L'Indien de la Tour Eiffel. Fred BERNARD et François ROCA – 2004 (Dès 8 ans)

Par Vivrelivre @blandinelanza

L'Indien de la Tour Eiffel

Texte de Fred BERNARD

Illustrations de François ROCA

Editions Albin Michel Jeunesse, octobre 2004.

Dès 8 ans

Notions abordées : affaire criminelle, Paris, Indien, différence, racisme, amour, XIXe siècle.

C'est grâce au MOOC présenté par l'Université de Liège et intitulé " Il était une fois la littérature jeunesse " que j'ai découvert son existence et que je vous présente en Lecture Commune avec Laurette.

Cet album très grand format commence par la fin : une coupure du journal Le Petit Parisien du 5 avril 1889 qui titre en gros " Un Indien assassine sauvagement trois Parisiens et neuf policiers."

Suivent le rapport du commissaire de police, qui classe l'Affaire, et quatre fiches d'identité.

Cette mise en scène conditionne notre rapport à la véracité des faits.

Puis vient le récit qui déroule les évènements, rédigé à la seconde personne du singulier, en " tu ", qui instaure d'emblée une proximité, et même une empathie, avec l'"Indien", Billy Powona.

Cela rend le texte si haletant, si proche, si beau, si intime.

Paris, printemps 1889.
La tour de 300 mètres est achevée. Deux ans de travail. Douze heures en été, neuf heures en hiver. Un mort. Un Italien.
Gustave Eiffel est content. On est dans les temps.
L'Exposition universelle va pouvoir ouvrir ses portes.
Billy Powona, pourquoi es-tu inquiet ?
La Garenne et toi allez bientôt déguerpir et fuir la capitale.

Billy Powona, stature géante et balafre à la joue, a œuvré à l'érection de la Tour Eiffel après avoir participé à la construction des buildings new-yorkais et de la Statue de la Liberté. Soif de conquête des hauteurs et d'idéal de ceux qui l'ont poussé à fuir ses terres, massacrées, de l'ouest américain.

A Paris, il a trouvé les bras et l'amour d'Alice, dite La Garenne, chanteuse et comédienne, qui se produit au cabaret La Bête à Bon Dieu, à Montmartre et avec qui il va monter un spectacle à la Wild West Show...

Elle l'appelle " Petit-Aigle ".

Leur présent, leur amour, leur envie d'avenir et leurs passés se dévoilent dans une narration imbriquée.

Alice est sous l'emprise de " Monsieur Nic " qui ne veut pas voir sa Belle partir avec ce " sauvage ".

Tu remontes lentement, mains dans les poches, quand une chouette descend la rue silencieusement. Un signe ? Un pressentiment !
Cours, Billy ! Cours !

Cet album m'a littéralement happée, saisie.

La subtilité du texte est très forte. Elle nous dévoile la différence de Billy, sa nature "sauvage", ses actes de retour aux sources, qui attire autant qu'elle atteste de l'hostilité raciale dont font preuve les gens, les policiers surtout.

Les mots et les illustrations mettent en parallèle deux versions des faits.

Les grandes peintures à l'huile, pleine page, nous immergent dans l'action ou dans l'intimité des deux amoureux shakespeariens.

Elles sont magnifiques, pleines de réalisme, jouent sur les clairs-obscurs et s'inspirent des tableaux de Toulouse-Lautrec ( CLIC) ou d'Edward Hopper ( CLIC).

Toulouse-Lautrec "Au Moulin-Rouge" - Edward Hopper "New-York movie"

Qu'en a pensé Laurette ? Son article est à lire ICI.