Le Grand écrivain, paru en 1930, existe aussi sous le titre La Ronde de l’amour (titre original : Cakes and Ale, or the skeleton in the cupboard)
Alroy Kear, est chargé par Amy, la seconde femme d’Edward Driffield, écrivain ayant connu la consécration sur le tard, d’écrire sa biographie. La tâche n’est pas sans embuches car pour Kear c’est le moyen de relancer sa propre carrière mais il va devoir jongler entre le politiquement correct tel que le conçoit Amy et la réalité et les rumeurs scandaleuses attachées à la vie du défunt du temps de sa première épouse, Rosie. Si Alroy Kear connaissait Driffield, William Ashenden, écrivain lui aussi, le connaissait mieux encore, il va tenter de lui soutirer des anecdotes pour étayer son texte.
Si vous aimez les romans anglais : les traditions séculaires avec leurs clubs snobinards, l’heure du thé pris dans des salons où règnent bois et cuir, les différences de classe affichées, la sauvegarde des apparences etc. vous aimerez ce roman. D’autant plus si je rajoute qu’un mouton noir vient corser l’affaire, en l’occurrence une brebis, Rosie, jeune femme d’origine modeste, aimant la vie par-dessus tout, n’ayant que faire des conventions elle ne pense qu’à répandre le bonheur et le plaisir autour d’elle avec l’accord tacite de son époux.
William Ashenden est le narrateur de ce roman qui court sur une trentaine d’années. Lui seul connait la vérité sur la vie d’Edward Driffield et mieux encore celle de Rosie ; ses souvenirs lui reviennent en mémoire et par une habile mise en abîme font la biographie que n’écrit pas Alroy Kear. Le bouquin traite d’une histoire d’amour, où une femme jeune et libre, trop moderne pour son époque, se confronte avec la bienséance et les convenances, les ragots et le qu’en-dira-t-on d’une petite ville de province. Tous les personnages étant peu ou prou écrivains, Somerset Maugham en profite pour brocarder un milieu qu’il ne connait que trop bien.
Un délicieux roman, extrêmement agréable à lire.