Chronique « Le petit rêve de Georges Frog »
Scénario et dessin de Phicil, couleurs de Drac,
Public conseillé : Adultes/adolescents,
Style : Chronique sociale,
Paru aux éditions « Soleil », collection « Métamorphose », le 14 juin 2017, 27 euros,
Share
L’Histoire
New-York, années 30. Georges est une jeune grenouille de couleur claire passionnée de Jazz. Pour progresser et se devenir musicien professionnel, Georges vient de prendre sa décision : Il doit arrêter le conservatoire, perdant au passage sa bourse universitaire. Il se jette littéralement “dans le grand bain” de la vie !
Dès qu’il est chez lui, Georges plonge dans ses disques, parle à son ami de toujours, son piano, et joue des musiques endiablées. Si l’énergie est bien présente, le piano lui suggère de se poser un peu et de composer, tranquillement, avant de jouer. Sait-on jamais, ces compositions seront peut-être vendables ?
Un peu décontenancé, Georges suit ces conseils avisés et passe le plus clair de son temps sur des partitions…
La vie de musicien est plus dure que prévue, mais un nouveau voisin, Mr Cat, emménage avec sa charmante fille Cora dans l’immeuble…
Ce que j’en pense
La collection “Métamorphose”, dirigée par Barbara Canepa et Clotilde Vu s’enrichit d’un nouvel album étonnant. Cette fois-ci, ce n’est pas une qualité graphique extrême qui m’a emporté, mais un point de vue d’auteur d’une grande originalité. Il s’agit de quatre petits albums initialement édités chez Carrabas, et regroupés dans une superbe intégrale.
Philic (scénario et dessin) nous offre une fable animalière, au contexte réaliste. Direction les années (la grande dépression américaine) ! Nous suivons la vie quotidienne d’une gentille grenouille au teint clair, totalement passionné de Jazz. Plus précisément, nous voici au moment d’un grand choix. Pour vivre de sa passion, Georges décide de tout quitter et de tout risquer ! Mais, si la passion est là, comment être sur que le talent et la réussite suivront ?
C’est ce mélange détonnant entre un dessin animalier “léger”, “typé “jeunesse” et un fond sérieux et profond que nous offre Philic. Le Jazz, très présent dans l’album, sert de fil conducteur positif. Énergique, il dynamise les moments de coups durs du jeune Georges. Car la vie n’est pas un long fleuve tranquille et encore moins dans ces années noires…
Les questions, que Phicil pose sont universelles. L’amour (bien sûr !), le racisme (très présent à cette époque entre musiciens noirs et blancs), la perte des illusions de la jeunesse… Il aborde ces thèmes avec une simplicité et une subtilité, qui devrait plaire aussi bien aux adultes qu’aux adolescents.
Au dessin, Phicil construit un album long et riche. Plus de 200 pages, 4 strips par pages, soit généralement 12 cases par planches, Vous n’êtes pas partis pour 30 minutes de lecture. Et c’est tant mieux, car il prend son temps, pour raconter la vie quotidienne de son “petit” héros.
Le trait caricatural est un peu tremblant et vraiment drôle. La mise-en-couleur de Drac est réalisée à base d’aplats très sobres, et désaturés, qui plongent l’album dans une ambiance “old school”.
Pour résumer, vous voulez tenter la fable animalière pour ado/adultes, qui plonge dans les racines de la musique Jazz et se pose des questions de toujours ? Emboitez le pas au “petit” frenchy Georges Frog, dans sa vie américaine.