Rois du monde, tome 1: Même pas mort de Jean-Philippe Jaworski

Par Caroline @Lounapil
Rois du monde, Tome 1: Même pas mort de Jean-Philippe Jaworski, Publié aux éditions Folio SF, 2015, 460 pages. Je m'appelle Bellovèse, fils de Sacrovèse, fils de Belinos. Pendant la Guerre des Sangliers, mon oncle Ambigat a tué mon père. Entre beaux-frères, ce sont des choses qui arrivent. Surtout quand il s'agit de rois de tribus rivales... Ma mère, mon frère et moi, nous avons été exilés au fond du royaume biturige. Parce que nous étions de son sang, parce qu'il n'est guère glorieux de tuer des enfants, Ambigat nous a épargnés. Là-dessus, le temps a suivi son cours. Nous avons grandi. Alors mon oncle s'est souvenu de nous. Il a voulu régler ce vieux problème : mon frère et moi, il nous a envoyés guerroyer contre les Ambrones. Il misait sur notre témérité et notre inexpérience, ainsi que sur la vaillance des Ambrones. Il avait raison : dès le début des combats, nous nous sommes jetés au milieu du péril. Comme prévu, je suis tombé dans un fourré de lances. Mais il est arrivé un accident. Je ne suis pas mort.

Conseillé par Bazar de la littérature après notre lecture commune de , je me suis lancée avec délectation dans Même pas mort de Jean-Philippe Jaworski. Quelle claque, quelle puissance! Le bonhomme connaît son sujet et il parvient à entraîner son lecteur loin, très très loin dans son royaume biturige aux confins de l'histoire et du merveilleux.

L'histoire est racontée par Bellovèse, fils du roi mort Sacrovèse, tué par son oncle Ambigat, à présent haut-roi. Flanqué de deux guerriers celtes, Bellovèse a pour charge de se rendre sur l'île des Vieilles pour que ces dernières lèvent le tabou qui pèse sur lui. En effet, lors d'une bataille, Bellovèse n'est pas mort alors qu'il aurait dû trépasser. La mort s'est refusée à lui. Ni mort, ni vivant, seules les étranges Gallicènes, femmes mi-sorcières mi-devineresses pourront le rendre au royaume des hommes. C'est ainsi que nous découvrons le jeune Bellovèse abandonné sur une île battue par les vents, aux habitantes fort inquiétantes...Et l'intrigue s'emballe lorsque Bellovèse raconte de quelle manière il en est arrivé là. Jean-Philippe Jaworski va alors brillamment entremêler les fils de son histoires pour nous conter l'enfance de Bellovèse.

Oscillant sans cesse entre le merveilleux et le quotidien, entre la réalité et le rêve, Jean-Philippe Jaworski nous livre ici un conte parfois terrifiant souvent inquiétant. Il reconstitue l'univers celte: les traditions, la façon de parler, de se battre. Son univers est parfaitement immersif. S'il est parfois compliqué de s'y retrouver entre tous les personnages, j'ai cependant pris beaucoup de plaisir à côtoyer tous ces guerriers fiers, souvent violents. Les têtes coupées tombent à foison, ça gicle, ça bataille dur mais on s'y croit vraiment!

Ce que j'ai cependant préféré dans ce roman, c'est la dimension mythologique, presque mythique des choses. A la manière d'un conte dit à la veillée, Jaworski nous glisse à l'oreille des histoires d'ogres, de forêts hantées, de bêtes qu'il ne vaudrait mieux pas croiser le soir au coin d'un bois. On frissonne, on savoure cette façon de retomber en enfance comme lorsque nos parents nous contaient le Petit chaperon rouge.

L'écriture merveilleuse, détaillée de l'auteur vient contribuer à cet état d'enchantement, de merveilleux. Les mots sont pesés. La lecture demande concentration et exigence bien sûr mais l'univers décrit est tellement riche!

Avec Même pas mort, Jean-Philippe Jaworski offre à son lecteur un récit merveilleux, immersif, qui reste longtemps en tête. Un beau coup de cœur pour moi!