Baptiste Beaulieu / La ballade de l’enfant gris

Par Ninie W. @ninie067

Quelques infos sur le livre :

La ballade de l’enfant gris

  • Auteur : Baptiste Beaulieu
  • Serie : /
  • Genres : Roman
  • Editeur : Fayard/Mazarine
  • Collection : /
  • Publication: 28/09/2016
  • Edition: broché, grand format
  • Pages : 414
  • Prix : 18€
  • Rating:  

Résumé :

C’est l’histoire de Jo’, jeune interne en pédiatrie à la personnalité fantasque, à qui tout sourit.
C’est l’histoire de No’, un petit garçon de sept ans attachant et joueur, qui est atteint d’un mal incurable et ne comprend pas pourquoi sa maman ne vient pas plus souvent le voir à l’hôpital.
C’est l’histoire de Maria, une mère secrète, qui disparaît à l’autre bout du monde au lieu de rester au chevet de son fils.
Un matin, dans la chambre de l’enfant, survient un drame qui lie à jamais le destin de ces trois êtres.
Jo’ devra tout quitter pour partir sur les traces de Maria et percer ses mystères.

Avis de BimboStratus :

J’ai acheté ce livre à une séance de dédicace avec l’auteur, ce qui m’a permis de le rencontrer et de suivre ses échanges et ses explications concernant ce roman, d’apprendre des anecdotes qu’il a vécues, des histoires qu’il a traversées. C’était vraiment riche et émouvant, Baptiste Beaulieu est définitivement quelqu’un de très humain qui apporte beaucoup (et c’était très sympa en lisant le roman de repenser à ce qu’il avait raconter et de voir comment il l’avait adapté !).

L’histoire raconte de voyage de Jo’, interne en médecine qui part à la recherche de la maman de No’, un jeune garçon mort dans le service pédiatrique où il officiait. Il veut des réponses à ses questions, savoir pourquoi elle a fait « ça ».

On part d’un mystère initial sur ce qui est arrivé entre l’enfant et la mère, puis l’intrigue se développe sur l’histoire de vie de cette dernière, pendant l’hospitalisation de l’enfant et avant sa naissance. L’auteur alterne des chapitres courts, toujours du point de vue de Jo’, mais une fois sur deux soit avant soit après l’évènement traumatisant qui le pousse à partir. Du coup les deux récits parallèles se retrouvent à la fin du livre quand on apprend le fin mot de l’histoire.

Il y a quelques secrets facilement devinables, mais d’autres m’ont beaucoup surprise. Dans l’ensemble l’histoire est forte d’un déroulement plutôt bien maîtrisé !

J’avais adoré « Les 1001 vies des urgences », du même auteur,  rempli de tranches de vies et d’anecdotes. Même si pour cette ballade le genre est différent et plus poussé dans les réflexions profondes du personnage principal, l’auteur garde cette capacité à donner vie et consistance à ses personnages secondaires en deux mots bien pensés, en trois phrases drôles et impertinentes qui nous disent tout et rien.

Rempli d’une humanité rare et d’un point de vue résolument féministe sur la grossesse, la maternité et l’amour, ce livre est une nouvelle perle que Baptiste Beaulieu nous partage avec une sorte de tendresse infinie. J’aime vraiment cet auteur, ses idées et ce qu’il écrit, c’est définitif !

Extrait :

Avant l’irruption de l’enfant gris dans ma vie, celle-ci semblait parfaite.
Quand je pense au jour de ma naissance, par exemple, j’imagine un chérubin joufflu et rose jaillir du giron maternel. Il serre entre de petites mains potelées un ciseau en or prêt à couper, tendu entre les genoux de sa maman, le ruban d’inauguration de la longue fête que sera son existence jusqu’à la Déchirure.
Mon enfance a été paisible, sans heurt ni violence. J’ai été choyé par deux grandes sœurs très douces et une mère bienveillante. Toutes m’ont appris à aimer le beau, chercher le vrai et refuser l’injustice.
Je suis plutôt grand (la taille qui plaît aux femmes, et donc la seule qui vaille ici-bas). Au collège avant que mon corps ne se charpente, j’ai été élu « plus belle fille de troisième », ce qui était cruel, mais moins que le sort réservé à Laure, une camarade qui pleura en décrochant le titre, peu enviable, de « plus moche garçon du collège ». Mon visage rappelle celui de ma mère, avec des mâchoires plus fortes. Ma mère est belle, je suis beau. Les yeux verts. Des fossettes profondes, grâce auxquelles toutes mes phrases ont l’air de plaisanteries entre guillemets. Une mélancolie charmante appuie sur mes épaules voûtées ; ce n’est pas grave, car j’ai des épaules larges et cela plaît aussi.