalité est plutôt moderne assez loin des poncifs habituels. Ce Flash n'est pas un bêta de quaterback qui frappe les nerds par plaisir, il s'agit d'un gosse de riche qui prend du plaisir à rabaisser plus bas que terre Peter et Ned, leur faisant peut-être même plus de mal. Et justement, cette absence de violence fait que les autres ne réagissent pas pensant certainement que cela fait moins mal. Liz n'est pas une cheerleader écervelée et moqueuse, il s'agit une belle fille mais veut être la meilleure de l'école en s'impliquant à fond dans toutes les activités parascolaires et non pas avec son physique.

Le film a dans ce sens un côté Harry Potter avec ce casting qui gravite toujours autour de Peter et qui lui permet de maintenir les pieds à terre. J'ai vraiment apprécié toutes les scènes avec les élèves tellement c'était fun, drôle et ce que je regrette même de ne plus avoir dans les comics. Il est aussi appréciable de noter l'absence de Harry, Mary-Jane et Karen qui auraient empêché - ou rendu plus difficile - cette réécriture d'un Spider-Man moderne.

Dans ce sens, je trouve que Jon Watts arrive à trouver une dynamique plutôt réussie qui me rappelle ce que Brian Michael Bendis a fait en 2000 avec Ultimate Spider-Man. Ce n'est pas une repompée de ce comicbook - qu a servi de base aux films de Sam Raimi - mais la réflexion qui a mené à la composition de l'histoire et de l'univers est assez proche. Même l'écriture de Tante May ( Marisa Tomei) va dans ce sens. Peter est plus proche d'elle, c'est la première fois que j'ai l'impression que May est une tante et pas une mère - voire une grand-mère. A noter qu'à la différence de Civil War, Watts a vieilli légèrement le personnage en lui donnant un look de femme de son âge avec de grosses lunettes. Ça lui donne moins de côté MILF.

Dernier point important dans une histoire de Spider-Man, c'est le méchant et nous sommes bien servis dans le sens où le Vautour interprété par Michael Keaton est vraiment un personnage classe. Il est déterminé et il s'insère parfaitement dans le petit univers de Peter Parker. Mais la présence de ce personnage n'est pas que pour apporter une menace à Spider-Man - à la différence de Shocker ( Bokeem Woodbine) - puisqu'il permet d'ouvrir et de fermer ce chapitre de la vie de Spider-Man. L'histoire est finalement axée autour de lui - un peu comme elle l'était autour du Joker dans le Batman de Tim Burton - et permet de faire évoluer Peter/Spider-Man en lui créant un contexte. C'est la première fois dans un film Marvel que le méchant me semble aussi bien utilisé.

Le film est donc terriblement fun et il a des choses très plaisantes. Clairement, il plaira aux ados un peu geek comme nous avons pu apprécier à notre époque La Folle Journée de Ferris Bueller - la comparaison n'est pas anodine - et d'autres teen-movies.

Malheureusement, tout n'est pas très réussi comme la réalisation de Watts qui pèche complètement dans les scènes d'action. Ici, nous ne voyons pas les "ficelles" à la différence de Wonder Woman mais certaines bastons sont illisibles, je pense notamment à celle avec le parachute. Il y a aussi des raccords de montage peu glorieux et des scènes un peu trop longues. Par contre, il y a quand même de belles choses comme les shots sur les villes avec Spider-Man créant de jolis tableaux.

Il y a un effort de fait sur la musique mais le thème de Michael Giacchino n'est pas très mémorable même s'il reste bien en tête.

Par contre, il y a deux points qui m'ont agacés après coup. Tout d'abord la dépendance de Peter Parker au costume made in Stark. Oui, c'est fun ! Oui, Peter peut se la péter ! Mais l'IA du costume est omniprésente dans la partie centrale du film. Je présume que ce gimmick ne sera pas là dans le prochain épisode. En tout cas, je l'espère bien parce qu'ici, je peux le comprendre - puisque le costume est lié à la leçon à tirer - mais on perd un peu le côté spontané de Spider-Man et son spider-sense passe au second plan. Enfin, il y a trop d'easter eggs et, c'est vite lourd. La présence de Aaron Davis ( Donald Glover) est rigolote sans plus mais les name-droppings sont assez pénibles (tout spécialement celui donné à l'IA). Il y en a certains très rigolos comme la présence d'une star comme modèle d'éducation mais il y en a trop et qui ne sont pas forcément bien amenés que les trois quarts du public ne sauront capter.

Cela n'empêche pas que le film est selon moi une réussite grâce à son action, ses personnages, son humour, son méchant et l'univers qu'il dévoile (et Michelle). En plus, il installe de (petites) nouvelles choses dans l'univers Marvel, ce qui est plutôt inattendu. Je suis déjà impatient de voir le prochain Spider-Man avec Tom Holland dans le rôle titre même si je suis sûr que j'aurais préféré une série TV.