Les Ramsay et leur famille nombreuse de huit enfants, ont l’habitude de passer les vacances sur une ile Ecossaise avec des amis. Au large sur un caillou, le Phare où l’on se promet d’aller demain selon la mère, projet sans cesse repoussé par le père avançant des contraintes météorologiques. Dix années s’écoulent, la mort a frappé la famille, la mère et deux enfants ne sont plus là, le reste de la tribu retourne sur l’ile et finit par aller au Phare, symbole de l’accomplissement et toujours écrit avec une lettre majuscule tout du long du texte.
Le roman est particulièrement complexe à lire, ce qui le réservera à un public averti ne le cachons pas. Il s’agit de ce genre de livre où il n’y a pas d’histoire mais une plongée en eaux profondes dans les sentiments et les pensées intimes des personnages, où la notion de temps est une succession d’instants éphémères. Tout comme le ferait Marcel Proust mais à cette différence – pour moi – que l’écriture du premier est fluide, coule avec facilité, tandis que chez la seconde le style est plus heurté, parfois dissonant si nous parlions musique, douloureux pour le lecteur pour tout dire et il faut s’accrocher pour suivre. Le livre est fait de trois parties, ou plutôt de deux séparées par un court tunnel de liaison – le temps d’une Première guerre mondiale - entre les deux époques, comme une pause pour le lecteur éprouvé. La dernière partie du roman m’a été plus agréable à lire, le temps de m’habituer à l’écriture de Virginia Woolf peut-être mais aussi au fait qu’il y a plus de descriptions.
Etude de caractères, la mère toujours bienveillante et débordante d’empathie pour les êtres qui l’entourent même si avec son mari ce n’est pas toujours facile ; mari jamais très à son aise en particulier avec ses proches, « La vérité, c’est qu’il n’appréciait pas la vie de famille. » Ce qui en conséquence attise un esprit de révolte des enfants envers leur géniteur. Et puis il y a Lily Briscoe, l’une des filles, artiste peintre, qui observe et n’en pense pas moins.
Le roman s’achève sur une double finitude, le tableau de Lily Briscoe est terminé, le père et ses enfants atteignent le Phare. Le temps a accompli son œuvre.
Un très beau livre mais je le répète, duraille à lire pour les lecteurs occasionnels.