Natures Mortes

Par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

Chronique « Natures mortes »

Scénario de Zidrou, dessin Oriol,

Public conseillé : adultes/ grands adolescents (à partir de 16 ans),

Style : OVNI
Paru aux éditions « Dargaud », le 17 mars 2017, 64 pages, 14.99 euros,
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L’Histoire

Fin du 19e siècle, sur les toits de Barcelone. Le jeune Vidal Balaguer est avec sa muse, Mar, dont il est fou amoureux.
40 ans plus tard, le vieux peintre Joaquim Mir interrompt une séance de pause. Troublé, il profite des deux heures qui lui reste avec son modèle pour discuter. La jeune femme s’interroge sur un tableau, signé Vidal Ballaguer, peintre, dont elle ignore l’existence…
Quand Joaquim était jeune, il était l’ami de Vidal, le plus talentueux de leur bande d’artistes miséreux…
Dans leur exposition collective, Vidal a un client intéressé par “La jeune femme au Manton”. La vente de ce nu pourrait le renflouer, mais il vient de prendre conscience des sentiments qu’il a pour cette femme qui a disparue sans laisser de traces…
De retour chez lui, Vidal se remémore une séance de pose avec la belle Mar…

Ce que j’en pense

Le duo touche-à-tout Zidrou / Oriol revient sur le devant la scène. Après un début dans le polar « La peau de l’ours” (autant remarqué par les critique que par les lecteur/rices !), une incursion dans la fable (“Les trois fruits”), revoici le duo venus nous faire partager leur amour de l’Art.
Au menu, une tranche de vie du peintre espagnol aussi inconnu que talentueux, j’ai nommé Vidal Balaguer. Véritable oublié de l’histoire de l’Art (voir la longue explication en fin d’album de Roser Doménech, professeur d’histoire de l’art), Vidal est de la trempe des peintres maudits et incompris. Ce “moderniste” a laissé peu de traces, et surtout des natures mortes… sujets peu onéreux pour ce crève-la-faim.

Au lieu de dérouler un classique biopic, Zidrou s’attache à la disparition de Vidal à date et raison inconnue. Surfant sur ce fait, il imagine un de polar fantastique dans le milieu de l’Art impressionniste espagnol…
40 ans après sa disparition, son ami se souvient. Commence alors un flot de souvenirs qui nous ramènent dans cette époque artistique tumultueuse et fondatrice de notre peinture contemporaine.

Au delà de la vie de bohème (que zidrou et Oriol dépeignent avec bonheur), c’est surtout l’Amour (avec un grand A) qui est au centre du récit. Amour de l’art bien sûr, mais aussi amour charnel entre Vidal et sa muse. Modèle professionnelle, la belle partage ses faveurs et n’accorde pas l’exclusivité de ses cuisses au jeune peintre amoureux…

Zidrou place ce couple Vidal/Mar au centre d’une enquête, car la jeune femme a disparue mystérieusement et Vidal est le dernier à l’avoir vu… Comme à son habitude, Zidrou joue avec les perceptions et pimente son récit d’éléments fantastiques… Je n’en dirais pas plus, mais l’exercice est aussi périlleux que poétique et réussi !

Au dessin, Oriol livre son plus bel album ! Son dessin se fait encore plus pictural que les précédents. Grands aplats simples et quelquefois plus détaillés (quand le sujet l’exige). J’ai été immergé dans une peinture mouvante et sensuelle. Tout est ambiance et lumières.
La couleur, élément essentiel de son dessin, se fait savante et amoureuse… elle aussi !
C’est simple, je suis tombé amoureux de Mar, dont le corps translucide et vibrant prend possession de l’espace…