Hypnos (T1) – L’apprentie

Par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

Chronique « Hypnos, tome 1 – L’apprentie

Scénario de Laurent Galandon, dessin de Attila Futaki, couleurs de Greg Guilhaumond,

Public conseillé : Adultes / adolescents,

Style : Aventure historique,
Paru chez « Le Lombard », le 24 février 2017, 56 pages couleurs, 13.99 euros,
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L’Histoire

Paris, Janvier 1919. Camille Harland, mère unique d’une enfant malade, finit son travail harassant à l’usine. A la fin de la journée, elle est renvoyée par son patron en panne de commandes… Ne se laissant pas abattre, elle file à son 2ème travail, bonne à tout faire chez une famille bourgeoise.
Enfin, elle rentre chez elle pour s’occuper d’Adèle. La petite est atteinte de tuberculose. Comme le dit le docteur, il lui faut une cure dans un sanatorium pour espérer une rémission… mais elle n’a pas d’argent…
Le lendemain, Camille change de silhouette grâce à une coupe garçonne et les vêtements de sa patronne. Dans un cabaret, elle aguiche un homme et se rend chez lui…
Le lendemain, l’homme a déposé une plainte. Son coffre est ouvert… et il ne se rappelle plus de rien, excepté sa sortie dans le Cabaret. L’enquêteur a vite fait d’identifier Camille. Chez elle, il se rend compte qu’il a affaire à une voleuse particulière. Feu, son mari était hypnotiseur…

Ce que j’en pense

Une nouvelle série au Lombard, qui mêle grande Histoire (la politique internationale en 1918) et drame personnel ? Pourquoi pas. Laurent Galandon au scénario (“La parole du muet”, “L’envolée sauvage”, ”Quand souffle le vent”…), et Attila Futaki au dessin nous entraînent dans la France de 1918. Politiquement, c’est un moment tendu, où Clémenceaux, surnommé “Le Tigre”, doit faire face à des querelles internes et des dangers externes (la Russie est en pleine guerre civile)…

Au sortir de la guerre, en France, la situation sociale est désastreuse. Camille, une “mère courage” vient de perdre son emploi à l’usine. Son mari a été exécuté pendant la guerre et sa fille est atteinte de Tuberculose… Un portrait noir qui va la pousser à toutes les extrémités. Plutôt que d’aller vendre son corps, la belle Camille va délester un bourgeois de son trop plein d’argent, en le séduisant au passage…

Jusque là, c’est une histoire assez classique, quoique bien menée, si ce n’est que tout bascule… Dans ce casse (qui s’est déroulé sans heurts), Camille révèle des talents d’hypnotiseur (d’où le nom de la série !), dont elle apprit les rudiments avec feu, son mari. C’est cette particularité qu’elle va devoir exploiter. Laurent Galandon jette alors son héroïne, femme forte et déterminée, dans une affaire d’anarchistes et de complot
Rajoutez à cela des notions de médecine sous hypnose (pour rentrer dans les souvenirs et effacer les traumas), et vous obtiendrez un premier tome qui part dans plusieurs directions et brouille habilement les pistes.
Franchement, j’ai été bien accroché ! Laurent Galandon construit un récit riche, servi par des personnages crédibles et subtils (Camille, Félicien l’artificier, la grande brûlée Albertine, Hilaire l’anarchiste). Avec différents niveaux de compréhension et des retournements de situation plutôt inattendus, il m’a mené par le bout du nez.

Au dessin, le jeune dessinateur hongrois Attila Futaki s’en sort haut la main. Son dessin semi-réaliste de bonne facture et son sens de l’efficacité (il a travaillé sur les comics “Severed” et “Percy Jackson”) sont à la fête. Futaki pose des personnages dans un décors détaillé et une narration fluide. C’est surtout dans les expressions qu’il révèle son plaisir. Gueules caricaturales, mimiques et « acting », il s’amuse visiblement à composer ses personnages. Au final, son dessin n’est pas spécialement spectaculaire, mais il sert intelligemment le scénario dans une mise-en-scène classique.

Cette chronique est complétée par l’interview des auteurs. Cliquer sur le bouton Play ci-dessous.

http://www.unamourdebd.fr/wp-content/uploads/2017/03/ITV_Hypnos.mp3