La couleur des sentiments de Kathryn Stockett

Par Deuxpourune

En 1963, Skeeter Phelan rentre chez elle après avoir obtenu son diplôme. A son arrivée, Constantine, la bonne de la famille qui l’a élevée est partie et ses parents refusent de lui donner l’explication de son départ. Skeeter, jeune femme moderne, s’occupe d’articles de conseils ménagers dans un journal. Révoltée par la condition des Noirs dans sa ville, elle décide d’écrire secrètement un roman en recueillant des témoignages de bonnes Noires qui ont passé leur vie à élever les enfants des Blancs.

« J’ai envie de crier assez fort pour que Baby Girl m’entende, de crier que sale, c’est pas une couleur, que les maladies, c’est pas les Noirs. Je voudrais empêcher que le moment arrive –comme il arrive dans la vie de tout enfant blanc- où elle va se mettre à penser que les Noirs c’est moins bien que les Blancs. »

Au retour de ses études, Skeeter revient changée : elle voit différemment le monde qui l’entoure. Elle comprend que la condition des Noirs n’est pas normale et qu’il faut que les choses changent. La comparaison à ses anciennes amies est flagrante, elles ont, par exemple, des toilettes séparées pour leur bonne et elles trouvent ça normal. Ça montre bien la mentalité de l’époque et l’important changement qu’il y a eu depuis. Tout au long de l’histoire, on découvre des personnages complexes et émouvants. Je me suis tout de suite attachée à Skeeter : elle est travailleuse et décidé. Les deux autres narratrices, Minny et Aibileen, des bonnes Noires, donnent un point de vue différent à l’histoire. Elles ont des caractères assez marqués qui se complètent et qui donnent un peu de piment au récit. Elles élèvent les enfants des Blancs, et pourtant, ce sont eux qui, des années plus tard, deviennent leur patron à leur tour.

J’ai beaucoup aimé la fin de l’histoire Elle nous laisse imaginer ce qu’on veut pour la suite tout en étant claire et cohérente. Ce roman est très bien écrit et j’étais transportée dans l’histoire. Il est bien sur romancé, mais il donne un réel aperçu de la vie et de la mentalité de l’époque (et plus précisément à Jackson, dans le Mississipi ; au sud-est des Etats-Unis). Les temps commencent à changer, notamment grâce à des personnes comme Martin Luther King ou Rosa Parks.

« Aujourd’hui, je vais te raconter l’histoire d’un extraterrestre. (…) Un jour, un Martien plein de sagesse descendit sur Terre pour nous apprendre une ou deux choses.

-Un Martien ? Grand comment ?

– Oh, environ deux mètres.

– Comment il s’appelait ?

– Martien Luther King. »

Ce roman est d’autant plus intéressant que l’auteur(e) explique, à la fin du roman, qu’elle voulait écrire ce livre car elle regrettait de ne jamais avoir demandé à la bonne qui travaillait chez elle ce que ça faisait d’être une bonne noire et de travailler chez des Blancs. Même si cette histoire est fictive, elle est basée sur des faits réels et elle sonne vrai. La couleur des sentiments (The Help en anglais) a été adapté au cinéma en 2011. J’ai vu le film avant de lire le livre, et c’est l’adaptation qui m’a donné envie de lire le roman. Le scénario est assez fidèle à l’histoire de base même si certains passages ont été un peu coupés et simplifiés. En lisant le livre, j’ai retrouve le même univers, la même ambiance que dans le film et j’ai passé un très bon moment dans les deux cas !

La couleur des sentiments a reçu le Grand prix des lectrices de Elle 2011 !

Mlle Jeanne