Tu tueras la famille de ceux qui t'ont résisté.
Je tiens tout d’abord à remercier la plateforme NetGalley et les éditions Robert Laffont pour ce partenariat.
Je dois dire que la couverture me tentait beaucoup. Avec ses couleurs flashies et son titre évocateur, l’ensemble véhicule une image forte qui m’intriguait beaucoup. De plus, si le choix des couleurs est cohérent avec l’intrigue, j’apprécie d’autant plus la seconde figure qu’on entrevoit par le dessin de la fauche, l’objet noir, qui nous place là encore au centre de l’intrigue. Deux prétendants pour une seule place, et un visage écrémé dans le beige. Bref, une bonne impression et une couverture soignée qui me confère dans l’optique du petit succès que ce livre représente.
Petit succès, vous avez bien lu. Je fus étonnement, agréablement surprise. J’étais loin de m’attendre à une intrigue dystopique destinée aux Young Adult si affinée et recherchée, avec de réelles réflexions sur de multiples sujets. L’auteur fait avant tout le choix de nous présenter l’univers tout en faisant intervenir un des personnages centraux à l’intrigue de ce premier volume. Citra va nous projeter d’emblée dans le monde des Faucheurs, avec la crainte qu’ils procurent mais également l’envie voire la vénération. La bague qu’ils portent tous aux doigts en est le principal enjeu, tout comme il est la cause de l’affrontement à venir avec Rowan, un jeune homme que le lecteur suit également. Ils deviendront tous deux les élèves de Maître Faraday. Ou l’Honorable Maître Faraday. Pour que cela vous soit plus concret, l’humanité a atteint le savoir ultime, à savoir l’immortalité. Enfin, ils peuvent toujours mourir, toutefois la science les régénère en quelques jours, si bien que la mort n’est devenue qu’une peur lointaine que seul un Faucheur peut éveillée. Pourquoi ? Parce que le rôle de cette communauté est de veiller à l’équilibre de la civilisation. Je vous laisse découvrir comment ils opèrent pour que la balance reste stable, mais vous verrez que cela pose énormément de question sur la justesse et la partialité de la justice. Comprenez-vous à quel point les Faucheurs ont un statut proche des Dieux que nous connaissons ? En parlant de Dieu, chaque chapitre est entrecoupé de notes de différents journaux intimes de personnages que l’on rencontre au fil du récit, et ce sont surtout ces extraits intimes qui permettent de prolonger réellement une réflexion. Les dogmes, l’argent, la mort, le passé, tant de choses qui ont de la valeur et qui pourtant ne semblent en rien affecter les hommes tels que nous les découvrons.Bien qu’on pense le récit prévisible à souhait, comme la plupart des livres du genre, j’ai eu le plaisir de connaître quelques rebondissements forts bien amenés, ce qui relève une fois de plus l’originalité du livre. Bon, une chose m’a chiffonnée parce que je le voyais venir gros comme une maison, mais ça n’a pas gâché ma lecture pour autant.La fin, sans être prévisible, n’offre pas non plus d’ouverture originale. Les apprentis sont séparés, l’un est « consacré », l’autre subit le sort qui lui était réservé. Enfin, l’intelligence bien goupillée fait qu’on peut toujours abattre tous les obstacles. Une belle morale, une bonne fin, je fus globalement enjouée par cette lecture.
Au final, je ne retiens que deux défauts sur ce premier tome : une lenteur ressentie vers les deux-tiers du livre. Si les éléments s’enchaînent bien, je pense que l’auteur ou l’éditeur aurait pu alléger le livre d’une cinquantaine de pages. Mais encore une fois, ça ne m’a pas empêché d’apprécier la lecture. Le second défaut repose sur la perception du temps. Tout va un peu vite, l’auteur fait le choix des ellipses et j’aurai aimé voir davantage l’apprentissage des deux élèves. Un peu dommage qu’on arrive au fameux conclave sans en apprendre beaucoup sur les moyens.
Les personnages sont travaillés avec soin et affinés jusque dans les détails. On connaît la pensée de chacun et chacun connaît une nette évolution, largement perceptible. Qu’on parle de Citra ou Rowan, les deux changent d’opinion tout en restant eux-mêmes, ce qui leur confère une profondeur assurée. Je dois tout de même avouer un petit faible pour le profil de Rowan, bien plus empathique que Citra, qui m’a légèrement agacée par moment.Maître Faraday n’est pas mal non plus. Froid, simple, il a tout du vieil ermite qu’on image dans sa grotte. Bien loin de l’Honorable Curie, qui semble avoir une colère retenue, et qui peut parfois bien cacher son jeu.J’ai trouvé que même l’ennemi qui va se profiler au fil des chapitres conserve une façon de penser qui le rend tout aussi humain que les autres personnages. Certes, il est cruel et se prend pour un vrai dieu, mais son hypothèse n’est pas plus horrible que ce que les autres font. C’est juste que lui assume et pousse le système à son comble. J’avoue ma préférence pour Maître Volta qui, malgré son implication dans les boucheries, semble renfermer une âme bien plus juste que les autres Faucheurs. Son acte de courage le prouve, d’ailleurs.
La plume de l’auteur n’est pas forcément marquante mais elle a le mérité d’alléger le récit. Elle donne du rythme, de l’entrain, on tourne les pages rapidement et finalement on se surprend à dévorer ce livre en l‘espace de quelques heures.
En conclusion, une lecture surprenante. Je ne m’attendais pas à aimer ce point et, paradoxalement, c’est sûrement cette agréable surprise qui fait que ce fut justement si plaisant. Les personnages deviennent plus attachants les uns que les autres au fil du récit, et même les méchants subissent une note d’humanité qui éloigne ce premier tome des intrigues manichéennes. De l’action, des surprises, de l’émotion, une fin ouverte qui donne envie de lire la suite, que demande le peuple ? Pourquoi pas la suite !
16/20
Les autres titres de la saga :1. La Faucheuse- saga en cours -