Quand la Nuit devient jour - Sophie Jomain

Par Carole My-Bo0ks @Car0le_
Titre : Quand la nuit devient jour

"On m'a demandé un jour de définir ma douleur. Je sais dire ce que je ressens lorsque je m'enfonce une épine dans le pied, décrire l'échauffement d'une brûlure, parler des nœuds dans mon estomac quand j'ai trop mangé, de l'élancement lancinant d'une carie, mais je suis incapable d'expliquer ce qui me ronge de l'intérieur et qui me fait mal au-delà de toute souffrance que je connais déjà. La dépression. Ma faiblesse. Le combat que je mène contre moi-même est sans fin, et personne n'est en mesure de m'aider. Dieu, la science, la médecine, même l'amour des miens a échoué. Ils m'ont perdue. Sans doute depuis le début. J'ai vingt-neuf ans, je m'appelle Camille, je suis franco-belge, et je vais mourir dans trois mois."

Quand la nuit de vient jour est un roman totalement différent. D'abord, parce qu'on est là dans du contemporain mais, surtout parce qu'elle y aborde des sujets parfois controversés tels que le suicide et l'euthanasie. Par moment, j'ai beaucoup pensé au film : Je vais bien ne t'en fais pas, qui m'avait fait ressentir à peu près les mêmes choses.

En commençant ma lecture de Quand la nuit de vient jour, les premières pages m'ont totalement prise au dépourvu. Les quarante premières pages sont dures, extrêmement dures et croyez-moi, il faut s'accrocher pour atteindre le premier chapitre. Dans cette première partie, Camille, 29 ans, nous parle de ce qui l'a amené à prendre sa décision. Une décision difficile, controversée et encore très tabou.

La dépression dont souffre Camille, notre personnage principal est tellement forte qu'elle ne s'en sort plus. A tel point que toute sa vie n'a été que souffrance, physique, psychologique et mentale. Elle arrive à un stade de sa vie où l'envie de se battre n'est plus là et elle ne demande qu'à être comprise dans ses choix.

Concrètement, cette première partie m'a déstabilisée. Pire, je me sentais mal à l'aise, avec cette impression d'assister impuissante à ce qu'il allait se produire. Pour le coup, je tire mon chapeau à Sophie Jomain qui aborde le sujet avec beaucoup de réalisme et de profondeur.

Au fur et à mesure de ma lecture, j'ai appréhendé les évènements futurs. On ne va pas se le cacher, on espère tout au fond de nous que les choses ne vont pas tourner comme on le pense. Cette fameuse date, le 6 avril 2016 est comme une épée de Damoclès au-dessus de la tête de Camille comme de la nôtre. On espère tout en sachant que Camille a pris sa décision. Les personnages secondaires ont aussi une certaine importance et m'ont beaucoup plu. Notamment au centre : ils sont là pour Camille, ne la jugde pas, ne la blâme pas, simplement présent pour elle.

Les quelques dernières lignes sont totalement bouleversantes. Quant à cette fin, je n'ai jamais autant détesté les fins ouvertes. Je ne vous cache pas ma frustration... Difficile de mettre des mots sur un tel roman. Quand la nuit de vient jour délivre un message de tolérance. Tolérance et compréhension face à ceux qui souffre. Un roman qui ne laissera pas indifférent...

Je remercie France Loisirs pour cette lecture !