Si le principal héros des romans de P.D. James est Adam Dalgliesh, deux livres voient Cordelia Gray en tenir la vedette, La proie pour l’ombre (1972) et celui-ci, L’Île des morts (1982).
Cordelia Gray est directrice et unique détective, de sa petite agence basée à Londres. Sir George Ralston l'engage, car sa femme, Clarissa Ralston, comédienne, reçoit des menaces de mort. Il lui demande de veiller sur elle et l'invite le week-end suivant dans le château d'Ambrose Gorringe sur l'île de Courcy près de Speymouth où Clarissa donne une représentation théâtrale.
Un lieu clos, un château dans une île, voilà pour le décor. Les personnages, quelques invités, des domestiques, l’actrice et ses proches et Cordelia Gray infiltrée incognito en secrétaire de l’actrice. Des menaces de mort glissées sous les portes… Du classique – jusque là ce n’est pas une critique – mais qui aura beaucoup de mal à se faire une place parmi les meilleurs – là ça commence à devenir négatif !
Car enfin, tout est vraiment trop plan-plan dans ce roman. Que ce soit sa construction, une présentation un peu longue de chacun des acteurs, une enquête franchement mollassonne et Cordelia beaucoup trop fade pour incarner un héros attachant. Du coup l’attente du meurtre tape un peu sur les nerfs, car ne nous le cachons pas, nous sommes ici pour ça ! Le lecteur demande un cadavre et vite pour que l’enquête débute et aussi pour que disparaisse cette désagréable Clarissa.
Le roman n’est pas « mauvais » dans le sens où je suis allé jusqu’à son terme sans me forcer, aidé par l’écriture lénifiante ne nécessitant aucun effort. Comme de plus il n’y a pas de suspense ou d’intensité dramatique risquant d’affoler le myocarde, le lecteur ne tente même pas de devancer l’intrigue, il suit béatement le déroulé de l’affaire jusqu’à son dénouement faiblard. De temps à autre une lueur d’intelligence allume l’œil quand l’écrivain s’interroge sur la nature humaine, « Quelle était cette mystérieuse alchimie qui enchainait les gens l’un à l’autre contre toute raison, tout désir, contre leurs propres intérêts ? », à moins que ce ne soit durant le court chapitre 13 où il est question de philosophie et de notion de péché…
Donc pour résumer, un roman ni bon ni mauvais, plutôt quelconque et qu’on lira – mais il n’y a pas d’obligation - quand on se sentira un peu patraque ou fatigué…