Chinoises, de Xinran

Par Deslivresetlesmots @delivrezlesmots

Chinoises, de Xinran, traduction de l’anglais (Royaume-Uni) par Marie-Odile Probst, Éditions Philippe Picquier, 2005 (VO : 2002), 352 pages

L’histoire

Un dicton chinois prétend que « dans chaque famille il y a un livre qu’il vaut mieux ne pas lire à haute voix ». Une femme a rompu le silence. Durant huit années, de 1989 à 1997, Xinran a présenté chaque nuit à la radio chinoise une émission au cours de laquelle elle invitait les femmes à parler d’elles-mêmes, sans tabou. Elle a rencontré des centaines d’entre elles. Avec compassion elle les a écoutées se raconter et lui confier leurs secrets enfouis au plus profond d’elles-mêmes. Épouses de hauts dirigeants du Parti ou paysannes du fin fond de la Chine, elles disent leurs souffrances incroyables : mariages forcés, viols, familles décimées, pauvreté ou folie… Mais elles parlent aussi d’amour. Elles disent aussi comment, en dépit des épreuves, en dépit du chaos politique, elles chérissent et nourrissent ce qui leur reste.

Note : 5/5

Mon humble avis

Lu dans le cadre de mon club de lecture préféré (bon, okay, c’est mon seul et unique, mais si j’en avais plusieurs, il serait mon chouchou quand même), « Une chambre à nous », avec pour les mois de juin et juillet de la non-fiction et ici des témoignages.

J’étais absolument ravie de découvrir la sélection dont Chinoises fait partie, puisque mes lectures précédentes manquaient cruellement d’autrices et auteurs non-occidentaux. En 2017, je voulais diversifier mes lectures sur ce plan, en plus de continuer à explorer les plumes d’autrices, donc c’est une lecture doublement intéressante. Et surtout, c’était une très bonne lecture.

Avant de rentrer dans le vif du sujet, je précise qu’il y a des déclencheurs potentiels dans ce livre, et je les indique à la fin de la chronique si vous préférez être prévenus. En effet, dans Chinoises Xinran raconte les témoignages qu’elle a pu lire ou entendre de la part de femmes chinoises alors qu’elle était journaliste et qu’elle avait une émission radio consacrée aux expériences des femmes.

On découvre alors des vies et expériences diverses ; le livre aborde un nombre impressionnant de sujet : la Révolution culturelle est bien sûr omniprésente mais on parle aussi de l’histoire de ces personnes, de la maternité, de rencontres amoureuses plus ou moins heureuses, d’enfance, de mariage, de divorce, de maladie, de l’absence d’éducation sexuelle, d’homosexualité, de tremblements de terre… Sans avoir l’intention de faire un panorama exhaustif des expériences des Chinoises, l’autrice parvient à écrire sur de nombreuses vies différentes, sans jamais donner un sentiment de chaos et de désordre. Tout fait sens sous sa plume.

Xinran prend la position de témoin et nous rapporte ce qu’elle voit, ce qu’elle entend et le résultat de ses enquêtes ; tout cela sans jamais juger les femmes qu’elle rencontre, peu importe que leurs expériences soit différentes des siennes. Au fur et à mesure de son récit, elle témoigne d’ailleurs de sa propre vie et nous laisse entrevoir certaines de ses expériences.

Ce livre est donc rempli d’émotions, je doute qu’il soit possible de rester de marbre à sa lecture. J’ai aussi beaucoup apprécié d’en apprendre plus sur la Chine, une partie de son histoire et la place des femmes dans sa société. D’ailleurs, si vous ne savez rien de la Chine et de la Révolution culturelle, il me semble que ce n’est pas du tout un obstacle à la lecture puisque l’autrice remet bien les choses dans leur contexte.

Encore une très bonne découverte grâce au club de lecture « Une chambre à nous » !

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Déclencheurs potentiels : viol, inceste, pédophilie, violences physique et morale, suicides.


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